Thursday, February 28, 2008

Les ravages de la rumeur à Constantine L’ophtalmologue de Daksi toujours vivant




C'est à la mi-février 2008 que les Constantinois ont appris avec consternation la nouvelle de l'assassinat du médecin très connu dans plusieurs wilayas de l'Est et du Sud.
Ce jour-là, tôt le matin, les discussions allaient bon train sur le sujet. Dans les bus, dans les cafés, dans les hôpitaux et les cliniques, à l’université, on se posait des questions sur le mobile ou les mobiles du meurtre. Plus inquiétant, d’un côté les journaux se taisent, de l’autre côté des médecins amplifient la rumeur macabre comme le démontre une gérante d’un salon de coiffure pour dames qui jure par tous les saints qu’un chirurgien lui a téléphoné (le 18 février) pour lui raconter les détails de l’horrible assassinat.
Comment et pourquoi est née cette rumeur qui continue de circuler à ce jour ? L’homme ciblé est un oiseau rarissime au sein de la corporation des médecins. Spécialiste des maladies et chirurgie des yeux, M. Benchikha Ali est le plus pauvre de ses confrères. Son cabinet se trouve à Daksi. Chez lui, les malades paient cent vingt dinars pour une consultation. Or, les autres ophtalmologues encaissent entre huit cents et mille deux cents dinars pour le même acte. C’est ce qui fait sa réputation à l’Est et au Sud du pays. D’ailleurs, dès que la nouvelle de son assassinat a commencé à circuler, des centaines de familles ont envahi le domicile de ses parents pour présenter leurs condoléances. Personnellement, j’étais intrigué par le rôle des médecins et des paramédicaux dans l’amplification de la rumeur morbide. Pour essayer de comprendre, je me suis rendu au cabinet du «défunt» le 19 février 2008. Il était 14h. Une dame qui habite le même immeuble, revenant du marché, m’apprend que l’ophtalmologue n’a pas été égorgé, mais que je devais patienter une trentaine de minutes.
On dirait qu’elle était informée du but de ma visite. Pourtant, je n’en avais parlé à personne. Même pas à mon rédacteur en chef. Cette rumeur a tellement perturbé de pauvres citoyens. J’ai senti que je devais en parler. Je n’attends pas. Je frappe à la porte. Le médecin ouvre immédiatement, un casse-croûte à la main. Croyant avoir affaire à un malade, il m’indique la direction de la salle d’attente. J’ai répondu par une plaisanterie : «Je suis venu vous accompagner à votre dernière demeure». Il rit de bon cœur. «Vous n’êtes pas le seul, cette semaine a été infernale. On vient me voir et on me téléphone de partout». Après les présentations d’usage, je le questionne : «Votre temps est très précieux, ne tournons pas autour du pot. Une rumeur de mauvais goût amplifiée par les médecins et le personnel paramédical, pour quelle raison ? C’est anormal». M. Ali Benchikha me répond : «Je payerai très cher pour le savoir. Il ne peut y avoir que de la jalousie derrière ce coup». Cette réponse me semble illogique. Elle ne me convainc pas. «Vous êtes le praticien libéral le plus pauvre de Constantine. Des généralistes du service public gagnent plus confortablement leur vie que vous. Vos tarifs sont tellement dérisoires qu’aucun de vos confrères n’a envie de se trouver dans votre situation. D’où viendrait cette jalousie ?» Le médecin rit comme si ma question lui semblait naïve ou venir de quelqu’un qui ne vit pas en Algérie. «C’est justement ce qui dérange. Mon tarif fait jaser tout le monde. Beaucoup croient que c’est ma mère qui m’aurait arraché le serment de ne jamais augmenter mes honoraires. D’autres prétendent que c’est mon grand-père. La vérité est plus simple. Je respecte la loi. J’applique le tarif sur lequel la CNAS se base pour le remboursement de l’acte du médecin. Je n’ai pas le courage de tricher pour me construire des palais en exploitant les souffrances des malades. Je suis pauvre mais je respecte la loi et je ne vole pas mes malades. J’ai la conscience en paix. Peu de médecins libéraux peuvent en dire autant. Cette rumeur vous a-t-elle causé des problèmes ? Pas à moi. A des centaines de malades oui. Des douars, de Biskra, de Batna, de Skikda, d’un peu partout, ils se sont déplacés pour présenter leurs condoléances à ma famille et ils sont repartis heureux de m’avoir vu vivant. Les désagréments du voyage précipité et les lourdes dépenses inhérentes à la visite d’une famille en deuil…. Vous êtes honnête, tout le monde vous respecte, c’est cela la vraie richesse. Pauvre, mais respecté, aimé, parce que je ne suis pas un voleur. Que puis-je rêver de plus ?» Triste réalité. Il n’y a qu’en Algérie où les cadres honnêtes vivent dans la pauvreté. Pour la petite histoire, voici une dizaine d’années, la même rumeur avait ciblé la chanteuse chaba Yamina. Des dizaines de familles s’étaient rendues à son domicile pour assister aux obsèques.
Comment naissent et se propagent les rumeurs morbides qui prennent très vite l’aspect de vérité ? Le mystère reste entier. Ce matin, en ville, on parlait encore de l’assassinat de l’ophtalmologue.
Par Mehdi Hocine

