Le 12 mars 2011 restera le seul jour de l'histoire de la Ligue d'Amr Moussa où les ministres des affaires étrangères des pays membres aient voté, presque à l'unanimité, une résolution qui tend à protéger un peuple maghrébin de la folie meurtrière d'un dictateur arabo maghrébin. Nous souhaitons de tout coeur que l'avenir nous donnera tort et nous serons très heureux de notre erreur.
Kadhafi était la brebis galeuse ou, si l'on veut, le troublion de cette ligue hétéroclite, boiteuse, sans principe ni projet constructif pour la nation Arabe.
Faisons un clin d'oeil dans le rétroviseur.
A l'époque où une lutte sans merci opposait l'impérialisme financier mondial à l'impérialisme du prolétariat notre fragile planète était divisée en deux zones d'influences représentées par deux grandes puissances technologiques et nucléaires; les USA et l'Union Soviétique. En cette période de guerre dite froide mais qui a fait couler des fleuves de sang en Afrique, en Amérique du sud et en Asie il y avait quelques dirigeants du Tiers Monde qui menaient un combat de survie en marge des deux géants dont la sanglante rivalité fournissaient aux non alignés la possibilité de sortir leurs pays de sous-développement.
Kadhafi a su trouver un créneau dans le mouvement des marginaux dont Washingtton et Moscou se disputaient les territoires. Le guide Libyen se prenait pour un révolutionnaire de la lignée des "Che" Guevara mais il n'en avait ni l'envergure ni la philosophie ni l'altruisme. Ce n'est pas avec une mentalité tribale et une culture féodale que l'on peut s'engager dans un combat humanitaire de portée universelle.!
Le plus logiquement du monde la ligue Arabe était devenue une tribune où s'exprime avec une rare violence la rivalité des deux géants par les voix discordantes de nos dictateurs.
Les sommets ordinaires et extraordinaire donnaient lieu à des scènes lamentables où pro américains et pro soviétiques s'étripaient et s'insultaient comme de vulgaires chiffonniers en rélégant au dernier rang de leurs soucis les problèmes de la nation Arabe. Kadhafi se singularisait par un comportement haineux à l'égard des féodaux de la péninsule arabique, tous des pro américains qui ne pensaient qu'aux royalties du pétrole sans daigner se pencher sur la situation de leurs sujets.
Mais, comme tous les révolutionnaires arabes des années 60-70, Kadhafi a fini par se retrouver dans la peau d'un vilain dictateur : potentat sans couronne qui gère la Libye et ses immenses richesses avec l'esprit d'un propriètaire exclusif.
Que signifie donc l'adoption quasi unanime de la résolution du 12 mars 2011 souhaitée, peut-être commandée par Washington, Londre et Paris ?
Une semaine avant la réunion des ministres des affaires étrangères des dictatures arabes un signe évident était venu des mini émirats du Golfe. Les potentats avaient commencé à tirer à boulets rouges sur le guide suprême de la Jamahiria* libyenne. L'esprit revanchard teintait grossièrement les proclamations virulentes des porte-paroles des palais. Est bien malin l'observateur attentif qui décélera les considérations diplomatiquement admises en de telles circonstances.
La Ligue Arabe, avec tous ses monarques de pacotille et ses dictateurs liberticides, a condamné Mouamar Kadhafi parce qu'il a dépassé toutes les limites qui lui épargnent une agression de la part de l'OTAN sous le couvert du devoir et du droit d'ingérence. Sans rire nous avons remarqué que les ministres du Yémén et de l'Irak ont voté la résolution pendant que Saleh Abdallah et El Maliki sont pris dans la tourmente de la contestation populaire et répriment férocement les manifestants tout en reconnaissant la légalité des revendications.
Les ministres algérien et syrien ont émis de fortes réserves contre la résolution. Ils n'aiment pas Kadhafi mais ses méthodes de terre brûlée les inspirent. Chez eux la qualité de citoyen est galvaudée. Que les manifestants réclament du pain et du travail en brûlant des édifices publics à l'intérieur du pays, c'est pardonnable mais qu'ils poussent la trahison jusqu'à revendiquer des droits que leur reconnaît la constitution et dont ils sont privés depuis les indépendances, c'est un crime de lèse-majesté. Il faut être une vieille chiffe comme Moubarak pour déserter le champ de bataille sans livrer de combat comme Islam et Mouamar Kadhafi.
Aujourd'hui, Dieu Merci, aucun dictateur n'est à l'abri d'un soulèvement populaire. Aucun monarque de pacotille ne sera épargné par l'Ouragan de liberté qui souffle sur le Maghreb et le Moyen Orient. Même si chez certains "révolutionnaires" la tentation est très forte de réprimer dans le sang toute contestation contre la pérennité des "constantes".
Posons quelques questions qui nous tarabustent les méninges ?
Que perdra Bouteflika en libérant les espaces d'expression ?
Que perdra Bouteflika en libérant la Justice, les énergies créatrices et la citoyenneté ?
Que perdra Bouteflika en s'attaquant aux monopolistes qui affament les algériens et sèment la pauvreté en profitant d'une justice injuste ?
Que perdra Bouteflika s'il dissout le parlement croupion qui n'est pas sorti d'urnes propres et honnêtes ?
Que perdra Bouteflika en rendant au peuple algérien le sigle FIN qui est exploité comme un registre de commerce par des détrousseurs de cadavres au nom de la révolution algérienne et des martyrs ?
Que perdra Bouteflika en laissant les citoyens algériens participer à la reconstruction de leur pays sans être obligés d'appartenir à l'un des clans que défendent par intérêt Belkhadem, Boudjera, Ouyahia, Hanoune ?
Mahdi Hocine
*) Jamahiria, répubique en arabe.
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