Jusqu'à présent l'ignorance, la famine, le sous-développement des anciennes colonies françaises en Afrique sont imputables à la politique néo coloniale de l'Elysée.
En effet, depuis les années 1960 Paris gouverne une partie du continent africain par l'intermédiaire de dictateurs sanguinaires dévoués à la France, encadrés et protégés par des militaires et les services de sécurité français.
Ce système a été imaginé sous la présidence du général de Gaulle, bousculé par la guerre d'Algérie, qui ne voulait pas que la France perde la main sur les immenses richesses naturelles que recèle la partie du continent africain qu'elle colonisait.
Nous avons brièvement résumé la situation catastrophique sur le plan humanitaire des anciennes colonies françaises en Afrique parce que les générations actuelles sont très mal informées sur les tenants et les aboutissants du système colonial qui n'a jamais été positif pour les peuples colonisés*. Ces générations pensent donc comme les précédentes :
"Les peuples africains sont incapables de reconstruire et de moderniser leurs pays sans les colons".
C'est un peu logique puisque les manuels scolaires et tous les présidents et gouvernements qui sont venus après le général de Gaulle n'ont jamais reconnu les atrocités du système colonial et de son bâtard le système néo colonial.
Surtout ils n'ont jamais parlé des sequelles du colonialisme sur l'être humain.
Imaginons, monsieur le président, que pendant les soixxante dernières années les entreprises Total et Aréva aient consacré le dixième seulement des bénéfices, qu'elles ont tirés de l'exploitation à outrance des gisements africains, à la construction des infrastructures et des équipements socio économiques dans les pays spoliés.
A quel niveau de développement seraient les pays en question où règnent aujourd'hui, comme pendant l'horreur coloniale, l'ignorance, la misère, la criminalité, le chômage ?
Idem pour les milliers d'entreprises françaises qui tirent leur prospérité des richesses naturelles des anciennes colonies et remplissent les comptes bancaires que détennent les dictateurs dans les paradis fiscaux en Europe: Suisse, Luxembourg, Monaco ect, avec la bénédiction des gouvernants français.
Aussi quand nous vous avons entendu évoquer le triste sort de la Françafrique nous nous sommes mis à rêver de l'éradiction de l'ignorance et de la pauvreté, de l'instauration de l'Etat de droit là où le général de Gaulle avait installé des dictateurs à la solde de la république française.
Car, en soixante ans, vous êtes le seul président de la Vème république française à déclarer vouloir regarder avec réalisme les exactions du colonialisme et la situation de la Françafrique.
Notre surprise est si grande.
C'était inespéré.
Nous ne demandons pas la repentance.
Ce stade est dépassé.
Mais la France doit reconnaitre ses crimes.
Elle doit accompagner ses anciennes colonies à rattraper leur retard dont elle est la principale cause. Dans tous les domaines :
Scientifique, technologique, sanitaire, en infrastructures et en équipements qui sont les poumons du développement.
Que les entreprises françaises continuent d'avoir la priorité ou l'exclusivité dans ses anciennes colonies sans contrepartie, c'est un mal absolu puisque les peuples de ces pays vivent toujours dans les mêmes conditions infra humaines qu'avant 1960.
Le système néo colonial instauré par le général de Gaulle n'a servi qu'à sauvegarder les intérêts économiques et géostratégiques de la républlique française en ignorant les souffrances des peuples africains.
Nous insisterons sur cet aspect destructeur du néo colonialisme.
La France, sous la Vème république, n'a t-elle pas fomenté de nombreux coups d'Etat, des guerres civiles, des génocides pour se maintenir dans ses anciennes colonies ?
Vous l'avez très bien compris, monsieur le président.
Le pillage néo colonial des richesses naturelles du continent Africain n'est pas plus moral, plus humain, plus légal que ne l'était le pillage sous le système colonial.
Dans les deux cas les indigènes sont condamnés à l'indignité, à la survie, à l'asservissement, à l'ignorance, pendant que les entreprises françaises remplissent les caisses du Trésor français et les comptes bancaires des actionnaires français (pétrole, uranium, or et autres matières précieuses à haute valeur ajoutée inexistantes dans le sous-sol français).
Soixante ans après l'indépendance fictive d'une grande partie du continent Africain...
Est-ce le début de la fin d'un régime inhumain ?
Nous nous réjouissons d'avoir enfin entendu un président français parler sans complexe aucun de la forfaiture que constituent la Françafrique et les crimes du colonialisme.
Mais nous attendons des actes concrêts qui rapprocheront nos peuples pour un vrai partenariat.
Ainsi le passé colonial non assumé avant vous ne sera plus une source de rancune, de haine, d'affrontements que des politiciens sans honneur attisent par intérêt à chaque campagne électorale.
L'histoire de la colonisation a été écrite avec le sang et les larmes des femmes et des hommes épris de liberté et de justice.
Aux héritiers d'avoir la grandeur de l'assumer.
Merci, monsieur le président d'avoir commencé à déverrouller les portes sur un avenir de convivialité entre des peuples que des politiciens spoliateurs ont dressés les uns contre les autres.
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Hocine Mahdi
Le 10 Juin 2012
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*) La situation du peuple palestnien en 2012 illustre les souffrances des peuples africains sous la colonisation.
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