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El Djebbas
Deux cents familles dans l’obscurité
Cela fait presque un mois que les habitants d’El Djebbas, sont privés d’électricité. Le câble principal d’alimentation du village a été sectionné sur une longueur de plus de mille mètres. Le préjudice est estimé à trois millions de dinars. Les ateliers sont paralysés, les écoliers font leurs devoirs à la chiche lumière d’une bougie tandis que les chefs de famille n’arrêtent pas de courir d’une administration à l’autre pour le rétablissement du courant. A Constantine, le vol des câbles électriques et des couvercles des avaloirs alimenterait exclusivement les exportateurs des matières recyclables (cuisine, fonte, fer, aluminium). Du fait que la surveillance dans ce domaine est impossible, les voleurs et les receleurs sont rarement identifiés ou appréhendés. Aussi, ils opèrent en toute quiétude.
Mehdi Hocine

HISTOIRE : Le Saviez-vous Mr. François Hollande ?

En 1947, des parlementaires algériens et français  dénonçaient le colonialisme en l'assimilant au nazisme.

François Hollande doit ignorer la teneur de ce débat tenu en plein Paris deux années après les massacres de Sétif, Guelma, Kherrata qui ont signé la condamnation à mort du colonialisme en Afrique. 

Va t-il reconnaitre les crimes de l'Etat français et de son système colonial ? 

Le débat a eu l'effet d'une grosse déflagration au Palais Bourbon. 

Des parlementaires indigènes musulmans rêvaient de voir l’Algérie rattachée définitivement à la France qu’ils avaient servie corps et âme. Ils aimaient la France mais ils semblaient s'être rendus compte tardivement que les colons européens, chrétiens et juifs, étaient les forces productives sur lesquels s’appuyait la République française pour asseoir définitivement sa domination sur le pays.
Le système des deux collèges était une réplique de l’apartheid en Afrique de Sud et aux USA.
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(reprise le 28 juillet 2012)

Par Mahdi Hocine

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                                                                   Introduction

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En 1947, la population algérienne était composée de huit millions d'indigènes, de deux cents mille Français et de huit cents mille Européens de diverses nationalités (surtout des Italiens et des Espagnols).
Le premier collège regroupait les français, les Européens et quelques indigènes qui ont démontré leur amour pour la France.
Le second collège rassemblait les indigènes.
C’était un peu le tri hitlérien entre la race supérieure et les races inférieures.
Aux élections la voix d’un Européen valait celles de dix électeurs indigènes. 
M. Bentaleb était soldat, gendarme, caïd, conseiller général et enfin parlementaire, successivement. Une belle carrière en somme d’un indigène francophile promu au premier collège. Que lui est-il arrivé pour que, malgré tous les privilèges dont il bénéficiait, il ait tenu au Palais Bourbon un langage vraiment révolutionnaire pour l’époque ?
C’était en 1947 au cours du débat houleux sur le statut organique de l’Algérie.
Déroutant !
Il a tenu presque le même langage revendicatif que les indépendantistes, mettant à nu le système colonial et ses injustices, dénonçant le racisme, l’absence de démocratie et d’égalité des droits et des devoirs des citoyens en Algérie où les indigènes étaient tenus à l’écart de tout.
Nous croyons qu’un élément très fort a brutalement éveillé les consciences aussi bien chez les Algériens qui se croyaient intégrés que chez des Européens. Ce sont les massacres du 8 mai 1945 et les discriminations qui ont fait apparaître le visage hideux du colonialisme.
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                                         Intervention du député Bentaleb

