Algérie : Cinquante ans après l'indépendance, nos enfants sacrifiés.
Par Hocine Mahdi
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Les piliers d'une nation forte sont l'école, la justice et la souveraineté citoyenne. Si tous les pays Arabes continuent toujours de marcher à reculons c'est parce que ces trois domaines hypersensibles sont exploités contre les intérêts de la nation par des usurpateurs du pouvoir politiques comme nous le voyons aujourd'hui au Yémen, en Syrie, en Algérie, en Arabie Saoudite, au Bahrein, en Jordanie etc.
Chez nous le système éducatif dévore l'équivalent du budget de fonctionnement de plusieurs pays africains.
En pure perte, allions nous écrire sans craindre d'exagérer du fait que si vous allez retirer un extrait de naissance à la maire établi par un (une) universitaire il comporte des erreurs qui le rendent inutilisable pour un dossier administratif. Et ce n'est qu'un exemple qui nous désespère mais ne pose aucun problème de conscience aux hommes et aux femmes qui gèrent le ministère de l'Education nationale.
Nos enfants sont sacrifiés dès la première année de scolarisation tandis que les enseignants qui ont choisi le métier par vocation deviennent en quelques années hypertendus, dépressifs, diabètiques, psychopates. Quant aux autres, ceux qui se sont engagés dans l'enseignement par défaut (les khobzistes), ils en font le moins possible comme si leur travail consiste uniquement à garder les enfants des autres.
En 2011 les écoles primaires sont surchargées. Entre quarante et cinquante six élèves par classe.
Quel est l'enseignant, homme ou femme, qui possède le génie, la patience, la force d'inculquer quelques bribes de Savoir à plus d'une vingtaine d'enfants à la fois ? Des enfants âgés entre six ans et quatorze ans.
Partout où le progrès social et technologique est constant l'école primaire est comprise comme les fondations d'une maison en construction.
Tout démarre des fondations.
Tous les cycles de l'enseignement sont basés sur l'école primaire.
Chez nous ceux qui ont la charge de l'éducation nationale ont une vision réductrice du rôle essentiel du cycle primaire dans la préparation du lycéen, du collégien et de l'universitaire. C'est pour cela que nous avons aujourd'hui des diplômes qui ne savent ni lire ni écrire.
Il me déplait de conclure par une confidence d'un professeur de l'université de Constantine qui distribuaient des mauvaises notes à ses étudiants. Ce qui a provoqué une grève pour réclamer sa tête. Convoqué par le recteur il a pris une centaine de copies avec lui pour démontrer qu'il faisait correctement son travail.
Le recteur n'a même pas pris la peine d'y jeter un coup d'oeil, se contentant de le rabrouer.
- Nous sommes en Algérie. L'université est comme la révolution agraire où les fellah ne produisent presque rien et perçoivent des bénéfices. C'est le FLN qui veut ça. Arrangez vous comme vous voudrez... Je ne veux plus de mauvaise note. Mon poste de travail et plus exposé que le votre à cause des grèves répétées.
Il se trouve que ce professeur enseigne à de futurs enseignants de l'école primaire et des lycées.
Que pourra donner à ses élèves un maître d'école mal formé ?
Cinquante ans après l'indépendance l'école primaire algérienne demeure confinée dans le rôle d'un jardin d'enfant. Nos bambins en sortiront sans savoir lire ni écrire correctement.
Bien sûr nous ne parlons pas des chanceux dont les parents peuvent payer des professeurs à domicile.
Bien sûr nous ne parlons des enfants du sommet qui ont des écoles, des classes spéciales et des enseignants très compétents au sein du secteur public.
Nous parlons des enfants du citoyen ordinaire qui sacrifie sa vie pour les armer du Savoir et du savoir-faire dans une république démocratique et populaire où, en principe, tous les algériens sont traités équitablement au sein du système éducatif.
Hocine Mahdi
Le 8 octobre 2011
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