Une cascade d'évènements, les uns aussi importants que les autres, nous donnent le tournis depuis plus de trois mois. Tout va si vite et en même temps. Nous pleurons de joie et de tristesse d'un jour à l'autre. La révolution est une grande dévoreuse d'innocents.
Acceptons ce terrible postulat.
Ce ne sont pas toujours les bons qui anéantissent les méchants car si les premiers ont un trop plein d'amour, les seconds ont un trop plein de haine meurtrières et ils ont les armes pour assouvir leurs bas instincts de monstres.
Sans foi ni loi, allions nous écrire. Mais quel non sens, quelle naïveté puisque la loi est au dessous des puissants dans tous les cas de figures.
Quand un rêve de plus de 40 ans se réalise partiellement en quelques mois parce que vos enfants et vos petits enfants, nés après la décolonisation, ont décidé de mourir pour jouir de l'indépendance, que vous reste t-il à faire ?
Savourer un bonheur à l'arrière goût amère car la logique veut que c'est le père qui se sacrifie pour la liberté de ses enfants ?
Ravaler votre honte tout en saluant cette jeunesse extraordinaire d'à propos et de lucidité car son succès fulgurant sur des dictateurs inhumains se double d'une éclatante victoire sur le système néo colonial ?
Il n'est guère surprenant que cette jeunesse volontaire ait réussi en quelques semaines là où ont échoué les partis "légaux" en soixante ans de dialogue balisé, d'élections frauduleuses, de partage fictif du pouvoir compensé par la distribution de quelques miettes de la rente pétrolière qu'aucune institution de l'Etat n'a le droit de contrôler. Il faut dire que les vrais opposants au régime sont illégalement empêchés de créer des partis politiques et de présenter une candidature à n'importe quelle élection. Ils sont illégalement fichés en tant qu'ennemis de la nation ou agents de l'étranger. Souvent ils disparaissent sans que personne sache ni comment ni où ni pourquoi.
Malgré cela les grandes puissances dites démocratiques soutiennent sans faille les plus féroces des dictateurs arabes et font semblant de pleurer sur le triste sort des peuples martyrisés, affamés, massacrés.
Une leçon à retenir.
Nos enfants et nos petits enfants, de Tunis à Bahrein, n'ont pas quémandé auprès des autorités une autorisation de manifester pacifiquement. Sachant que des gouvernants illégitimes n'ont pas vocation de libérer les actions contestataires. les jeunes se sont donnés rendez-vous sur les espaces publics les mieux situés dans les grandes villes. Massivement rassemblés avec la volonté de mourir ou d'abattre le régime dictatorial, le choix est suicidaire. Mais il fallait essayer de résister jusqu'au bout : ni dialogue ni élections avec une dictature qui a survécu pendant des décennies grâce à des dialogues de sourds, des élections truquées et l'usage aveugle de la force contre des citoyens sans arme.
Tout nous surprend avec cette extraordinaire jeunesse qui s'est révélée d'une insoupçonnable maturité politique.
Pour son voyage en Egypte Hillary Clinton a inscrit dans son programme une rencontre avec les initiateurs de l'occupation de la place de la liberté du Caire.
Humiliant échec pour une dame habituée à rejeter des milliers de demandes d'audiences dans les pays du Moyen Orient.
Le porte parole des jeunes révolutionnaires explique le refus de la rencontre. Nous résumons:
-"Nous avons déjà rencontré un envoyé de Barack Obama qui était spécialement nous dire que l'Egypte ne trouvera pas un président plus compétent et plus honnête que Mohamed Hosni Moubarak. Il voulait sauver le régime égyptien. Que va nous dire Hillary Clinton après la chute de leur homme de main ?"
Hier nous avons entendu la dame américaine affirmer que les relations stratégiques entre le prochain gouvernement égyptien et les USA ne changeront pas concernant Israël. Elle a promis beaucoup d'argent pour aider l'économie égyptienne et créer des emplois. Ce qui veut dire que révolution ou pas révolution l'avenir de l'Egypte dépendra des services que rendra le prochain gouvernement égyptien au régime et aux colons sionistes au détriment de la cause Palestinienne.
A notre humble avis, Hussein Barack Obama doit revoir sa stratégie au Moyen Orient où l'indépendance de la Palestine est l'une des préoccupations centrales des citoyens arabes.
Dans le programme des révolutionnaires tout doit changer.
Et tout changera. Même Hussein Tantawi changera.
Mahdi Hocine
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