Au moment où M. Edouard Herriot invite à la tribune le député assimilé franco musulman, M. Bentaleb, les ultras de l’Algérie française rigolaient entre eux. Un caïd à leurs yeux, c’est un béni oui-oui toujours au garde-à-vous qui tient le langage que lui dictent ses maîtres.
Il est payé pour dire "vive la France, ma mère patrie la France" et il le dira, pensaient-ils béatement…
Mais cette fois-ci, d’entrée, l'intervention de l'indigène émancipé sentira le souffre et apportera de l’eau au moulin des anticolonialistes. Un réquisitoire inattendu prononcé d’une voix mesurée. Du fiel, de bout en bout, qui plongera le palais Bourbon dans une atmosphère de malaise et d'affrontement entre les partisans de l'Algérie française et les indépendantistes. Ceux-ci étaient à peine une dizaine de députés en majorité messalistes mais ils avaient brisé un tabou : à l'intérieur de l'hémicycle assimiler le système colonial français et ses méthodes au régime d'Hitler.
C'est une grosse bombe lancée à la figure de la République française à deux facettes : démocratique en France mais inégalitaire et racistes dans ses colonies africaines, asiatiques et d'ailleurs.
Bentaleb attaque d'emblée :  
 -"…l’Algérie est française et musulmane : quand vous parlez de l’Algérie française vous vexez les uns et les autres. Vous créez des divisions lorsque vous dites l’Algérie française ! Est-il besoin de crier si fort que l’Algérie est française. Personne n’a jamais dit le contraire. Vous savez, je ne suis ni messaliste ni partisan des amis du Manifeste. Je suis un fellah, un pur musulman, digne de ce nom, digne de ma race et qui aime la France…
  -"... Depuis cent ans, bien que nous représentions plus des trois cinquièmes de la population, nous sommes traités en inférieurs. Pourquoi avoir réservé la construction de routes goudronnées et d’écoles aux seuls centres de colonisation et n’avoir rien fait dans les tribus, dans les douars où nos populations sont totalement dépourvues d’instruction et ne connaissant pas cette belle langue française, cette belle culture, cette belle civilisation française qui fait notre admiration.
  -"...J’ai eu l’honneur de recevoir chez moi quatre députés, des membres du MRF et des communistes. Je leur ai montré que je n’exagère pas et je leur ai fait toucher du doigt la réalité :
Nos enfants nus, nos femmes sont dans l’impossibilité de se soigner et accouchent dans les plus pénibles conditions.
Nos vieillards sont sous alimentés.
90 pour cent des enfants musulmans n’ont jamais mangé de viande, sont nus et sans chaussures, n’ont jamais dormi sur un matelas.
L’Assemblée doit connaître toutes ces choses, il faut la mettre en face de la réalité.
Chez nous, il n’existe pas d’école. Trois millions d’enfants âgés de sept à dix huit ans sont privés de toute instruction. Je peux prouver qu’un million d’enfants sont sans scolarité.
C’est une honte pour nous de penser que trois millions d’enfants sont sans instruction. Il est en outre déplorable que quinze à vingt personnes couchent dans un gourbi, entassées comme des moutons les unes sur les autres, sans hygiène.
L’année dernière, nous avons perdu 15 à 25 pour cent de nos chefs de famille âgés de trente à quarante cinq ans. Ils ont laissé derrière eux un grand nombre d’orphelins. La plupart sont morts de paludisme sans qu’aucun secours ne leur ait été apporté. Il n’y a même pas des baraques pour servir de dispensaires dans nos campagnes et où l’on aurait permis de sauver quelques vies.
Il n’y a pas d’eau non plus, tout juste pour boire, pas du tout pour les soins hygiéniques.
Dans les tribus lointaines du sud les musulmans sont obligés de faire des étapes de vingt à trente kilomètres pour chercher de l’eau. S’ils peuvent en ramener une vingtaine de litres ils la conservent précieusement pour l’alimentation et ne s’en servent pas pour se laver.
Au nom de toutes ces populations dont l’état de misère est effroyable et dont le loyalisme à la France est absolu je déclare à l’Assemblée qu’il y a une œuvre urgente à accomplir en Algérie. L’équipement sanitaire est à faire, la scolarisation à développer, le téléphone à installer, l’habitat à améliorer.
C’est bien de proclamer que l’Algérie est française mais il vaudrait mieux lui apporter tout de suite les améliorations indispensables.
L’Algérie en est encore au stade de 1830.
Chaque fois que l’Allemagne a attaqué la France, celle-ci a procédé à la mobilisation générale et chaque fois les musulmans ont répondu à son appel et, avec l’aide de Dieu, ce déploiement de forces a connu le succès.
Monsieur Serre* a fait toute à l’heure un réquisitoire très sévère. Il a demandé que 200 000 européens viennent s’installer en Algérie.
Mais est-ce que vous êtes capables de nourrir d’abord les 8 000 000 de musulmans ?
Mais ne pensez-vous pas qu’ils serait préférable de commencer par améliorer la situation des huit millions de musulmans qui y vivent déjà ?
M. Bentaleb s’adresse à M. Serre :
-"D’après vos déclarations vous acceptez les Espagnols, les Italiens, les Maltais, les Grecs et les Israëlites et vous n’acceptez pas les Musulmans.
En 1870, vous avez accepté de donner la citoyenneté française aux israëlites. Vous l’avez ensuite accorder à des Maltais et à des Italiens…
Vous ne pouvez plus alors parler de démocratie..
Vous avez voté en 1946 une loi prévoyant que les Algériens titulaires du certificat d’études et les anciens combattants seraient (deviendraient) citoyens français.
Si vous reniez cette loi qui a été votée dans une Assemblée souveraine, nous considérons ce geste comme un acte de racisme.
Vous ne pouvez plus alors parler de démocratie si vous rejetez tout ce que vous avez promis, vous agissez comme les hitlériens.
La force n’est ni dans la bombe atomique ni dans les armes. Elle est dans la pensée et dans la volonté de chacun…
Le monde entier a détesté Hitler lorsqu’il a traité les petits peuples en races inférieures.
Qu’a fait Hitler ?
Il se croyait le plus puissant du monde, le plus grand ingénieur.
Il a voulu tout dominer, tout écraser.
Raciste dans l’âme. Il a  déshonoré les petites peuples.
Il a même refusé de leur donner le droit de parler.
Il a renié sa signature.
Et vous (la France) voudriez en faire autant ?
Vous demandez à la France de rétracter, de répudier ses engagements en abrogeant l’ordonnance du 7 mars 1944 et la loi du 5 octobre 1946, loi qui admettait dans le premier collège les jeunes musulmans titulaires du certificat d’études primaires ou ceux qui avaient le titre d’ancien combattant, les fils des mutilés, les unijambistes, les gueules cassées, les aveugles de guerres.
Rendez-nous nos morts, rendez leurs membres à ceux qui les ont perdus, rendez la vue à ceux qui l’ont perdue sur le champ de bataille des ennemis de la France et nous vous ferons cadeau du statut de l’Algérie.
M. Serre, si vous êtes capable de nous rendre nos morts, nous vous ferons cadeau du statut de l’Algérie mais tout ceci est de l’utopie et vous ne le pouvez pas.
Nous avons mélangé notre sang avec celui des vôtres. Des soldats musulmans ont porté sur leur dos des officiers français qui étaient restés étendus sur les champs de bataille ennemis.
Vous n’avez pas le droit de refuser ce que vous avez promis à ces anciens combattants, aux hommes de cette race glorieuse et courageuse. Car notre sang s’est mêlé à votre sang. Nous avons combattu côte à côte et vous ne pouvez nous chasser.
Vous ne pouvez nous chasser de vos rangs.
Vous ne pouvez pas, contre nous, vous servir de la bombe atomique, ni des armes secrètes, ni de la menace.
Toute notre vie nous avons crié et nous crierons  vive la France !
Nous regrettons les positions de nos collègues qui font des promesses et se rétractent, qui votent des lois et ne les appliquent pas. Ils font comme Hitler.
Ils ne nous donnent même pas la parole. Vous ne pouvez pas dédaigner notre race… Nous voulons être aux côtés de la France et sous sa protection…
Or, vous ne pouvez vraiment pas considérer que les voix de dix musulmans (autochtones) valent la voix d’un Français, un Maltais ou un Italien.
Nous musulmans, nous nous y refusons catégoriquement".
M. Serre interrompt l’orateur en piétinant l’usage qui veut que l’autorisation d’intervenir soit demandée au président de la séance ou à l’orateur. Sans le vouloir il confirme les accusations de Bentaleb concernant le racisme de la république française en Algérie :
«Il n’y a aucun étranger dans le premier collège. Il n’y a que des citoyens français
M. Bentaleb rétorque avec agacement !
 - Cela c’est la démagogie ! Vous n’êtes ni dans la logique ni dans la vérité…

