Le charme de la promenade s'est envolé. Adieu poésie.
Face à moi le bonhomme semblait me reprocher la chance d'admirer le paysage et de rêvasser tandis que lui a traversé la moitié de la ville pour pouvoir s'acheter un kilogramme de pomme de terre et du pain. Il me salue et reprend son chemin. Je marche sur un kilomètre avant de trouver un taxi qui me dépose à la station du téléphérique. Dès que je m'installe dans une cabine une grosse colère s'empare de moi. La radio locale* diffuse un reportage sur les catastrophiques conséquences de la neige. Routes bloquées, administrations et services du transport public paralysés, hôpitaux sans médecins, flambée des prix, pénurie du gaz butane et des produits de première nécessité. Le président ou un membre de l'union des commerçants impute les pratiques spéculatives à des revendeurs à la sauvette. Faux. Je le connais bien, le monsieur. Il était honnête avant d'être élu à la tête de l'union des commerçants. Pourquoi débite t-il des mensonges comme font les ministres, les walis, les maires quand ils n'ont pas la volonté de résoudre des problèmes de société. Incompétence, négligence, je-m'en-foutisme... Savoir bien à l' avance et ne pas prendre des précautions pour épargner des difficultés aux citoyens, c'est leur spécialité. Ce qu'ils disent à la journaliste qui les interroge est le contraire de ce qui se passe. Ils affirment avoir réglé 99 % des problèmes que posaient les citoyens.
Honteux mensonges !
Me voici à souk el acer qui a perdu sa réputation de marché des "pauvres". L'oignon et la pomme de terre y tiennent la vedette. C'est la grosse foule autour de trois marchands qui en vendent. Prix moyen : 90 dinars. Ces mêmes marchands vendaient la pomme de terre à 45 dinars avant la tempête de neige et n'ont pas pu s'approvisionner après. Donc ils ont doublé les prix sans justification.
Il fut un temps où les commerçants de Constantine avaient d'autres valeurs. Ils spéculaient sur tout sauf sur les produits de première nécessité. Ils vendaient à perte et à crédit à leurs clients insolvables. Ils n'avaient pas cet appétit d'usurier ni la cruauté de détrousser les petits salariés en ce servant du registre de commerce comme d'un permis d'escroquer leurs clients.
De nos jours c'est le braquage caractérisé.
Cette fois la tempête de neige à coïncidé avec la célébration du Mawlid Ennabawi. Et comme à chaque fête religieuse les commerçants ont bien aiguisé leurs couteaux pour saigner les citoyens aux salaires moyens...
Ramadhan, Aid, Mouharam, Achoura, le froid, la neige, l'inondation, le tremblement de terre... Tout est prétexte à spéculation parce que la notion de l'Etat n'existe plus. Parce que les gouvernants font le moins d'effort possible pour réguler le marché avec l'idée que plus les citoyens sont préoccupés par le couffin moins ils ont d'énergie de se mêler des affairent sérieuses du pays. Les pratiques spéculatives sont organisées pour faire diversion. Cela fait près de 40 ans que tous les gouvernants ont pris le "ferme" engagement d'y mettre fin sans en avoir l'intention. En 40 on peut entièrement raser et reconstruire un pays.
Un cas illustre parfaitement la mauvaise volonté des gouvernants qui déclarent une chose et font son contraire: celui de la semoule.
Bien que taxée à mille dinars et à mille cent dinars, presque tous les détaillants la revendent entre 1250 dinars et 1480 dinars. Personnel et équipement insuffisants des services de contrôle. Même les associations de défense des consommateurs sont complices.
Et puis, chez nous, les gros et moyens requins passent miraculeusement à travers les mailles qui ne retiennent que le menu poisson.
C'est cela l'Algérie du FLN et du RND.
Mensonges des administrateurs cooptés dans les marécages de l'opportunisme. Tolérance des pratiques criminelles de la mafia et des affameurs...
Et toujours la rengaine du "Tout va bien" chantée à tue-tête par tous les responsables locaux et nationaux quand tout va très mal.
A l'orée du troisième millénaire une petite tempête de neige a bloqué une grande partie du pays
Hocine Mahdi
Le 11 février 2012
*) Cirta FM.
No comments:
Post a Comment