Egypte : Hassanine Heikel Se Met A Table ???
Par Hocine Mahdi
Le 1° Novembre 2011
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Dans le monde Arabe H. Heikel demeure une référence. Son long parcours de journaliste du pouvoir égyptien lui a ouvert dans toutes les capitales occidentales les portes des palais et résidences des hommes qui ont dominé et asservi le Tiers Monde sur tous les continents avant et après la deuxième guerre mondiale.
Avec Djamel Abdenacer (Gamal), Anouar Es Sadate et enfin Hosni Moubarak il a été ce que nous appelons communément la voix officielle puisqu'il a longtemps été un cadre dirigeant et le principal éditorialiste d'El Ahram; cette véritable institution du régime à parti unique égyptien.
On n'est pas toujours d'accord avec ses idées quand on écoute Heikel mais on apprend bien des choses. On cumule une très importante somme d'informations vérifiables très utiles à la compréhension des déchirements que subissent les nations dites émergentes et le quart Monde à cause des visées hégémoniques d'une puissance qui s'est placée au dessus de l'ONU et des lois qu'elle a elle-même élaborées prétendument en faveur de la Paix dans le monde. Dans un Etat de droit Heikel aurait égalé les meilleures plumes de son siècle mais quand un très bon journaliste ne sert que des dictateurs pendant plus de soixante ans il ne laisse pas de liberté à son immense talent d'observateur, d'analyste, de projectionniste. Il se trace des balises plus contraignantes que celles désirées par son seul patron : le dictateur qu'il sert avec une grande fidélité, rarement par conviction, très souvent pour la position sociale et le confort matériel que lui confère l'entreprise étatique. Peut-être qu'avec Nacer il était plus journaliste que larbin. Avec Anouar Es Sadate il avait carrément aliéné sa liberté de conscience. Avec Nacer il avait l'âge des défis et des belles folies dont seul l'enthousiasme juvénile est capable. Il se mouvait à l'intérieur d'un système politique clos dont l'armée est (et restera encore longtemps) la colonne vertébrale. Comme dans toutes les dictatures arabes où elle est source de tous les pouvoirs de souveraineté : force de sécurité, intérieur, justice, finance, défense, médias, qui fonctionnent très mal d'ailleurs. Du moins dans les pays où la fin des guerres anticoloniales a enfanté le pouvoir pervers de la légitimité révolutionnaire qui, à son tour, a légitimé l'Etat de non droit au nom des Martyrs qui s'étaient pourtant sacrifiés pour la liberté et la justice.
Le 29 octobre 2011, sur le plateau d'El Djazzeera, parlant de la révolution de la magnifique jeunesse égyptienne qui va très certainement réussir à contraindre l'Occident à rééquilibrer ses relations dominatrices avec le Moyen Orient et le Maghreb, Heikel a affirmé que cela ne le générait pas si l'armée conserverait le pouvoir dans son pays. Selon lui les partis politiques n'ont pas l'expérience requise pour gouverner un pays de quatre vingts millions d'habitants mais il se tait sur un point essentiel. A savoir : que c'est le pouvoir dictatorial de l'armée qui a vidé le pays des citoyens qui avaient cumulé un savoir-faire et une culture politique qui les placent en position de bien gouverner un pays où malgré les défaillances du système éducatif la dernière génération des habitants est assez cultivée pour devenir une force participative dans le considérable effort de reconstruction inhérent à toute période post révolutionnaire.
Mine de rien, Heikel reprend à une virgule près les arguments vaseux que n'arrêtent pas de claironner stupidement le FLN en Algérie, le Baâth en Syrie, le PND en Egypte, le bandit de grand chemin Ali Abdallah Saleh, les rois de pacotille du Maghreb et du Moyen Orient qui sont désormais unis dans une énième association quasi familiale contre les peuples. Zine el Abidine, Moubarak, El Guedhafi, Hafed el Assad, tous ont ressasser le même argument vaseux "- Nous sommes les sauveurs de la nation, sans nous ce sera le chaos-". Bien entendu il faut leur reconnaître la diabolique intelligence d'avoir vidé leurs pays de leur sève, d'avoir corrompu des pans entiers de la société civile, d'avoir physiquement éliminé les opposants les plus visibles, d'avoir exilé la matière grise, d'avoir verrouillé les espaces d'expression libre et du débat contradictoire, d'avoir chloroformer les mémoire, d'avoir "folklorisé" la création culturelle et l'Histoire.