M. Bentaleb marque un arrêt de quelques secondes puis sa voix gronde.C’est à la fois la colère et le dépit d’un homme qui a cru en la France et qui découvre soudain que la France voulait bien tout lui donner sur le plan du confort matériel mais ne pas en faire un citoyen de plein droit comme elle l’avait fait pour des Maltais, des Espagnols, des Italiens, des Polonais, des Allemands, des Belges, juifs et chrétiens, installés de fraîche date en terre algérienne pour occuper d’immenses territoires dont les propriétaires ont été soit exterminés, soit déportés, soit poussés vers l’exil au Moyen-Orient, soit asservis dans leurs propriétés.

Bentaleb s'exprime en élevant la voix :
-"Mon esprit se révolte quand je vois que mon fils qui a le certificat d’études ne vote pas avec moi. Mon fils s’est assis sur les mêmes bancs (de l'école) que ses frères français et aujourd’hui ses frères français vont voter dans un collège et lui dans un collège différent installé dans un wagon à bestiaux…
Si vraiment il existe une démocratie, une égalité, une fraternité – et j’emploie ces termes dans leurs sens plein et véritables – sans malentendu, sans erreurs, sans chantage ni pression d’aucune sorte vous ne pouvez pas admettre cette situation.
Et logiquement mon esprit se révolte lorsque je vois toutes ces races admises dans le collège français avant les musulmans…
Tant qu’il y aura deux collèges, tels que certains voudraient les concevoir, je me refuse à proclamer l’Algérie française.
Je parlerai d’Algérie musulmane avec 20% d’autres races parmi lesquelles une petite minorité de Français…
Voilà !
Réfléchissez et la justice de Dieu triomphera. Et un jour vous n’aurez rien à regretter. Car ce n’est pas avec la force des armes ni avec les bombes atomiques que les peuples peuvent vivre d’accord.
La raison et l’honneur doivent nous servir de guides pour gagner la paix et écarter la guerre…»

