Deux mois avant d'avoir été assassiné par des monstres Youcef Sebti avait animé un chaud débat dans une atmosphère explosive. Dans les année 1990 ce n'était pas un Hamid Grine, un Yasmina Khadra, un Azzedine Mihoubi ou un Waciny Larej qui auraient accepté un tel défi contre l'obscurantisme dans une ville aussi conservatrice que Constantine gérée par des élus islamistes. Il nous suffit de dire que pendant toute la soirée des extrémistes menaçaient de faire sauter le Palais de la culture El Khalifa.
J'ai eu la chance et le plaisir d'avoir été à ses côtés, à la tribune, en qualité de modérateur et de conférencier. Les organisateurs de l'événement culturel (c'en était un et pas des moindres) étaient des anciens élèves de l'école des beaux arts d'Alger à l'époque ou Kada et Issiakhem bourlinguaient à travers une Algérie qui croyait à l'utopie généreuse du socialisme spécifique.
Quelques artistes peintres de talent et rebelles avaient créé un club pour casser la routine de l'Union nationale des Arts plastiques que chapeautaient des incultes. C'était la pratique du FLN. A l'exemple de l'union des écrivains algériens d'où ont été exclus les vrais militants de l'action culturelle en Algérie, comme Mouloud Mammeri qui en était l'un des fondateurs. Le club Sodfa osait des actions et organisait peu de manifestation, mais de bonne qualité. Il continue de résister à la "caporalisation" des association civiles.
Quelques artistes peintres de talent et rebelles avaient créé un club pour casser la routine de l'Union nationale des Arts plastiques que chapeautaient des incultes. C'était la pratique du FLN. A l'exemple de l'union des écrivains algériens d'où ont été exclus les vrais militants de l'action culturelle en Algérie, comme Mouloud Mammeri qui en était l'un des fondateurs. Le club Sodfa osait des actions et organisait peu de manifestation, mais de bonne qualité. Il continue de résister à la "caporalisation" des association civiles.
Dans les années 1990 Constantine agonisait. Et il était très difficile de dénicher des intellectuels de haut niveau pour une soirée ramadanesque qui se voulait à contre-sens de la routine habituelle.
Youcef Sebti aussi marchait à contre-sens de la routine. Il répondait prioritairement aux invitations des associations culturelles des petites villes et des villages où ses hôtes n'avait pas grand chose à lui offrir sur le plan du confort matériel mais rassemblaient des auditeurs passionnés qui n'ont que de rares occasions de voir dans leur village un intellectuel connu et reconnu. D'ailleurs il snobait régulièrement les manifestations à gros budget où les conférenciers et autres intellectuels de "renom" ne daignent pas assister aux activités programmées. Vous ne remarquerez leur présence que le jour de l'inauguration et pendant la soirée de clôture. Ils font cela par respect à son excellence le Wali qui finance généreusement leur séjour et leurs orgies dans des hôtels de luxe.
Youcef Sebti n'appartenait pas à cette engeance de goinfres et d'opportunistes pourries par le partage de la rente. Il fuyait le luxe tapageur. Il ne ratait pas une seule séance par respect aux conférenciers et aux membres de l'association organisatrice de l'activité.
C'était un petit bout de bonhomme au grand coeur, aux convictions bien ancrées et d'une grande correction. Comme tous les grands esprits qui ne courent pas derrière les décorations, il donnait sans rien attendre en retour ni prendre la grosse tête.
Et il avait beaucoup à donner !
Après le débat le plus houleux que nous ayons connu au centre culturelle El Khalifa nous avions poursuivi la discussion au restaurant de l'hôtel Cirta autour d'un mesfouf commercial. Nacer Benmici, Daas Ali, membres du Club Sodfa, et votre serviteur avions vécu le plus long S'hour de notre vie en compagnie de Youcef Sebti en rébellion. Il était rongé par la perversions des révolutionnaires arabes qui, après avoir usurpé le pouvoir sont devenus les grands ennemis des peuples arabes en leur confisquant tous les droits citoyens grâce à l'armée et la police politique.
Au nom de la légitimité historique...
Au nom des martyrs...
Sous le ridicule prétexte que les peuples arabes sont immatures et ne demandent qu'à manger à leur faim...
En lançant son plan de Constantine le général de Gaulle pensait de cette manière. Mais il était le président de la puissance coloniale qui ne voulait pas entendre parler d'une Algérie indépendante quitte à massacrer les deux tiers des "indigènes".
Youcef Sebti n'arrivait pas à digérer cette coïncidence/connivence entre les pensées des révolutionnaires arabes et du colonisateur.
Il souffrait également du fait qu'il ait dépensé des tonnes d'énergie pour réconcilier Tahar Ouatar et Tahar Djaout.
Autant Djaout était disposé à renouer les liens confraternels avec son aîné qu'il respectait, autant Ouatar était chargé de haine pour le prétendu francophile (fils de la France).
Prétendre cela de Tahar Djaout qui a été de tous les combats pour une Algérie souveraine, prospère et juste à l'égard de tous ses enfants, c'est insulter l'histoire.
Tahar Ouatar l'a fait injustement et Youcef Sebti, qui était un parfait bilingue, avait quitté El Djahidya (association culturelle présidée par Ouatar).
C'était la conséquence du stupide et stérile combat entre les arabophones et les francophones qui a fait reculer l'Algérie de plusieurs décennies au moment où le monde s'ouvrait à toutes les cultures universelles.
Malek Haddad n'avait-il pas brisé sa talentueuse plume en jurant de ne plus écrire en français à cause de ce combat rétrograde et des agressions de ses cons-frères ?
Et cet énorme gâchis révoltait Youcef Sebti qui l'imputait au cuisant échec des révolutionnaires arabes de Boussaoud à béni sayoud, comme disent nos sages.
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Le 18 Juillet 2011
Mahdi Hcine
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NB :
NB :
Un jour, peut-être, naitra un éditeur intelligent qui rassemblera les chroniques de Youcef Sebti dans un volume.Ce sera un éclairage sur les années de plomb vécu par les Algériens.
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