Qu'elles Sont Belles, les Insurgées !
Par Hocine Mahdi
Le 8 novembre 2011
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Deux femmes au milieu d'un grande tempête.
Révoltées, résistantes ou révolutionnaires ?
Qu'importe le qualificatif que l'on colle
A l'extraordinaire soulèvement
De la jeunesse arabes et maghrébines
Contre des oligarchies séniles
Qui l'enferment dans la mal vie et la désespérance,
Le non-droit et la l'oisiveté.
Deux femmes au milieu d'un ouragan.
Une Yéménite et une syrienne...
Auréolées de lumière.
Belles comme une journée de printemps qui tarde à égayer
Notre monde écrasé par l'injustice et l'incertitude du lendemain.
Tawakol Kermen, mère de trois enfants, journaliste,
Depuis des années présente dans les premiers rangs des contestataires
Contre le gang Ali Abdallah Saleh et fils qui a fait main basse
Sur le Yémen grâce à l'aide du monarque saoudien
Et de l'inévitable Washington qui tient tout le monde Arabe sous ses bottes,
Et sous le contrôle de ses bases militaires sur terre et en mer.
Dans cette immense région, la plus riche en ressources énergétiques,
Ne devient roi ou président que le chef de tribu qui lèche les bottes de l'Oncle Sam.
C'est ce que nous dit l'histoire.
Tawakol Kermem, femme de coeur, d'honneur, de conviction, de courage,
Campe jour et nuit avec les insurgés...
Soleil brûlant, pluie torrentielle, froid, neige, tempête de sable, fournaise,
Rien ne décourage cette femme à la fois si frêle et aussi solide qu'un roc.
Fatma N'soumer des temps modernes...
Que tu es belle quand tu cries "La vie sous la dictature est pire que la mort"...
Que tu es belle, Tawakol Kermen !
Fedoua Souleimane, artiste syrienne, prise dans la tourmente de Homs,
Ville qui enterre chaque jours ses morts en chantant l'hymne de la liberté.
Homs qui continue de manifester pacifiquement contre la dictature
Malgré des soldats sans honneur qui tirent à bout portant
Sur des citoyens armés de la seule volonté de libérer la Syrie
Du gang Bachar et sa tribu
Pour pouvoir vivre avec tous les attributs de la souveraineté.
Le premier jour de l'Aid el adha Fédoua a crié à visage découvert sa révolte...
Magnifique séquence transmise en direct par des chaînes TV du monde entier !
Ses paroles sont celles de tous les opprimés de la terre :
-"Sans liberté il n'y a pas de dignité et sans dignité la vie n'a aucun sens".
La journaliste la met en garde :
-"Fédoua, tu es en direct, tout le monde te voit et t'entend. Ne crains-tu pas une violente réaction des forces de sécurité ?"-
Fédoua répond spontanément :
-"Si des Syriennes et des Syriens de tous les âges et de tous les milieux meurent chaque jour, pourquoi pas moi ? En quoi suis-je meilleure qu'eux. Avant d'être une artiste je une citoyenne".-
Que d'écrivains, d'artistes, de journalistes syriens avons-nous entendus...
Tous ont appelés les manifestants à rentrer chez eux
"Pour déjouer le complot impérialiste fomenté contre le seul gouvernement du Moyen Orient qui défend "l'honneur" de la Nation arabe."
La version du pouvoir est ainsi magnifiée par des intellectuels de service à qui les médias publics ouvrent de larges espaces de propagande et de publicité.
Fédoua Souleimane a crié de toutes ses forces sa révolte contre la dictature d'une famille de gangsters qui a fait de la Syrie une plantation (une mazra'â) privée.
Que tu étais belle Fédoua au moment où tu disais que tu n'étais pas meilleure que les Syriennes et les Syriens qui sont assassinés chaque jour par l'armée, les services de sécurité et les "chébihas" sur ordre de Bachar le lion en papier hygiénique.
Je t'ai vue, je t'ai entendue, je t'ai sentie et j'ai ressenti ta juste révolte ô femme de bien, digne de Hassiba Ben Bouali, Mériem Bouatoura et Djamila Bouhired qui avaient tenu le même langage aux forces d'occupation.
Ne nous disons pas des mensonges.
C'est avec les pires méthodes des forces d'occupation que les dictateurs ont confisqué la souveraineté citoyenne en Afrique, dans le monde Arabe et au Maghreb, cultivant haine et frustrations, violence et désespoir que nous mesurons à travers les actions d'immolation et de fuite à l'étranger...
Auront-ils un iota de patriotisme pour se remettre en cause et remettre pacifiquement le pouvoir au peuple ?
Sans effusion de sang ?
Soyons réalistes.
Il faudra encore des dizaines de milliers de morts et des décennies de souffrances
Pour que les peuples de notre continent puissent accéder à l'indépendance.
Dans le sens noble du terme.
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Hocine Mahdi
Le 8 novembre 2011
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