Fin de l'intervention du député musulman Bentaleb.
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Ainsi, en 1947, au palais Bourbon à Paris, un député indigène avait conseillé à l’Etat français de ne pas user de la répression, de la discrimination et de l’injustice contre les autochtones pour gagner la paix et écarter la menace de la guerre.  
Venant d’un «coopté» de l’administration, repu, bénéficiant de très larges privilèges pour son dévouement à la «mère patrie» la France, le conseil a amusé les colons.
Pourtant le mot guerre a jeté un froid glacial dans l’amphi.
Les parlementaires et les ministres français habitués aux courbettes des béni-oui-oui de service, ont accusé le coup.
Par son intervention d’une rare lucidité et d’un courage indéniable M. Bentaleb a eu le mérite de tenir un langage franc appuyé par des preuves indiscutables alors que son rôle dans l’hémicycle était de magnifier les «bienfaits» du colonialisme en Algérie.
Il n’avait pas revendiqué l’indépendance mais il avait laissé entendre qu’il prendrait les armes contre sa «mère patrie» la France si elle s’entêterait à maintenir les mesures d’exclusion qui frappaient les indigène.
- «Ce n’est pas avec la force des armes ni avec les bombes atomiques que les peuples peuvent vivre d’accord. La raison et l’honneur doivent nous servir de guides pour gagner la paix et écarter la guerre».
M. Bentaleb avait basculé ce jour-là dans le mouvement des indépendantistes sans s’en rendre compte.
En 2003 un député négationniste, Douste Blazy, avait fabriqué une loi  qui a fait du colonialisme une mission positive pour civiliser des peuples sauvages.
Que n’a t-il pas eu l’intelligence d’analyser le cri de révolte du député algérien, dont le fils votait dans un wagon à bestiaux, réservé exclusivement aux indigènes, des sous-humains indignes d'accéder à la citoyenneté française ?
Dix voix d’Algériens ne valaient qu’une seule voix d’un électeur français ou français d’adoption importé d’Europe pour piller les richesses du peuple algérien.
Plus d’un siècle après l’invasion.
En 1947.
Et il a l’indécence de parler d’effet positif du colonialisme en Algérie.
Oui, le colonialisme a été positif uniquement pour les envahisseurs qui ont réduit en esclavage les Algériens sur leurs propres lopins de terre.
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                      Intervention d'un député français, M. André Marty.

