Thursday, October 13, 2011

Nos amis les animaux : PREJUGES

P R E J U G E S

Nous avons la perfide habitude de citer des animaux en référence lorsque nous parlons des femmes et des hommes qui nuisent à leur communauté.
Tueurs, tortionnaires, violeurs, magouilleurs, traîtres, veules, sadiques, crasseux…
Toute cette racaille est comparée à une multitude d’animaux inoffensifs en dépit d’une apparence parfois effrayante.
Ainsi, quand un homme dépasse les frontières de la cruauté nous le traitons de chien et lorsqu’il pousse l’ignominie jusqu’à assassiner ses semblables, n’épargnant ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards, pour grimper sur un amoncellement de cadavres vers le sommet de l’échelle sociale, nous le qualifions de hyène.
Mais dans nos stupides critères de comparaison nous évacuons totalement les éléments qui constituent autant de circonstances atténuantes, voire de non culpabilité en faveur de l’animal. Puisque lors de n’importe quelle enquête sur l’itinéraire d’un être humain coupable d'un crime , les juges, les médecins, les avocats se font un devoir de fouiller dans son passé, dans son milieu, dans son bilan médical, à la recherche d’indices qui lui éviteraient une lourde condamnation.
Je ne sais pas pourquoi nous négligeons le fait que généralement l’animal n’est ni traître ni méchant et qu’il est guidé par l’instinct de conservation.
Nous oublions toujours que la nature ne l’a pas doté de la faculté –très précieuse chez l’homme – de mesurer les conséquences de ses actes sauf dans la mesure où ceux-ci lui assurent la survie.
Par contre l’homme (qui prétend être façonné à l’image de Dieu) a pleinement conscience des dégâts qu’il provoque autour de lui et des lourds préjudices qu’il fait subir à ses semblables. Pire, il jubile des résultats noirs de ses forfaits. Car il agit par calcul… Des calculs abjects… L’ambition, l’égocentrisme, la goinfrerie...
Les vils instincts l’aveuglent et il ne reculera devant aucun crime pour parvenir à ses sombres desseins.
La science a démontré de manière indiscutable que, tant qu’il n’a pas faim et qu’il ne se sent pas menacé, l’animal demeure paisible. Il vivra en bon voisinage avec tous les êtres vivants de la terre, les plus faibles et les plus forts que lui.
Voyez le chien, pour ne prendre que l’exemple le plus banal…
Le chien que nous insultons des millions de fois par jour à tort et à travers alors qu’il mérite notre respect et notre admiration.
Il ne trahit jamais.
S’il agresse férocement et tue c’est à cause de l’être humain qui l’aura dressé spécialement pour faire du mal.
C’est donc par un réflexe de protection à l’égard de son compagnon (maître dans le langage courant).
C’est nécessairement par fidélité.
Très peu d’êtres humains peuvent se vanter de cette qualité.
Nous ne sortirons pas des exemples banals.
La trahison n’a  t – elle pas fait des ravages ?
Prenons celui d’une personne qui accède à un poste de responsabilité. Bonne gestionnaire, si elle cherche l’efficacité elle commencera par sélectionner un staff suivant les critères de la compétence et de la probité morale. De cette manière elle sera solidement entourée et pourra honorer ses engagements grâce à l’abnégation de ses collaborateurs.
Or, chez nous, il est très courant que des gestionnaires nouvellement promus à des fonctions d’intérêt national battent l’appel de leurs amis et de leurs « ouled bled » et leur confient des postes de travail sensibles en raison de leur impact direct sur la société. Souvent cette décision est mue par un réflexe tribal qui ne s’embarrasse pas des règles du pragmatisme et de la moralité.
Ce qui a abouti à l’anarchie dans bon nombre de nos institutions, nos infrastructures socio culturelles, nos entreprises économiques et l’administration.
Quelques fois, en toute bonne foi, des promus s’entourent de personnes qu’ils connaissent et en qui ils ont entière confiance. Dans ce cas, quatre fois sur cinq ils découvrent que leurs « ouled bled » les trompent sans retenue, les déshonorent. Parce qu’ils ne peuvent envisager des sanctions contre des amis et des « pays », ils n’auront que la triste alternative de partir sur la pointe des pieds et la tête basse comme des bandits.
Ils n’ont pourtant commis qu’une seule faute : celle d’avoir placé leur confiance en des amis.
C’est de cette manière que des amitiés que l’on croyait indestructibles ont connu un tragique déclin.
En quoi donc l’homme est- il meilleur que l’animal ?
S’il est incapable de résister à ses vils instincts et que pour des raisons bassement matérielles il n’hésite pas de trahir une amitié ou son pays, pourquoi lui faire l’insigne honneur de le comparer à des animaux qui ne savent pas ce que c’est une tromperie ?
Désormais il nous faut inventer un nouveau vocabulaire pour ne plus déshonorer les animaux en les comparant à des hommes qui piétinent toutes les valeurs humaines.
Je commence par demander mille fois pardon à nos amis les bêtes. Celles-ci au moins n’ont pas d’arrière pensée quand elles s’attachent à vous.
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Nazim (mon pseudonyme au journal satirique El Manchar pendant la décennie rouge)

-------Hocine Mahdi

Le 18 Août 2012

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