Thursday, June 21, 2012

Algérie : Revenons aux résistants de la 25ème heure

Ceux qui suivent mes écrits et connaissent mes virulentes réactions contre des intellectuels ou pseudo qui s'engagent dans des combats qui me semblent rétrogrades me comprendront.
N'étant pas un donneur de leçons moralisantes je n'ai jamais critiqué les intellectuels algériens qui ont visité Tel-Aviv avant et après le génocide de Gaza.
A chaque fois je me dis que s'il y a des chrétiens et des juifs de la réputation de Noam Chomsky, Stéphane Hessel et l'abbé Pierre qui ont failli se faire assassiner à cause de leur soutien à la décolonisation de la Palestine, pourquoi regarder au ras des paquerettes ?
Ce serait tout simplement rabaisser un grave débat au niveau d'une chamaillerie de bistrot.
L'année dernière j'ai bien ri de la posture d'un chanteur tunisien qui avait animé des soirées à Tel-Aviv.
Une séquence édifiante :
Au cours d'une soirée des spectateurs lui bourraient la bouche de billets de banque en lui demandant de crier "Vive Netanyahu".
Et le chanteur a répété le slogan plusieurs fois sous un tonnerre d'applaudissements.
Et comment ne pas rire du ridicule spectacle d'un chanteur maghrébin, la bouche pleine, qui honore un criminel de guerre sioniste qui a sur la conscience la mort gratuite de milliers d'enfants, de femmes, de vieillards palestiniens et libanais.
A mes yeux la posture de Boualem Sansal est pire que celle du chanteur tunisien. 
Je n'ai aucune raison, vraiment aucune, de lui reprocher son séjour chez les sionistes.
De nombreux écrivains, journalistes, artistes maghrébins et arabes l'ont fait avant lui.
Les uns à l'effet de mieux comprendre une catastrophe humanitaire où les USA s'impliquent en nous donnant le sentiment qu'ils sont les uniques commanditaires et bénéficiaires de la colonisation de la Palestine et d'une partie du territoire syrien. Ce qui bloque tout le Moyen Orient dans une situation de ni guerre ni paix. Situation qui maintient les peuples de la région dans un grand retard de développement éconmique, technologique, industriel*.
Les autres pour s'attirer les faveurs des médias pro sionistes en Europe dont l'impressionnant travail de communication leur facilite l'accès à de brillantes carrières.
Mais en lisant les entretiens de Boualem Sansal et en visionnant plusieurs fois la vidéo mise en ligne par Médiapart j'ai découvert un intellectuel qui a une trentaine d'années de retard sur les évènements.
Le plus navrant pour un si brillant talent c'est qu'il affirme avoir cassé des tabous en se rendant à Tel-Aviv. Or, tout ce qu'il a fait c'est de défoncer des portes largement ouvertes. Mais il a trouvé l'appareil de propagande sioniste prêt à magnifier ses lapalissades.
Boualem Sansal n'est pas intellectuellement borné mais il a fait pire dans le guignolesque que le chanteur tunisien.
Dans le guignolesque et dans le ridicule...
En affirmant avoir réinventé la roue et la  charrue.
Cela ne peut s'expliquer que par son lisse itinéraire d'un docile commis de l'Etat.
Voici un fonctionnaire qui n'a jamais fait de vague avant les années 2000, se prélassant dans le confort ouaté des hauts commis de l'Etat portant des oeillères et tournant la langue sept fois dans la bouche avant de parler.
Ne pas réfléchir et se taire sont les conditions incontournables pour toute promotion dans les départements ministériels.
Son ami Rachid Mimouni était un fonctionnaire de l'Etat comme lui. Mais dès les années 1970 sa plume dérangeait le pouvoir car il défendait la liberté et la dignité humaine avec un langage de vérité que les autorités ne toléraient pas.
Parce qu'il n'était pas obsédé par une promotion comme Boualem Sansal.
Il était un homme libre.
Il avait l'ambition de se battre pour la liberté mais, au Maghreb et dans le monde arabe, son juste combat est imcompatible avec l'ambition de s'incruster dans une haute fonction dans un département ministériel.
Rachid Mimouni n'était pas homme à se taire sur une injustice, une hogra et l'arbitraire en espérant une promotion.
Boualem Sansal s'est contenu pendant plus de trente ans dans la posture des b'ni oui oui, pas contents peut-être mais silencieux. Car le silence rapportait gros : sécurité de l'emploi et promotion.
Où était-il en 1980, 1982, 1986, 1988, de 1990 à 2000 ?
Il était frileusement barricadé derrière le mur de l'opportunisme, du silence rémunéré et de la lâcheté quand son indiscutable talent d'écrivain pouvait contribuer à faire bouger les choses.
En ces périodes de feu son ami Rachid Mimouni parcourait l'Algérie dans tous les sens pour combattre l'obscurantisme.
Sans protection.
Il n'avait que sa plume et son amour de l'Algérie à opposer aux bombes et aux couteaux des tueurs qui ciblaient spécialement les écrivains, les artistes, les journalistes et les citoyens qui n'avaient pas mis genoux à terre.
Ni face au pouvoir ni face aux obscurantistes.
Et il est mort de chagrin au bout d'un magnifique parcours de combattant pour la liberté, la démocratie, la dignité humaine dans une Algérie qui a été empêchée d'achever sa très belle révolution par des révolutionnaires pervertis.
Boualem Sansal : une réplique du chanteur tunisien,  la bouche pleine de billets de banque, criant  "Vive Nétanyahu" ?
J'ai eu cette image en visionnant plusieurs fois la vidéo de son entretien avec le directeur de Médiapart. 

Hocine Mahdi

21 juin 2012
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*) Les pays du Moyen Orient axent tous leurs efforts sur l'équipement militaire, les armes et la sécurité. Ils sont les plus gros clients de l'industrie de l'armement d'Europe et des USA. Les dictateurs négligent l'investissement créateurs de richesses et d'emplois pour cette raison.               

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