C’est au tour d’un député français de prendre la parole. Il avait entrepris un voyage d’études en prévision du débat sur le projet du statut organique de l’Algérie. C’était une véritable enquête sur le terrain. Son rapport est accablant. Il se résume en une phrase :
Le système colonial est un crime contre l’humanité.
Le député, M. André Marty réclame la fin du colonialisme qui est en contradiction avec tous les principes républicains de 1789, selon lui.
Ecoutons-le parler de ce qu’il a vu en 1947 en Algérie :
- "Ce qui frappe le visiteur qui arrive en Algérie c’est la misère épouvantable qui étreint la grande majorité de la population. Sur toutes les routes on rencontre les travailleurs, leurs femmes, leurs enfants misérables, pieds nus, grelottant l’hiver sous des vêtements en loques et une enfance à peine vêtue de hardes. Les logements sont en terre battue dans lesquels sont entassés des familles de 8, 10 et 12 enfants. Autour des villes on trouve ce que l’on appelle les bidonvilles, c’est-à-dire des baraques bâties avec des boîtes de conserves, des toiles de sacs et des morceaux de planche, sans eau, sans égout.
Naturellement la tuberculose, la typhoïde, les maladies contagieuses font des ravages effroyables. Quant au trachome, les quelques médecins ophtalmologistes qui vivent en Algérie ne connaissent jamais de repos : de 5 heures du matin à 10 heures du soir ce sont des files interminables d’aveugles qui s’allongent devant leurs portes.
Dans les grandes villes l’eau manque. Oran en est toujours à l’eau salée. En six ans il n’a pas encore été possible d’y amener de l’eau douce.
Pour les fellahs : pas de maisons, pas de routes, pas d’assistance sociale.
Quant aux ouvriers des villes : les lois françaises ne leur sont applicables que dans les conditions spéciales et on trouve, par exemple, des mineurs comme ceux du Ouled Amar qui sont obligés, pour se rendre à leur travail, de faire dix kilomètres à pied matin et soir et de traverser une rivière à gué et,  quand elle est en crue, à la nage.
Or tout près de la mine on trouve des maisonnettes inhabitées mais qui ne sont pas réservées aux musulmans.
Quant aux salaires : le tarif syndical serait de 210 francs mais les ouvriers touchent 141 francs et personne ne les protège.
Si nous passons à l’enseignement point n’est besoin de beaucoup insister. On l’a dit : plus d’un million d’enfants musulmans ne savent ni lire ni écrire. Le bénéfice de l’éducation est donné à peu près à 153 000 enfants. On comprend les conséquences d’un tel état des choses.
Le voyageur qui traverse Alger, pour ne pas aller plus loin, est assailli d’essaims d’enfants en loques qui mendient et se battent pour un morceau de pain.
Quant aux hommes : c’est la ruée vers les navires pour venir en France de manière à gagner un peu d’argent pour envoyer à leurs familles.
Un peuple qui s’expatrie, qui abandonne sa famille pour gagner de l’argent est un peuple malheureux.
Nous avons vu, nous Français qui avons été amenés par les circonstances à passer quelques temps en Algérie, des malheureux qui vont tous les matins fouiller dans les poubelles pour trouver à manger. Alors que dans les mêmes rues, le soir, s’étale le luxe le plus scandaleux qu’on ait jamais vu.
Rue d’Isly, rue Michelet, les magasins sont archi-pleins depuis un an et demi, mieux garnis que les magasins même de Paris. Ils sont éclairés au néon. Tout ce qu’on désire on peut l’obtenir en vente libre…
On comprend très bien alors la raison de la misère de la population algérienne.
Comment s’étonner que dans de telles conditions les populations algériennes soient soulevées d’un mécontentement profond et d’une juste aspiration à une vie digne d’être vécue ?
D’autant plus qu’on leur a promis cette vie durant la grande guerre contre le fascisme allemand à laquelle ils ont participé et qu’ils ont vu en Europe, au cours de la guerre, d’autres peuples, d’autres modes de vie.
Par conséquent il faut déterminer les causes d’une telle situation et les remèdes à y apporter. Je le ferai naturellement très brièvement pour ne pas abuser des instants de l’assemblée.
Le problème, vous le comprenez bien, est de nourrir, de vêtir, de loger, de soigner, d’instruire, d’élever ce peuple …
Or, depuis la guerre, le niveau de vie des populations algériennes est allé s’amenuisant. Les récoltes sont insuffisantes, les ressources industrielles locales le sont également. Cela indique l’ampleur du problème à résoudre.
Dans sa conférence de presse du 28 mai 1946 M. le gouverneur général de l’Algérie a déclaré :
- En 1871 chaque habitant de l’Algérie disposait de cinq quintaux de céréales par an.
- En 1900  il ne disposait que de quatre quintaux
- En 1940 il ne disposait que de deux quintaux et demi
- Aujourd’hui, avec une bonne récolte, il n’a plus que deux quintaux pour se nourrir» (en 1947).
Voilà pourquoi il y a la famine en Algérie.
A cause de la distribution des terres. Une drôle de distribution…
Les uns ont des domaines immenses qui équivalent à cinq ou six départements français, les autres ont des mauvais lopins de terre…
On cultive la vigne et aussi ce qu’on appelle les agrumes mais pour l’exportation… On a pas assez de céréales, pas assez de blé et la population meurt de faim….
Voilà le propre de la colonisation.
On comprend très bien dans ces conditions le mécontentement de la grande masse des musulmans…
On parle de certaines propagandes.
Ecoutez ! Quand le pauvre fellah qui meurt de faim voit ces immenses plantations de vignes que font valoir les gros propriétaires français et qui ne lui servent à rien, seriez-vous de bonne humeur si vous étiez dans une telle situation ?
Certainement pas. (Applaudissements à l’extrême gauche de l’amphi).
Mais il y a plus.
Tout le monde sait que dans un pays comme l’Algérie la question essentielle est celle de l’eau. Or, on assiste au même phénomène :
L’eau est pour les riches mais pas pour les pauvres.
Les grands domaines sont irrigués mais le pauvre fellah n’a pas d’eau.
Je cite des faits. Non pas des faits quelconques, mais récents, relevés en juillet dernier (1947).
Voici, par exemple, un petit fellah de Biskra qui a été combattant de 1939-40 et de 1942-1945, deux citations, 15 blessures, cinq ans de front.
Il a eu l’idée de creuser lui-même un puits grâce auquel il irrigue son petit champ.Seulement, à côté de lui, est (il y a) un seigneur, M. Constant Dufour, gros propriétaire, un fasciste.
