Thursday, October 27, 2011

Constantine : Le carcan des archaïsmes

Constantine : Le Carcan Des Archaïsmes
Par Hocine Mahdi
le 27 octobre 2011
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Aucune ville d'Algérie n'a subi des dégradations autant que Constantine. Dans un texte rageur je l'ai décrite comme une très belle fille mariée plusieurs fois, par des parents cupides, à des hommes frustres, cruels, violents, bêtes, sadiques, cyniques, négligents, sans âme qui ne savent pas qu'une belle plante exige délicatesse et soins constants pour s'épanouir et rayonner.
Et c'est vraiment ce qui est arrivé à la très belle Cirta.
Depuis 1962, ceux* qui ont eu la lourde responsabilité de la gérer étaient incultes, inciviques, affairistes, incompétents, sans imagination.
Depuis quelques années ce sont majoritairement des universitaires : médecins, architectes, docteurs ès quelque chose, avocats, enseignants qui squattent les sièges de la mairie et de la wilayas, de la députation et du sénat par le système des quotas né de la fraude électorale.
Même chose. Une catastrophe !
Mercredi passé, le 19 octobre, j'avais rendez-vous avec un "élu" de l'APW pour discuter des malheurs de ma ville (j'en suis amoureux). Il est professeur à l'université. Je lui ai posé une question :
- Quelles sont vos prérogatives ? A quoi sert votre mandat ?
Il m'a répondu :
- Nous sommes un simple décor. Je tape sur la table mais je ne suis pas écouté. J'ai attrapé le diabète et je suis devenu hyper nerveux depuis mon élection.
- Pourquoi vous avez déposé votre candidature si c'était pour faire du remplissage ?
- C'est un ami qui m'a convaincu de le faire.
Je lui ai montré une centaine de photos de Constantine défigurée, délabrée, sale, abandonnée à la prédation et qui n'arrête pas de crier au secours.
- Vous vivez à Constantine, vous êtes un "élu" et vous faites semblant de ne rien voir... Ne vous sentez-vous pas un peu coupables de cette mauvaise gestion ?
- Je veux faire des choses, je tape sur la table mais c'est le wali qui décide. Je n'y peux rien.
Pourquoi les "élus" ne démissionnent-ils pas quand ils se rendent compte qu'ils ne sont que de la "khadra fougue el âcha" ? Des faire-valoir ? Une vitrine d'une fausse démocratie ?
Il y a longtemps que j'ai posé cette question à des amis "élus" qui se lamentaient de ne disposer d'aucun pouvoir. Ils ne m'adressent plus la parole. Notez pour l'anecdote que l'un d'entre eux avait eu la gentillesse de me proposer de me placer en bonne position sur la liste de son parti pour un mandat à l'APW que j'ai gentiment refusé parce que dans notre pays un parti démocratique et comme une prison pour un poète qui rêve de grands espaces de liberté. C'est le carcan de l'archaïsme au nom du devoir de réserve.
Tout sauf démissionner... C'est à se demander s'il ne sont pas cloués à leurs sièges !
Et voici le genre "d'élus" que nous avons. Ils acceptent de servir d'objets décoratifs dans les salons calfeutrés des palais, d'applaudir, de paraître uniquement pour un salaire complémentaire ou les affaires.
En attendant la ville et ses habitants sont livrés à eux-mêmes. Les associations qui veulent vraiment travailler sans être caporalisées sont bloquées en amont et en aval. Nous avons même eu des responsables d'associations qui ont été jetés en prison comme de vulgaires voyous. Cas du docteur Benkadri Hocine avec le wali Boudiaf Malek qui se prenait pour un faraon.
En atendant... En attendant... En attendant...
Mais il y en a marre d'attendre sous le règne de la médiocratie et la mafiocratie.
Vivement des vrais élus choisis par les citoyens sur un programme de travail et des idées novatrices.
Hocine Mahdi
Le 27 octobre 2011
*) Walis, maires, administrateurs, direction de l'urbanisme et celle du patrimoine, "élus" sans base militante (fraude électorale).

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