Le même jour deux monarques du monde arabe, craignant l'effet boule de neige du soulèvement du peuple tunisien, ont eu des réactions diamétralement opposées dès que des manifestations pacifiques ont bloqué les rues dans leurs pays respectifs.
En Arabie saoudite un cumulard, prince-ministre-rentier-banquier et que sais-je encore, a appelé les mécontents de ne pas commettre le grand péché de manifester contre le roi. Il avait un argument massu : des imams du palais de sa majesté n'arrêtent pas de ressasser une fausse fetwa dans toutes les mosqués du royaume qui va dans ce sens. Le roi étant disposé de distribuer de l'argent à ses sujets, ceux-ci offenseront Allah s'ils commettraient le sacrilège de réclamer un Constitution, des élections libres, un parlement issu du peuple, un gouvernement indépendant de la monarchie mais qui rend des comptes aux élus choisis par les citoyens.
Au Maroc, le commandeur des croyants (sig), mieux conseillé par ses amis occidentaux, plus subtile, a eu plus de respect à l'égard de ses sujets qui étaient sortis la semaine dernière pour faire commme les Jordaniens, les Yéménites et les Saoudiens. Il a écouté les manifestants et répondu dans une large mesure à leurs légitimes revendications par des engagements auxquels personne n'a cru faute de l'annonce d'un calendrier précis. C'est une tactique éculée dont nos zouama et nos monarque abusent à satiété: faire de belles promesses et les oublier très vite.
Il y une différence de taille entre les deux rois :
Le premier est un vieux malade, sénile, qui croit toujours qu'un peuple de bédouins même civilisés reste toujours attaché aux traditions castratrices et aux règles tribales.
Le deuxième est jeune. Il a rapidement compris que le monde est devenu une petite rue grâce à Internet qui peut réunir en une heure dix millions de manifestants devant le palais royale derrière le dos des partis politiques alibi à qui il proposait des strapontins de parlementaires-croupions pour calmer la grogne des citoyens. Mais ce qu'il a le mieux compris c'est qu'un citoyen qui sort dans la rue et se trouve pris dans une foule qui exprime ce qu'il pense il ne craint plus d'être tabassé, torturé ou assassiné par les services de sécurité du roi.
Automatiquement le premier use du charlatanisme pseudo religieux tandis que le second fait travailler sa matière grise qui est encore réactive. Le père de Mohamed VI payait des imams pour droguer les marocains avec des sermons adaptés aux crises cycliques mais c'était le recours à la répression barbare qui calmait temporairement la colère citoyenne. Ceci pour dire que les imams du palais n'ont jamais eu de crédibilité auprès des croyants.
En Arabie Saoudite, de nombreux imams continuent de croire qu'il suffit d'une fetwa contre le facebook pour que les sujets de sa majesté se tiennent tranquilles.
Les manifestations sont prohibées par la religion musulmane ?
Alors pourquoi le Coran appelle les croyants de combattre les dirigeants injustes, corrompus, mauvais gestionnaires qui détournent les biens de la nation à leur profit et à celui de leurs proches ?
Les Tunisiens et les Egyptiens ont ouvert un immense boulevard aux peuples arabes endormis par des imams de palais.
Dieu n'aime ni les lâches ni les crapules. Mais surtout il ne se mêle pas des saloperies d'ici bas. Il nous laisse libre de notre choix même quand nous brûlons notre pays comme le fait le dictateur Kadhafi.
A chacun sa conscience !
Mahdi Hocine
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