Il était un pro-hitlérien sous l’occupation et il se déclare toujours fasciste.
Ce monsieur possède 10 000 hectares. Il est clair que le petit champ du pauvre fellah ne le gêne pas beaucoup. Mais il a eu peur de la concurrence. Ses dix mille hectares sont arrosés par sept barrages érigés sur l’oued de Biskra illégalement, sans autorisation préfectorale. Ils sont donc bien irrigués. Malgré cela, il a estimé que le petit fellah qui possède cent arbres fruitiers et soixante et un palmiers pouvait lui créer une concurrence dangereuse. Il a fait combler son puits, l’a fait arrêter par l’administration et l’a fait mettre en prison.
Comment avec un pareil régime les Algériens peuvent-ils être satisfaits ?
Le fellah fait sortir de l’eau de la terre. On lui fait boucher son puits parce qu’il va concurrencer un gros colon pro-hitlérien.
Il en est ainsi partout.
Dans le sud de Tébessa, près de la frontière tunisienne, le sol est extrêmement riche. Il suffirait d’un peu d’irrigation pour avoir des cultures florissantes. Or les fellahs meurent sur leurs terres. Ils meurent de faim parce qu’ils n’ont pas d’eau. L’administration ne les connaît pas.
Le mouton qui est l’animal qui vit le mieux en Algérie a évidemment besoin d’eau et de près. Et bien l’année dernière et il y a deux ans, les moutons ont crevé par centaines de milliers parce qu’ils n’avaient pas d’eau.
Pourquoi n’ont-ils pas eu d’eau ?
Les résultats des recherches sont parfaitement clairs.
Les géologues sont à cet égard catégoriques : il y a d’immenses nappes souterraines d’eau dans les Hauts-Plateaux. Il suffit de les faire monter.
Comment ?
Comme on a fait par exemple au Turkistan où des moteurs écoliers, de petites dynamos mues par un moteur à vent chargent des accumulateurs qui actionnent des pompes faisant monter l’eau des puits… Il suffit de déclencher des initiatives individuelles et collectives mais on ne veut rien faire. Les moutons crèvent et la population est affamée.
C’est ça le régime colonial.
Un peu avant que M. le ministre de l’Intérieur vienne à Alger, j’ai vu moi-même y débarquer, non pas les tracteurs dont les paysans ont besoin mais des tanks, de l’artillerie.
Ce n’est pas ainsi qu’on tire un pays de la misère.
Ce n’est pas en faisant défiler dans les rues d’Alger des tanks et des canons mais en y envoyant des camions, des tracteurs, de l’essence, seule manière de gagner le cœur d’un peuple…
Système colonial donc qui ne veut d’aucune manière développer dans le pays l’industrie et l’agriculture…
Au point de vue ouvrier je n’ai pas besoin d’insister beaucoup non plus :
Le bilan est simple.
Par suite de la famine dans les campagnes, les villes connaissent un afflux de main-d’oeuvre mais non qualifiée et, par conséquent, elles (les villes) bénéficient d’une énorme masse de manœuvres qu’on peut embaucher à bas prix…
Quant à la réglementation que nous connaissons en France, les syndicats ouvriers algériens ont toutes les peines du monde à les faire appliquer.
Voici un fait parmi beaucoup d’autres :
Aux mines du Kouif les ouvriers malades ou blessés vont passer la visite. Voici comment le médecin les reçoit :
- Reviens au travail
- Mais docteur je suis malade
- Tu feras un autre travail moins pénible mais reviens.
L’ouvrier dit :
- Eh bien je vais aller au syndicat.
Le médecin répond :
-Vous êtes des mouches. On vous écrasera comme des mouches, vous et votre syndicat.
C’est cela le colonialisme.
Est-ce qu’un médecin français a le droit de parler ainsi ? Est-ce qu’il ne salit pas la corporation des médecins ?
Au lieu seulement d’essayer de soigner les hommes qui vont le trouver il les insulte et les menace".
Parlant de l’Assemblée algérienne, le parlementaire André Marty exprime sa consternation :
-"La première fois que nous avons visité l’immeuble où cette assemblée délibèrerait nous avons pu lire au-dessus des portes les noms des délégations séparées.
C’est ainsi que nous avons lu ces mots :
Colons, Non colons, Arabes, Kabyles.
Une drôle de démarcation, vous le voyez, qui nous rappelait un peu les trois ordres des Etats généraux !
Les menants d’un côté, les seigneurs et le clergé de l’autre…
En effet, en Algérie existe une division administrative dite commune de plein exercice. On voudrait pouvoir dire, comme en France.
Drôle de conseil municipal.
En somme, une commune de l’an 1 200 était certainement plus avancée que celle que l’on appelle de plein exercice en Algérie. (Applaudissements à l’extrême gauche des l’amphi).
A côté sont les communes dites communes mixtes, c’est-à-dire placée sous la double autorité d’un administrateur et d’un réseau de caïds.
C’est en somme un système purement féodal.
Or, j’ai entendu dire que le 14 juillet 1789 la féodalité avait disparu en France.
Eh bien ! en Algérie elle existe et aggravée bien que les populations algériennes soient majeures depuis bien longtemps…
Alors quand on vient nous dire ce sont des départements français ! 
Dans un département français la féodalité n’existe plus (Applaudissements à l’extrême gauche de l’amphi).
Je vais plus loin :
Il n’y a jamais eu de divisions racistes. Même sous la féodalité. Tandis qu’en Algérie elles existent.
On dresse une barrière pour empêcher des hommes, même s’ils sont élus, de siéger…
Ainsi, premièrement, toute une partie de la population de ces départements, les huit neuvièmes environ, ne se voit  appliquer les lois de la République française que sous réserve d’un décret spécial…
Deuxièmement : la majorité de la population (les autochtones) ne jouit pas des droits et libertés de la République française…
Troisièmement : le statut juridique des huit neuvièmes de la population (les autochtones) ne relève pas du code civil français.
Quatrièmement : les libertés municipales, telles qu’elles sont instituées en France, n’existent pas en Algérie".
Fin de l'intervention de M. André Marty.
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Que répondront les parlementaires français qui, en 2005, ont tenté de laver le système colonial de ses crimes sans nom ?
M. Bentaleb rêvait du rattachement de l’Algérie à la France mais sans discrimination aucune entre les citoyens d’une grande nation. Son itinéraire est éloquent. De bout en bout au service de la France : policier, gendarme, caïd, conseiller général, parlementaire, ancien combattant contre le colonialisme allemand en France et en Europe. Il a été aussi dur, aussi vrai, sans rien cacher de ses ressentiments, de ses espoirs déçus.
