Nous avons visité plusieurs nouvelles villes qui, aux yeux avertis des hauts décideurs, seraient des cités modernes. Nous prenons en exemple la nouvelle ville Ali Mendjli, prolongement naturel de Constantine sur le plateau d'Ain el Bey et dont nous avons plus d'une fois parlé.
Caractéristique principal: elle a dévoré un budget exorbitant mais elle est d'une laideur stressante sur tous les plans. Elle est la copie conforme des milliers de cités de transit qui furent, en extrême urgence, construites dès la fin de la deuxième guerre mondiale parce qu'il fallait reloger des dizaines de millions de familles sans abri à cause des bombardements. En Europe de l'Ouest c'est à partir de 1960 que ces cités ont commencé à être rasées et reconstruites avec le souci d'offrir une meilleure qualité de vie aux habitants.
Sur les plans et en maquette la nouvelle ville Ali Mendjli a de quoi séduire en matière d'infrastructures, d'aménagement des lieux publics et des espaces de loisir. Dans la triste réalité ce n'est qu'un gros bidonville dont les immeubles ressemblent à ceux des centres de regroupement des ouvriers et ont vieilli d'un siècle en cinq (5) ans.
Des terrains vagues partout dont beaucoup ont été détournés de leur destination première. Routes et trottoirs défoncés, pas d'espace vert digne de ce nom. Le seul jardin public qui existe a la taille ridicule d'un mouchoir. Lui aussi a été détourné de sa vocation et dénaturé. On est en train d'y construire une laide bâtisse qui occupe plus du quart de sa petite surface laquelle contient quatre boutiques. Pourtant il suffit de traverser la chaussée pour trouver des dizaines de boutiques, fast food, café, restaurants.
C'est une aberration en matière d'urbanisme.
Du jamais vu nulle part sauf dans le constantinois.
Les enfants et leurs pauvres mamans n'ont qu'à rester enfermés entre quatre murs toute la journée alors que les jardins publics et les espaces verts en milieu urbain sont conçus justement pour atténuer le sentiment de renfermement qui peut virer à la claustrophobie chez un bon nombre d'habitants qui n'ont pas les moyens de passer la fin de semaine hors de la ville.
La seule piscine qui fut construite et a coûté plusieurs milliards est à l'abandon depuis 12 ans. Elle est livrée aux mauvaises herbes et à l'érosion.
Du jamais vu nulle part sauf dans le constantinois où l'on réalise des structures indispensables très coûteux que l'on abandonne sans rendre des comptes pour un acte flagrant de dilapidation des deniers et des biens publics.
Nous avons noté, qu'à sa première visite en 2011, le nouveau wali Bédoui a été scandalisé par la conception globale de Ali Mendjli. Il se serait exclamé "Mais c'est un bidonville en dur".
Encore un point important:
Les autorités locales paient des entreprises du secteur privé pour le ramassage des ordures et le nettoyage des rues. Pour économiser des rotations des véhicules les employés incinèrent les déchets sous les fenêtres des immeubles. Ce qui est interdit par la loi parce que c'est un réel danger pour la santé des habitants, particulièrement pour les enfants.
Rien n'est fait dans les normes pour la gestion d'une nouvelle ville où ont été regroupés pèle mêle des milliers de familles qui ont fui les douars et les terres agricoles et ont longtemps vécu dans des gourbis à la périphérie de Constantine où il suffit de vendre n'importe quoi pour gagner le "pain" de la journée.
Nous ne savons pas ce que va faire de mieux que ses prédécesseurs le wali Bédoui. Nous lui avons demandé une rencontre en Juin 2011, il n'a pas répondu. Pourtant un membre de l'APW nous a assuré que l'entretien est inscrit dans l'agenda du wali.
Ce qui nous révolte c'est que tous les walis qui sont passés à Constantine ont laissé les situations pourrir parce qu'ils nourrissaient un grand mépris à l'égard des citoyens. Mais presque tous ont été promus ministres.
Ce qui nous révolte également c'est que l'argent ne fait pas défaut. C'est la volonté de bien faire et de dépenser rationnellement les deniers publics qui a toujours manqué aux autorités de la wilaya de Constantine.
Ah si la cours des comptes et les députés prendraient la décision d'enquêter sur le coût et la qualité des réalisations par rapport aux normes admises par les experts nous nous trouverons face à un scandale financier d'une ampleur inouï.
Mais nous ne sommes pas arrivés au stade de l'honnêteté et de la rigueur dans la gestion des biens et des deniers publics. Surtout pour les réalisations qui sont destinées aux citoyens d'en bas.
Nous y parviendrons lorsque nous obtiendrons le droit d'exercer en toute indépendance notre droit constitutionnel d'élire ceux qui nous gouvernent, ceux qui gouvernent nos villes et les procureurs qui veillent à l'application de nos lois sans discrimination aucune.
Hocine Mahdi
Le 27 Février 2012
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