Par Hocine Mahdi
Dans un entretien fleuve accordé ce jeudi à El Watan l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, n'a nullement failli à la tradition paternaliste des mauvais élèves qui se muent en donneurs de leçons qu'ils ont très mal apprises.
Selon lui le Printemps arabes est une "fausse bonne idée". Cela veut dire quoi ? Mystère !? Nous y reviendrons dans une prochaine chronique.
Selon lui, en ce qui concerne les relations franco-algériennes, il faut faire abstraction de tout et ne voir que le commerce et les affaires qui placent la France en tête de liste des fournisseurs de notre pays, nous causant des préjudices énormes car, pour les mêmes critères qualité prix, l'échange avec l'Allemagne ou le Japon nous fera économiser au moins 30% des dépenses. En fait c'est un appel à peine déguisé d'oublier impérativement tout le reste. Nous croyons que sur ce plan là il est en parfaite symbiose avec le président de l'Assemblé nationale algérienne croupion et le premier ministre algérien : déchiqueter les pages noires de 132 ans de campagne de pacification civilisationnelle à coups de pogroms, de déportation, d'acculturation, de reniement de notre appartenance à l'espèce humaine. Sur ce sujet nous reviendrons aussi dans une prochaine chronique.
Pour l'instant, c'est d'une importance capitale à relever, nous nous fixons sur son évocation du semblant de méa culpa du ministre français des affaires étrangères, le nommé Alain Juppé, qui s'est inspiré de son brouillon patron Sarco-le-coco pas du tout drôle :
"- On a peut-être eu tort, nous français, de croire que la stabilité (des dictateurs) l'emportait sur la démocratie (réclamée par les peuples des anciennes colonies).
Admirez les circonvolutions, le style alambiqué, la mauvaise foi...
Admirez la politesse condescendante, insultante à l'égard des peuples de notre continent martyrisés, assoiffés de liberté et de justice sous l'emblème d'une indépendance virtuelle.
Que font donc le "peut-être" et le "croire" dans une phrase qui se veut un appel à la compréhension, plutôt à l'oubli comme le font toujours les grandes puissances après un massacre impardonnable parce que se sachant immunisées contre la loi ?
Voici une autre tentative d'escroquerie politico-intellectuelle de "positiver" l'histoire horrible de la France postcoloniale.
Écoeurant quand on connaît l'étendue des connaissances du cacique Alain Juppé !
Mais enfin qui a remis le pouvoir à vie à Houphouêt Boigny en Côte d'Ivoire, à Omar Bango, à Senghor ?
Qui a intronisé Bokassa, Déby et Gbagbo ?
Qui a offert en héritage le Gabon au batard de Omar Bango ?
Que de dictateurs sanguinaires la France n'a t-elle imposés à la tête de ses anciennes colonies, sous le contrôle de "conseillers" militaires et des ambassadeurs français ?
Et pourquoi, s'il vous plaît ?
Pour perpétuer son pillage des précieuses richesses de notre continent sans prendre le risque de sacrifier la vie des bons soldats français ni de salir le drapeau de la république française. La protection des intérêts français en Afrique étant confiée à des amis loyaux de la France : les dictateurs étant plus efficaces dans les opérations répressives.
C'était la stratégie de la république française postcoloniale.
La stabilité des dictatures sanguinaires était primordiale. Le dictateur servant en priorité les intérêts français dans son pays et les intérêts de sa propre famille...
Aussi l'un des soucis majeurs de ceux qui ont gouverné la France durant ces cinquante dernières années a été la stabilité des régime "amis". Le système est parfaitement rodé: des cadres de l'armée française forment, entraînent, équipent, guident l'armée du dictateur qui a les prérogatives de déclencher les campagnes de répression sauvage contre ses concitoyens utopistes qui revendiquent une indépendance réelle de leur pays.
Non. Les formules alambiquée ne sont pas admises pour expliquer un soutien inconditionnel de la France, pendant plus d'un demi siècle (et cela continue) au terrorisme d'Etat en Afrique où la France dicte sa loi aux dictateurs dans les secteurs les plus sensibles.
"-On a eu peut-être tort, nous français, de croire que la stabilité devait l'emporter sur la démocratie-".
Non. C'est trop facile de se chercher des circonstances atténuantes avec le "peut-être" et le "croire" car la stabilité était voulu et décidé par les services de l'Elysée.
Nous posons quelques questions très simple mais nous doutons que le brillant Alain Juppé aura le courage de nous répondre :
Pendant ces cinquante dernières années où l'Etat républicain français a soutenu et souvent protégé les dictateurs dans ses anciennes colonies, combien de citoyens furent embastillés, exilés, assassinés, enterrés vivants ?
Combien de génocides furent perpétrés avec la complicité de l'armée française (cas du Rwanda) ?
Combien d'opposants de l'envergure de Mehdi Benbarka furent piégés par des ministres et des barbouzes français et remis à des Oufkir qui les ont fait fondre dans des bassins de chaux vive ?
Alain Juppé est un vieux routier des ministères de souveraineté en france. Il est l'un des plus brillants et des mieux placés hommes politiques à savoir pourquoi l'Etat républicain français oeuvrait ouvertement et inlassablement à la stabilité des dictatures contre les aspirations des peuples de notre continent à la démocratie, à la justice...
Jusqu'au dernier jour du règne sanguinaire de Zine el Abidine Ben Ali la France avait proposé d'exporter ses gendarmes en Tunisie pour mater la rébellion. Heureusement que le dictateur avait pris rapidement la fuite. Pour la première fois dans l'histoire les insurgés ont pris de vitesse les grandes puissances qui avaient intérêt à protéger le dictateur ami (nous dirons leur harki).
A l'évidence, pour les Africains du Nord au Sud, la France postcoloniale n'est pas plus humaine que la France coloniale.
Allez donc visiter les pays où les grosses entreprises françaises ont le monopole sur l'exploitation des gisements miniers : pétrole, uranium, or. Les peuples vivent à l'âge de pierre. En cinquante ans l'Etat français républicain a eu largement le temps et les moyens techniques et financiers d'y construire les infrastructures de base dont a besoin un pays pour sortir du sous développement. Rien qu'en prélevant un petit pourcentage sur les faramineux bénéfices des grosses entreprises comme Elf-Aquitaine, Avéra, les banques et en réduisant les dépenses en armement périmé.
Le 28 Août 2011
Hocine Mahdi
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