Tuesday, October 04, 2011

Algérie : Cinquante ans d'indépendance, quel Bilan ?

Cinquante ans d'indépendance, quel Bilan ?
Par Hocine Mahdi
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Bientôt nous fêterons le cinquantenaire d'une indépendance amputée de la souveraineté citoyenne, des droits citoyens et des libertés fondamentales qui ont été confisqués en Juillet 1962
par les profiteurs de conjonctures. Ceux qui étaient en Tunisie et au Maroc pendant les années de braises et qui se sont emparés du pouvoir en assassinant les patriotes sincères avant et pendant après les négociations d'Evian.
Avec quel bilan allons nous accueillir la cinquantième année d'une libération arrachée au prix inestimable de plus d'un siècle de lutte incessante contre l'occupation coloniale française?
N'en déplaise aux manipulateurs de notre Histoire qui ont tenté par tous les moyens d'anesthésier notre mémoire pour nous faire oublier tous les faits et les hommes qui ont préparé et rendu possible la révolution du premier Novembre 1954.
Le bilan n'est pas à la hauteur des sacrifices du peuple algérien.
Tout est à refaire et reste à faire dans notre si beau pays où le règne de l'aventurisme politicard, de la médiocratie et du clanisme affairiste ont bloqué la nation algérienne bien en dessous du niveau des pays émergents qui ne disposent pas du quart des ressources et des potentialités matérielles et humaines que nous avons mais qui ont investi en la femme et en l'homme qui sont les plus précieuses et les plus durables richesses d'une nation à reconstruire totalement après 132 ans d'acculturation, d'exploitation esclavagiste et de génocides.
Nous n'avons ni la prétention ni les capacités de dresser un bilan à la manière méticuleuse et scientifique du regretté président du CNES Mohamed Salah Mentouri qui fut payé par l'Etat pour élaborer des bilans semestriels de la situation nationale dans toutes ses dimensions. Mais parce que ses travaux étaient d'une grande rigueur les gouvernants successifs les enterraient dans des cartons d'archivage.
Et pour cause !
Tous les contenus des rapports constituaient une dénonciation de l'incompétence et des déviations des gouvernants. A toutes les étapes de la reconstruction du pays.
Mauvaise volonté politique et choix inadéquats en investissement à long terme aggravés par le pillage systémique des biens et des deniers publics destinés initialement aux infrastructures qui sont indispensables à un développement équilibré des régions et des secteurs vitaux pour libérer le pays de sa grande dépendance des hydrocarbures.
Ouyahia, premier ministre et peut-être successeur de Bouteflika, a eu l'outrecuidance de briser le rigoureux Mohamed Salah Mentouri qui n'a pas voulu entonner l'hymne du "tout va bien" sur commande.
Il l'a remplacé par un béni-oui-oui dont les rapports le caressent dans le sens du poil.
Mais Mentouri (Allah y rahmou) n'est qu'un commis de l'Etat honnête et consciencieux sur des centaines, voires des milliers qui ont été dégommés par l'irrascible Ouyahia pour insoumission à son ingérence paralysante dans leur travail.
C'est l'homme qui construit et détruit.
L'Algérie a jusqu'ici manqué de bâtisseurs qui marquent leur passage dans la vie par des ouvrages inoubliables et une gouvernance irréprochable.
Cinquante ans d'indépendance et les profiteurs de conjonctures demeurent toujours aux commande d'un pays qu'ils ont désossé, un pays qui ne se remettra debout que lorsqu'ils prendront leur retraite dignement, comme les grands hommes d'Etat que la mémoire collective honorera même s'ils ont commis des fautes très graves.
Après demain c'est le 5 Octobre, une large plaie qui saigne encore parce que rien n'a changé et le danger d'un nouveau soulèvement n'est plus à écarter.
Dans quelques quelques semaines nous fêterons le premier Novembre dans une grande tristesse
parce que le chômage, la pauvreté, l'injustice, la hogra écrasent les citoyens et le premier ministre Ouyahia continue de nous dire "tout va bien" après avoir brisé toutes les bonnes volontés et toutes les compétences qui sont en mesure de sortir le pays du marasme, des ténébres, du désespoir.
Oui, tout va bien pour les ministres, les députés, les sénateurs, l'armée, les services de sécurité, les Sidi Said, les Bounedjma, les Belkhadem et leurs familles et leurs relais, les importateurs...
Pas pour les Algériens salariés et ceux, par millions, qui cherchent du travail. Pas pour les chefs de famille honnêtes sans défense face à la spéculation et à l'inflation et qui n'arrivent plus ni à nourrir ni à soigner correctement leurs enfants.
Personne ne demande la lune.
Un Etat de droit, du respect et de quoi préserver sa dignité d'être humain... C'est tout ce que demande le citoyen ordinaire. On ne veut pas l'écouter et s'il manifeste son mécontentement dans la rue ont le tabasse ou en le tue en l'accusant d'être manipulé par des puissances étrangères ennemies.
Non ! Vraiment tout va très mal.
Et ce n'est qu'une question d'hommes et de volonté politique.
Hocine Mahdi
Le 3 Octobre 2011

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