A L G E R I E : A Quoi Joue Babès ?
Par Hocine Mahdi
Le 28 octobre 2011
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Quand il était présidé par Mohamed Salah Mentouri le centre national des études stratégiques (CNES) livrait des analyses fines, des statistiques objectives avec une fourchette d'erreur plausible et des projections raisonnables. Il jouissait d'une bonne crédibilité auprès des observateurs.
Problème majeur : Mentouri appartenait à la famille qui veut avancer* mais le premier ministre Ouyahia appartient à la famille qui aime faire du sur place et qui très souvent recule et entraîne le pays dans la descente aux enfers. Ouyahia tremblait à chaque livraison d'un rapport du CNES sous la signature de feu Mentouri qui prenait à rebrousse-poils ses discours démagogiques. Mohammed Séghir Babès participait sérieusement aux enquêtes et à l'élaboration des analyses en qualité de membre d'une équipe soudée autour d'un responsable qui ne leur demandait que la rigueur scientifique dans l'exploitation des données.
Très belle réussite dans un très difficile travail de grande utilité publique qui, en principe, devait servir de base de réflexion pour les gouvernants qui doivent prendre des décisions vitales pour notre pays.
Ouyahia décida l'éviction de Mohamed Salah Mentouri et son remplacement à la direction du CNES par Mohammed Séghir Babès qui, désormais. s'appliquera à ne plus déborder du canevas discursif du premier ministre "tout va bien et même très bien".
Ils se pourrait que le nouveau responsable du CNES produise présentement deux analyses parallèles : la bonne destinée au chef du gouvernement tandis que la "menteuse" sera livrée à la curiosité du large public qui ne doit jamais connaître l'amère vérité.
C'est une démarche qui fut adoptée par le FLN de Ben Bella et qui s'est enracinée dans les moeurs politiques au point qu'elle est reconduite par le RND, ce fils illégitime et trisomique d'un FLN perverti jusqu'à l'os. Attention cette supposition de deux versions contradictoires d'un même rapport m'est personnelle. Elle m'a été inspirée par une femme qui était membre du CNES, une "élue" à l'APW, professeur à l'école d'architecture qui a fait un bon travail sur Souika. Nos chemins se sont croisés parce que je rassemblais des informations sur la vieille ville pour les besoin d'un livre. Chacun de son côté nous avons filmé et photographié la basse Souika. Elle aussi a écrit un livre spécialisé sur les us et coutunes à Souika. Nous avons longuement discuté sur divers sujets. Elle m'avait appris dans quelles conditions intenables travaillaient l'équipe du CNES sous la direction de Mentouri soumis à de fortes pressions de la part des décideurs qui souhaitaient le voir établir des analyses plus "constructives" et éludant certaines vérités et critiques qui ne sont bonnes à dire qu'en comité restreint au niveau du gouvernement. Un bon fonctionnaire qui sait des choses doit se taire impérativement quand celles-ci pointent l'index sur la mauvaise gouvernance. Or Mentouri ne se considérait comme un simple fonctionnaire. Il était chercheur et acteur. Il ne critiquait pour le plaisir de critiquer, il tirait la sonnette d'alarme pour avertir des réels dangers qui menaçaient la nation. Tout énarque qu'il était le premier ministre Ahmed Ouyahia n'apprécie pas le travail rigoureux quand celui-ci dévoile les carences de l'action gouvernementale.
Le défaut de Mentouri : ne pas travailler pour plaire au chef mais bien faire.
D'où l'affrontement entre le scientifique et le politique qui étaient appelés à oeuvrer ensemble pour améliorer la situation du pays.
Entre les deux "ennemis" le coeur de Babès penchait du côté du plus fort.
La preuve ?
L'éviction de Mohammed Salah Mentouri a eu pour effet immédiat sur l'équipe du CNES une orientation à 36O degrés, un virage en tête d'épingle. Les rapports signés de la main de Mohammed Shégir Babès sont très sagement alignés sur les discours du premier ministre Ahmed Ouyahia et des ministres qui ont fait autant de mal à la nation que la décennie sanglante dans le sens où ils n'ont déployé aucun effort pour libérer les énergies créatives. A titre d'exemple : la dépendance alimentaire. Dans le discours c'est une préoccupation constante. Dans les actes c'est le vide sidéral. Il y a une volonté politique violemment opposée aux intérêts de la nation. Tous les efforts sont axés sur l'importation de n'importe quoi pour favoriser l'évasion fiscale et la prébende.
Comment un pays qui ne produit ni biens de consommation ni technologie ni Savoir-faire peut-il adhérer à l'organisation mondiale du commerce qui est un marché sans frontière dominé par des puissances industrielles, agricoles et technologiques qui ont mis plus de trois siècles pour parvenir au niveau que nous leur connaissons et envions.
C'est une aberration pour un pays qui a les capacités matérielles et humaines d'atteindre, voire de dépasser l'autosuffisance en produits essentiels et de première nécessité mais qui dilapide ses deniers dans l'importation de tout et de n'importe quoi, brisant de ce fait toutes les bonnes volontés et les compétences porteuses de progrès et de prospérité. Parce que, en ce moment les hydrocarbures couvrent les besoins alimentaires d'une population en ébullition qui revendique la dignité par le travail et la souveraineté citoyenne qui donne son véritable sens à l'appartenance à une nation.
D'ailleurs les gains engrangés par la vente du pétrole sont volatils puisqu'ils sont tributaires de décisions qui ne dépendent pas de nous, de la spéculation boursière, de l'inflation, de l'instabilité de l'étalon dollar qui s'est avéré une monnaie de singe.
Qui peut calculer les pertes de nos réserves en valeur sûr et en pouvoir d'achat pendant ces dix dernières années ?
A quoi donc joue MS Babès qui sait parfaitement que les boulets qui empêchent le pays d'avancer vers le progrès et la prospérité sont les hommes qui pilotent la mauvaise gouvernance derrière le rideau et s'opposent à toute velléité de changement ?
Qu'a t-il fait de mieux dans sa tournée à travers le pays que le sénateur Abdelkader Bensalah ?
Celui-ci a au moins l'excuse d'avoir toujours été installé aux premières loges du régime de la rente. Militaire, président de l'assemblée nationale et enfin président du sénat. Ce n'est pas à son âge que l'on s'engage sur le chemin du changement qui, d'une manière ou d'une autre le forcera à la retraite qu'il n'aime pas.
Quant à Babès, il a le profil de l'universitaire ouvert sur le monde et maîtrisant les sciences humaines. Nous le croyons capable d'études, d'analyses et de projections aussi pertinentes que celles qu'il concevait sous la direction de Mohamed Salah Mentouri. Mais il a changé de veste. Il s'est mis au service de la propagande gouvernementale et de l'escroquerie intellectuelle.
Il était une fois le... CNES. Un organisme consultatif jaloux de son indépendance mais dont les études et analyses de conjonctures dérangeaient les parrains du régime de la rente.
Babès s'est couché comme un vulgaire Sidi Saïd où Azzedine Mihoubi. Pourtant il n'avait pas faim comme eux.
Mais que voulez-vous ?
Dans notre pays des grands se font nains pour plaire à plus petits qu'eux ? Des milliers d'intellectuels sont à plat ventre sous les pieds d'ignares?
Le monde à l'envers !
Personne ne peut comprendre, personne ne peut pardonner à cette catégorie de citoyens qui possède le Savoir et se fait esclave d'esprits bornés et archaïques.
Hocine Mahdi
Le 28 Octobre 2011
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