Faire tout cela pendant cinquante ans ou soixante ans dans un pays qui sort d'une longue nuit coloniale cela laisse forcément de profondes stigmates. Ce n'est pas un Heikel qui niera que la dislocation de la cohésion sociale était une arme entre les mains des dictateurs pour tenter de s'éterniser au pouvoir.
En reprenant les arguments de Bachar el Assad, de Ali Abdallah Salah, de Mohamed VI, du FLN (Boutelika aurait déclaré en cercle fermé que si le peuple lui demandera de partir il le fera*), des roitelets du Golfe, Heikel apparait sous les traits d'un apparatchik très nostaligue de la belle période où tous les palais de la nomenklatura lui étaient accessibles. Plus de soixante ans d'une carrière d'intellectuel de la présidence de son pays cela vous marque un homme. Ce n'est pas en insistant sur la situation géostratégique de l'Egypte qu'il nous convaincra du bien fondé de ses arguments. Oui l'Egypte a été engluée dans des relations avec le sionisme international et l'Amérique qui sont autant nuisibles au peuple égyptien qu'aux peuples du Moyen Orient et qui ont facilité les génocides de Gaza, de Sabra et Chatila, de Jénine, de Béthléem, la destruction de Beyrouth en 2006 (Moubarak était d'accord avec d'autres dictateurs arabes). D'ailleurs, sous la présidence de Moubarak, les forces de sécurité et l'armée d'Egypte ont décapité la résistance palestinienne et cautionné la destruction de la Moukata où fut isolé puis empoisonné Yasser Arafat. On aurait dit que Omar Souleimane et Tantaoui travaillaient directement sous les ordres de George Walker Bush et Ariel Sharon.
Heikel possède des informations précises sur cette page noir de l'histoire de Moubarak et de ses hommes de mains. En parlera t-il un jour ? Il ne le fera pas tant que les généraux de Moubarak seront en vie.
Comme il est très vieux...
Il est certain que le démantèlement des dictatures arabes avec toutes leurs superstructures souterraines et leurs relais en surface placera les pays libérés dans une phase de réorganisation très difficile. Mais à moyen terme cela deviendra mieux que la stagnation qu'imposent les dictateurs à leurs pays. Les plus grand pays du monde ont mis plusieurs années, voir des décennies pour goûter au délicieux fruits de la révolution. C'est comme un arbre que l'on plante, il faut le soigner, le protéger des parasites et des pyromanes et patienter un peu.
Vraiment nous ne comprenons pas Heikel qui passe sous silence que c'est la confiscation de la souveraineté citoyenne par l'armée et les forces de sécurité dans les pays arabes qui a facilité l'émergence de dictateurs sanguinaires comme Moubarak, Bachar el Assad, Abdallah Saleh, Ben Ali et consorts qui ont bénéficié du soutien intéressé des dirigeants démocrates européens et américains. Ce qui est vraiment sidérant aux yeux d'un démocrate arabe nourri malgré lui à la culture humaniste de l'Occident qu'il ne rejette pas totalement, d'ailleurs.
Quand même, grâce à Heikel nous avons appris qu'une délégation égyptienne s'était spécialement déplacée à Washington pour présenter à Gondoleezza Rice le futur président de Oum el Dounia : Djamel Moubarak.
Nous préférons un général avait-elle répondu sèchement.
Et le général était déjà choisi par Netanyahu et Barack Obama. C'était Omar Souleimane que la jeunesse révolutionnaire avait mis dans la même poubelle que Hosni Moubarak. La veille de la chute du dictateur c'est Tantaoui qui s'était rendu à Washington pour recevoir sa feuille de route.
Heikel est au courant du déplacemt en urgence du général Tantaoui chez Barack Obama.
Peut-être dans une prochaine émission d'El Djazeera il ne manquera pas de nous en parler.
Hocine Mahdi
Le 1° Novembre 2011
°) Nous pensons que tant que Bouteflika ne rendra pas le sigle FLN au patrimoine de la nation et s'accrochera à son APN croupion il ne partira pas.
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