C’est que le système colonial français ressemblait vraiment à l’apartheid, au nazisme et au sionisme.
Bentaleb était le premier «béni oui-oui» qui, à la tribune du Parlement, a osé faire le rapprochement entre le régime hitlérien et le système colonial français.
Mais il était aussi le seul «béni oui-oui» à envisager la possibilité d’une guerre anticolonialiste en Algérie et de le proclamer à la tribune du Palais Bourbon en 1947. Etait-il plus perspicace, plus prévoyant que toute la classe politique française ?
Quant à M. André Marty, c’était  un  républicain de conviction, révolté de voir que le système colonial en Algérie maintenait les populations algériennes dans l’ignorance et l’esclavage, les privant des droits les plus élémentaires : justice, école, santé, travail, logements décents, routes, électricité, dont jouissaient tous les colons et non colons importés d’Europe pour faire de l’Algérie un territoire français.
Des vrais républicains français comme M. Marty étaient rares en 1947.
Ils seront nombreux après le déclenchement de la Guerre de Libération.
Pour l’honneur de la République française ils combattront le colonialisme en Algérie et partout dans le monde. Car ils considéraient le système colonial comme le nazisme et le sionisme :
Un crime contre l’humanité.
Le débat de 1947 au palais Bourbon, comme nous l’avons vu, a été l’occasion pour les parlementaires indigènes de mettre en exergue et de dénoncer les crimes innommables du colonialisme.
Qu’ils fussent élus sous la casquette gaulliste, communiste, centriste, assimilationniste ou indépendantiste, ils avaient revendiqué la fin du système colonial inhumain. Clairement ou implicitement. Les uns exprimant le désir de voir l’Algérie entrer dans l’Union française avec la Martinique, la Réunion, la Guadeloupe etc… Les autres revendiquant sans détour l’indépendance.
Tirant sa force d’une puissante armée et d’une police structurée à la manière de la gestapo, l’Etat français avait répondu au mécontentement des députés algériens par des réformettes insignifiantes et des promesses jamais tenues, ne donnant satisfaction ni aux francophiles ni aux anticolonialistes.
Il continuera d’user de massacres, de répression et de corruption comme avant le 8 mai 1945.
Ce qui fera le bonheur des colons qui étaient des miséreux français et européens devenus en Algérie des propriétaires terriens, des commerçants, des entrepreneurs, alors qu’ils n’avaient pas une petite chance de manger à leur faim en Europe sans l’assistance de l’armée du salut.
Le bâton contre les indépendantistes, la carotte aux «bons» arabes qui ne croyaient pas à la défaite politique et militaire du colonialisme français et ne demandaient que l’égalité en droits et en devoirs de tous les «Algériens» sans distinction d’origine et de religion.
En 1951 se déroulera un autre débat que les indépendantistes mettront à profit pour démontrer que rien n’a changé sous le régime colonial et que les promesses de l’Etat français sont restées lettres mortes (1).
Un nouveau fait : l’un des intervenants s’interroge et interroge le président du conseil et le gouvernement sur les fraudes électorales massives organisées par l’administration et les colons en Algérie.
Intervention remarquable et remarquée qui reste, hélas, d’actualité dans tous les pays anciennement colonisés par les puissances européennes.
Cette intervention fut brève, pertinente et mal venue dans la mesure où elle dévoilait l’implication directe du gouverneur général en Algérie dans l’organisation de la fraude, même sans le nommer.
Son auteur, M. Derdour Djamel, député de Constantine, messaliste, n’en était pas à sa première «incartade». Au cours du débat de 1947, il avait scandalisé la classe politique française en assimilant l’armée et la police activant en Algérie à la Gestapo allemande. En 1951, à la tribune du palais Bourbon, il récidivera pour nous faire découvrir l’une des facettes hideuses de l’administration coloniale qui use de la répression contre les Arabes et du bourrage des urnes pour offrir la victoire à ses candidats.
Ironie du sort, après les années soixante, la République française a encouragé ces méthodes dans ses anciennes colonies que les intellectuels et la presse occidentale désignent sous le vocable risible de «républiques bannières». Ceci nous oblige de répéter le proverbe qui dit : «Le chameau regarde la bosse des autres chameaux, mais il oublie la sienne».
Pour rafraîchir les mémoires défaillantes et pour en finir définitivement avec le concept honteux de «l’effet positif» du colonialisme nous reprendrons dans un prochain article la déclaration complète du député. Derdour Djamel.
Ainsi, nous espérons avoir fait honneur aux parlementaires qui, en 1947, avaient eu la témérité de tirer les premiers coups de feu contre le colonialisme, au palais Bourbon, alors qu’ils jouissaient des privilèges des Français du 1er Collège. Ce qui nous révèle le haut degré de leur patriotisme. L’histoire officielle a occulté ce volet du combat libérateur pour des raisons politicardes.
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Hocine Mahdi

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Les interventions des députés sont extraites du journal officiel de l'Assemblée Nationale Françcaise (Août 1947). 
(1) – Le statut organique a été adopté par le Parlement mais n’a pas été appliqué.
*) Habitant en France et parachuté sur une liste électorale de la ville d'Oran au service des colons.  

Offense A Sarkozy L’étudiant condamné à une amende


Constantine / Offense A Sarkozy
L’étudiant condamné à une amende
Fellahi Moncef, étudiant, a été condamné à 50 000 DA d’amende pour offense à l’égard de Nicolas Sarkozy. Le procureur avait requis six mois de prison ferme en plus de l’amende. Mais, après délibération, la présidente d’audience s’est montrée plus clémente. Pour rappel, le
5 décembre 2007, lors de la visite du président français à l’Université Mentouri, le jeune étudiant avait marqué son hostilité d’une manière originale en s’habillant d’une banderole portant des inscriptions qui accusent Sarkozy de pro-sionisme à cause de son origine juive. Moins virulent et moins chanceux que le ministre des Moudjahidine,
F. Moncef n’a pas été entendu quand il a affirmé qu’il n’avait exprimé qu’une opinion sans l’intention d’offenser personne.
Mahdi Hocine