Wednesday, June 29, 2011

Mohamed boudiaf: Mort programmée

Mohamed Boudiaf
Mort programmée ou piège grossier ?

Nous sommes en Avril 1992. Avec quelques amis artistes nous discutions du retour inimaginable de Mohamed Boudiaf. Nous étions très inquiets parce que le bruit courait de part et d’autre que sa mission s’achèverait fin juin 1992. C’était une période où « radio trottoir » était plus crédible que les « sources bien informées » d’en haut et la presse qui cherchait encore ses marques. En Mai la rumeur s’était amplifiée dans les lieux publics : ‘’Hama a décidé de changer Boudiaf fin juin’’.
« Hama » était le sobriquet collé aux décideurs invisibles qui planifient tout dans le dos de la présidence. Entre temps Boudiaf avait réalisé l’exploit irréalisable dans le monde arabe de mobiliser la majorité de la jeunesse et en marge des partis grâce à son projet d’écarter le FLN et le FIS de la scène politique.
Le soulèvement de 1988 avait ciblé le régime symbolisé par le FLN mais celui-ci était toujours aux commandes, masqué par une quarantaine de nouveaux sigles préfabriqués sous Chadli grâce à une loi qui autorisait quinze personnes à devenir un parti éligible et représentatif (de quoi ?). Du jour au lendemain des tortionnaires avaient enfilé sans honte le costume du parfait démocrate et créé une association politique généreusement subventionnée par l’Etat.
C’était l’œuvre souterraine du FLN, d’où les résultats catastrophiques de la mauvaise gouvernance de 1989 à 2011.
C’était le multipartisme de façade à la marocaine que Mitterrand avait recommandé à Chadli après le « chahut de gamins » du 5 Octobre 1988.
Le fait est que l’assassinat en mondovision de Mohammed Boudiaf s’est déroulé le 29 juin 1992. C’est à partir de ce jour que j’avais admis la théorie d’un pays dirigé par deux gouvernements, deux présidents et que les hommes qui gouvernent réellement ne se montrent jamais, ne parlent jamais à l’ENTV et à la presse, travaillent derrière un épais rideau noir que personne ne peut voir. J’ai écrit à l’époque une page entière sur El Acil et l’Hebdo libéré qui m’a valu un enlèvement et 9 heures de torture morale dans un lieu désert (que je ne suis pas encore parvenu à identifier) en guise d’avertissement : ne plus écrire dans les journaux ou être décapité. J’avais ouvertement accusé l’Etat de l’assassinat. En exprimant mes sentiments de citoyen indépendant de toute obédience partisane.
Près de 20 ans après cette forfaiture je cherche toujours le lien entre la rumeur entendue en Avril et Mai et la date du crime : le 29 juin…
Comme annoncé par RADIO-TROTTOIR trois mois à l’avance.
Faut-il croire à une simple coïncidence ?
Difficile d’y croire.
Le 27 juin 2011 Mahdi Hocine

No comments: