Les Egyptiens sont-ils sur la bonne voie ? Nous l'espérons de tout coeur car leur réussite sauvera le Moyen Orient et remettra le Monde Arabe dans la bonne trajectoire sur le plan international. En tous les cas nous assistons d'une semaine à l'autre à des victoires inespérées Les vendredi sont devenus des rendez-vous où les révolutionnaires établissent le bilan des activités antérieures, des progrés réalisés et de ce qui reste à atteindre des objectifs initiaux. Ce travail relève de la gestion exemplaire des affaires du pays. Ce qu'aucun gouvernement du Maghreb, du Moyen Orient et d'Afrique n'a jamais fait. Ce qui explique que malgré des millions de rapports et des dizaines de millions d'heures de réunion nous n'arrêtons pas de reculer dans tous les domaines alors que chaque réunion de travail d'un gouvernement doit rectifier des erreurs de gestion et améliorer la situation.
Tout naturellement la chute tardive du premier ministre Ahmed Chafik et de son bras droit Ahmed Abou El Gheit a donné un bon coup d'accélérateur au changement. Nous l'avions écrit, les évènements ne nous ont pas démentis. Le gouvernement hérité de Moubarak était le bâton qui freinait la roue révolutionnaire. D'ailleurs, dès le départ de Ahmed Chafik et Abou El Gheit nous avons été agréablement surpris par l'emballement salutaire du train du changement :
1)- Limogeage et mise en résidence surveillée du directeur général de la police politique Hassan Abderahmane.
1)- Gel des avoirs de Moubarak, son épouse, ses enfants, ses proches collaborateurs, ses associés.
3)- Interdiction de quitter l'Egypte notifiée au président déchu, sa famille et un bon nombre de ses proches collaborateurs.
4)-Dissolution du parti politique de Moubarak.
Bien entendu, il reste beaucoup à faire.
La presse écrite et l'audiovisuel du secteur public sont encore entre les mains des nervis de l'ancien régime. Les journalistes de la base ont réclamé leur éviction mais Ahmed Chafif avait fait la sourde oreille.
Secteur aussi sensible que la Justice pour le bon fonctionnement d'un pays, l'audiovisuel public mérite une grande attention.
Que fera le nouveau premier ministre Issam Charif pour neutraliser la puissante broyeuse de la pensée libre dont le régime policier de Moubarak avait usé avec l'extrême cruauté du Mac Cartysme contre ses opposants politiques, toutes les femmes et tous les hommes qui dénonçaient sa servilité vis à vis des sionistes et des américains.
Bien entendu, il reste le problème des disparus et des morts de la place de la Liberté qui furent appréhendés par la police militaire pendant les manifestations pacifiques.
Cependant nous constatons avec un grand soulagement que les jeunes déclencheurs de la révolution du 25 janvier 2011 ont tracé une feuille de route qui ne néglige aucun des points que nous avons relevés. En plus Issam Charif est le seul premier ministre du Monde Arabe qui tire sa légitimité du peuple. N'a-t-il pas eu droit à un tour d'honneur sur les épaules des manifestants sur la place de la Liberté? Il nous faudra un siècle ou deux pour revoir cette scène spontanée de bonne entente entre gouvernants et gouvernés en Algérie, en Arabie Saoudite, en Syrie, en Libye, au Bahrein ou au Maroc. Va t-il protéger des "intellectuels" du ventre dont la mission a été jusqu'à la dernière minute de cirer les bottes du dictateur, de mentir, de désinformer, de travestir la vérité, de manipuler l'opinion, de danser sur la musique de "tout va bien" au moment où les services de sécurité, les milices du PND renforcées par des récidivistes du droit commun et des chômeurs grassement payés avec l'argent de l'Etat assassinaient des manifestants pacifiques dans plusieurs villes de l'Egypte ?
Assurément, la révolution est en marche. Elle a atteint le point de non retour.
Vendredi prochain apportera d'autres victoires, nous le croyons très fort.
La Tunisie connaît le même cheminement à un rythme soutenu.
Au lendemain de la chute de Mohamed Ghannouchi, fidèle parmi les plus fidèles hommes de main de Ben Ali la mécanique du changement s'est soudainement débloquée. Les révolutionnaires tunisiens ont bruyamment fêté la dissolution par voie judiciaire du RCD, surnommé le parti des rats, des chiens et des diables*. Que de mal a fait ce parti au pays et aux citoyens. Désormais il est rangé dans la cave des mauvais souvenirs. Il ne retardera plus le développement qualitatif de la nation tunisienne. Il y a eu aussi l'annonce de l'élection d'une assemblée constituante. La démocratie s'installe lentement mais très sûrement. Les séquelles de plus de soixante ans de dictature du RCD ne s'effaceront pas de si tôt. Nous croyons que le compte à rebours des derniers symboles du régime Ben Ali a vraiment commencé avec la chute du premier ministre Mohammed Ghannouchi.
Pour le Yémen, le Bahrein, le Kowet, la Jordanie, l'Arabie Saoudite le dérapage est à craindre. Quand sa majesté le serviteur de la Kabâa corrompt des imams pour colporter une fausse fetwa des plus groteques il faut s'attendre au pire : Les manifestations contre les zouama** en Arabie saoudite et dans le monde Arabe son " haram" (péchés). Les imams de service de sa majesté l'ont proclamé.
Pour ne pas aller en enfer les bons musulmans sont tenus de subir les despotes et leurs crimes en baissant la tête et en ravalant leur dignité.
Pour ne pas déplaire au bon Dieu le tout puissant les bons musulmans n'ont pas une autre voie à suivre.
D'un autre côté la Libye sera un test pour les pays du Maghreb. Kadhafi ne baissera pas les bras. Les civils assassinés, les destructions, l'embrasement des champs de pétrole entrent dans sa stratégie d'occupation de la Libye. C'est le combat d'un clan mafieux contre la population. Il répéte que son éviction du pouvoir provoquera une très forte migration des "nègres" en Europe, l'éradication "d'Israël" et fera de son pays une base de vie pour les terroristes qui se proclament d'el Qaïda. Il faut dire et redire que L'Europe lui verse annuellement quelques milliards de dollars pour torturer, assassiner, emprisonner des "nègres" qui transitent par son pays et la Tunisie avant d'émigrer clandestinement en Italie, en France et en Espagne. Kadhafi croit que même s'il assassinera la moitié de son peuple l'Occident le critiquera verbalement mais finira un jour par lui reconnaitre tous les droits s'il réussira à liquider les rats, les drogués et les terroristes qui contestent son pouvoir. Dans sa tête les vrais Libyens le soutiennent, l'adorent, sont prêts à mourir pour lui. Il a perdu le sens de l'Etat et de la chose publique. Il a perdu le sens de la réalité.
Que ne fera t-il pour amadouer la France, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Amérique qui n'en peuvent plus de le "réhabiliter" par intérêt ?
Il en est arrivé à divulguer des tractations secrètes avec les hordes sionistes dont il serait un allié contre la résistance armée palestinienne. Il en est arrivé à menacer Nicolas Sarkozy de révéler à la presse avec preuve sa contribution financière (illégale) à son élection en 2007.
Malheureusement tous les dictateurs et les monarques arabes ont perdu le sens de l'Etat et de la réalité.
Moubarak et Ben Ali ont été sacrifiés par leurs sponsors occidentaux pour sauver des régimes dictatoriaux qui les servaient comme des gardes chiournes. Mais les peuples Tunisien et Egyptien ont tout cassé : dictateurs et régimes. L'Europe et l'Amérique ont été contraintes de s'aligner sur les impératifs des révolutions populaires dans le monde Arabe.
Il y aura encore beaucoup d'embastillés et beaucoup de morts.
C'est cela la révolution.
L'important c'est que ni Hussein barack Obama ni Angéla Merkel ni Nicolas Sarkozy ne prendront plus le risque d'insulter l'avenir en protégeant des dictateurs (leurs harkis ou alliés) là où les citoyens se révolteront et réclameront liberté, dignité, justice.
Mahdi Hocine
*) Nous avons lu sur une pancarte d'une manifestante ceci : R rats C chiens D diables sur trois lignes (une ligne par lettre.
*) Zouama : Présidents, guides,
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