Sunday, October 09, 2011

Algérie: Cinquante ans d'indépendance : Hôpitaux ou antichambres de la mort ?

Près de 50 ans d'indépendance : Hôpitaux ou antichambres de la mort ?
Par Hocine Mahdi
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Nous avons très souvent dénoncé le fonctionnement de nos hôpitaux où le malade sans piston n'a que le droit de s'écraser et de crever en silence.
Nous avons parlé du personnel médical et paramédical pour qui le malade n'est qu'un dossier ou un objet d'études mais pas un être humain souffrant qui est venu à eux le coeur plein d'espoir de guérir.
Pendant plus de quinze ans nous avons été dans tous les services de plusieurs hôpitaux, jour et nuit, observant, parlant aux femmes et aux hommes de tous les métiers et aux malades. Dans ce milieu spécifique nous nous sommes faits quelques amis et beaucoup d'ennemis car nous avons écrit en mettant en cause la tutelle, la direction de l'hôpital, des médecins, des infirmiers, des radiologues, des femmes de salle. Mais nous n'avons pas dit certaines choses très graves parce que la preuve matérielle n'existe pas dans certains crimes contre des malades comme dans les concussions.
Dernièrement a éclaté le scandale des cancéreux qui sont condamnés d'attendre à juin 2012 pour accéder aux soins comme si le virus va "s'autodésactiver" pour donner le temps à Djamel Ould Abbas d'équiper les hôpitaux en matériel indispensable à leur traitement.
Combien de cancéreux resteront en vie à la date de Juin 2012 ?
Le destin en décidera nous répondra t-on...
Nous, de notre côté, nous n'impliquerons le destin que lorsque les responsables chargés de la Santé publique auront mis à la disposition des médecins les médicaments et les équipements qui leur permettent de combattre la maladie. Nous avons foi en Dieu mais nous ne sommes pas des fatalistes car la Science aussi est un don de Dieu comme l'intelligence.
Tout le reste dépend de la volonté des femmes et des hommes qui ont la charge d'organiser, de gérer, de gouverner. Et, malheureusement, dans cette question vitale de Vie et de Mort ce n'est qu'une question de mauvaise gestion, de mauvaise organisation, de mauvaise volonté, de négligence criminelle.
Il y a une semaine j'ai rencontré un technicien de la Santé. Il sortait du travail. J'ai volontairement orienté la discussion sur les pannes des radiographies et la pénurie des médicaments. Il allait pleurer de rage... Pas d'adrénaline pour les cardiaques, le sérum salé pour nourrir les opérés est livré au compte goutte en octobre 2011, pas de ci pas de ça. Mais au cours de toute cette semaine le ministre Ould Abbas n'as pas arrêté de déclarer qu'il n'y a pas de pénurie et que tout allait bien. Hier il a visité le pavillon des cancéreux de l'hôpital Mustapha pour nous prouver que tout fonctionne bien et pour nous promettre l'importation de vingt deux nouveaux appareils de radiothérapie.
Comme prévu il n'a pas dit un mot sur les malades que les médecins ne prévoient de prendre en charge que dans huit mois (ceux qui resteront en vie jusque là). Il ne parlera pas des malades qui sont morts à cause du retard d'approvisionnement en médicaments et en matériel de soins. Ces morts ne figurent pas dans les statistiques truquées qu'il reçoit chaque mois des directions régionales de la Santé.
Près de cinquante ans d'indépendance :
Nos hôpitaux fonctionnent avec des budgets colossaux mais des malades continuent de mourir par négligence, à cause de la mauvaise gestion, de la mauvaise organisation, à cause de la centralisation/concentration de services névralgiques à Alger au lieu de les répartir dans plusieurs willayas pour plus d'efficacité, à cause des pénuries, à causes des fausses statistiques...
Et le ministre Ould Abbas qui n'arrête pas de nous répéter que tout va bien !
Oui tout va bien pour lui et sa famille qui soignent leurs petits bobos en Suisse, à Paris, ou à Londres.
Oui tout va bien pour Bekhadem, Bounedjma, Sidi Said, les sénateurs, les députés, les ministres, les officiers, les pistonnés, les mafieux...
Pas pour les citoyens ordinaires épuisés de courir d'un bout à l'autre du pays pour une injection qu'ils ne sont jamais certains de trouver.
Quand on sait qu'un long déplacement ou une attente de quelques jours seulement peuvent tuer un malade...
Pourquoi accuser le Destin ?
Les premiers coupables sont les ministres et leurs proches collaborateurs, les directeurs de la Santé dans chaque willaya, les directeurs des hôpitaux qui font les "bourreaucrates".
Lorsque tout ce beau monde fera correctement son travail exclusivement au service des malades nous nous sentirons en conscience de chercher d'autres coupables.
Hocine Mahdi
Le 12 Octobre 2012

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