Lire les poèmes de Nécib Said c'est voyager dans le temps. Les femmes et les hommes des siècles passés servent de repère au poéte pour conjuguer le présent et l'avenir.
Nécib Said chante le courage, l'amour, l'amitié, la liberté avec des vers ciselés comme des pierres précieuses.
En fouillant dans mes archives je suis tombé sur le texte d'une conférence que j'ai tenue en 1993 en présence d'un autre poéte, Youcef Sebti, qui sera assassiné quelques mois aprés.
En préambule à ma conférence j'ai lu un court texte en l'honneur de Nécib Said qui est aujour'd'hui agé de 71 ans.
Le 10 avril 2013 je lui ai rendu visite. Nous sommes tous les deux un peu malade mais, étant le plus jeune, c'était à moi de faire le déplacement pour goûter au plaisir d'un voyage dans l'antique berbérie. Said maitrise bien l'histoire millénaire de notre beau pays et la raconte comme un goual. Même s'il revient souvent sur des épisodes nous n'aurez pas à craindre de vous ennuyer, d'être gagné par la lassitude. C'est là tout le charme de déguster un verre de thé avec lui et de s'oublier en l'écoutant pendant des heures.
Vingt ans après la conférence qui s'est déroulée malgré les alertes aux bombes et les menaces d'agression, je reprends ici ce texte sans changer un mot.
-"Nous avons la triste, la mauvaise, l'insensée habitude de ne découvrir la valeur des hommes de culture et de coeur qu'après leur mort. Et chacun d'y aller de ses louanges ampoulées qui puent l'exagération sinon l'hypcrisie.
Faisons aujourd'hui le contraire.
Comportons-nous en êtres jouissant d'un minimum de maturité.
Il y a quelques années j'ai eu la chance de rencontrer un personnage très attachant. Au prime abord rien ne le distingue du citoyen "h'chicha talba m'icha". Peu à peu j'ai découvert que le petit fonctionnaire anonyme de cinquante ans, très modeste, est en vérité un poéte de la même génération que Sénac, Amrouche, Amrani.
Ses compositions sont lues et appréciées en Amérique, en Espagne, en France mais pas en Algérie.
Ne soyons pas surpris par cette aberration.
Au royaume du trabendisme et des charognards* la poèsie et un non sens.
J'aime mieux rendre hommage à un vivant qu'à un mort car j'ai trop de respect pour l'effort, l'intelligence et la créativité.
Ce soir le poéte est parmi nous. Sodfa Club à eu le mérite de l'arracher à son isolement. C'est pour moi l'occasion de lui dédier une modeste et brève composition.
C'est là la reconnaissance d'un ouvrier qui a pleinement conscience de ses limites à un orfèvre du verbe qui sous estime son talent.
Nécib Said, en plus du rare privilège de lire ta si belle poèsie, j'ai gagné ton amitié.
J'en suis très fier".
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C'est là la reconnaissance d'un ouvrier qui a pleinement conscience de ses limites à un orfèvre du verbe qui sous estime son talent.
Nécib Said, en plus du rare privilège de lire ta si belle poèsie, j'ai gagné ton amitié.
J'en suis très fier".
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J'ai ensuite invité l'orfèvre du verbe à se lever. Il le fait timidement.
Je n'oublierai jamais la réaction du public dans la salle.
Il était célébre dans la ville mais en tant qu'agent de guichet des PTT à la grande poste de Constantine.
Lui qui avait remporté plusieurs médailles d'or, d'argent et de bronze à de nombreux et prestigieux concours internationaux organisés par des associations européennes et américaines d'écrivains indépendants.
Eh oui, mes amis !
Au royaume du trabendisme et des charognards la poèsie est un non sens.
C'était en 1993, période sanguinaire où la mort fauchait cruellement des innocents par dizaines de milliers.
Que de femmes et d'hommes de valeur et de coeur la nation a perdu et pourquoi ?
La folie des grandeurs contre la sagesse et le bon sens ?
La soif du koursi ?
La soif du koursi ?
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Hocine Mahdi
-----Le 12 Avril 2013
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*)En cette décennie rouge poètes, écrivains, journalistes, musiciens, chanteurs étaient assassinés alors qu'ils étaient viscéralément opposés au pouvoir de la rente. D'ailleurs pendant les conférences les menaces de faire exploser le centre culturel El Khalifa étaient quotidiennes.
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Photo : Nécib et moi au Musée Cirta de Constantine.
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-----Le 12 Avril 2013
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*)En cette décennie rouge poètes, écrivains, journalistes, musiciens, chanteurs étaient assassinés alors qu'ils étaient viscéralément opposés au pouvoir de la rente. D'ailleurs pendant les conférences les menaces de faire exploser le centre culturel El Khalifa étaient quotidiennes.
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Photo : Nécib et moi au Musée Cirta de Constantine.
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