Monday, September 17, 2012

Sabra et Chatila : Trente ans De Silence

Silence de l'Occident officiel, celui des palais, celui qui gouverne et exporte par la force des armes les valeurs de la civilisation déshumanisante en Orient.
Il n'aime pas que nous lui rappelions les génocides dont il est le véritable coupable par procuration.
En ce septembre noir de l'an de grâce 1982 les refugiés palestiniens de Sabra et Chatila, au Liban, étaient sous la protection de la France et des USA suite à un accord avec Yasser Arafat contraint de quitter ce pays avec ses troupes de résistants.
Le 14 septembre 1982 le président libanais Béchir Gemayel a été assassiné avec la bénédiction de Ménaheim Bégin et d'Ariel Sharon qui l'accusaient de les avoir trahis alors que ce sont eux qui l'avaient hissé à la tête de l'Etat libanais. 
Béchir Gémayel avait gagné l'amour des extrémistes sionistes en déclarant au Nouvel Observateur que le peuple palestinien était ''de trop''. 
Son assassinat avait libéré la haine qu'éprouvaient les phalanges chrétiennes à l'égard des réfugiés palestiniens. Quand à Sharon il ne parvenait pas à digérer de n'avoir pu tué Yasser Arafat.
Vengeance !
Vengeance !
Le 15 septembre les phalangistes chrétiens, sous le commandement d'Ariel Sharon, ont pénétré dans Sabra et Chatila, camps surpeuplés de réfugiés palestiniens.
Trois jours de massacres à huis-clos.
Les soldats sionistes barraient toutes les issues des camps pour qu'il y ait le moins possible de survivants. A ce sujet les phalangistes chrétiens déclareront fièrement à la presse internationale :"Les Israëliens nous ont laissé faire parce que nous sommes mieux qu'eux en la matière".
C'est-à-dire plus efficaces.
Trois jours d'un autre septembre noir pour les réfugiés palestiniens au sein d'une humanité indifférente.
Les chancelleries occidentales pas aveugles, pas sourdes mais muettes.
Les chancelleries arabes aveugles, sourdes et muettes.
Les peuples arabes interdits de manifester leur solidarité avec la Palestine.
Mitterrand et Reagan faisant semblant de croire aux mensonges de Menaheim Begin qui faisait semblant de les rassurer :
-"Tout va bien, pas de problème..."
Reagan, particulièrement, étouffait de rage car il ne pouvait rien contre celui qui le prenait pour un imbécile. La couleuvre était tellement grosse et indigeste. Mais il a dû l'avaler pour ne pas se mettre à dos les lobbys sionistes qui font et défont les présidents en Amérique et dans une partie de l'Europe.
Comme toujours les médias lourds bien pensants de l'Occident civilisé ont tout vu, tout entendu, tout filmé mais gardent le silence sur le génocide. Ils ont des récompenses sous la forme de juteuses commandes publicitaires.
Un commerce ignoble entre les sphères politiques, intellectuelles, médiatiques et commerciales. C'est la communication à la Murdoch. 
Le silence se vend comme les mensonges.
Mais quelques journalistes ont contourné cette censure en écrivant des témoignages bouleversants sur les massacres.
L'Israëlien Amnon Kapéliouk a retenu notre attention parce que son enquête nous semble indépendante. Ce n'est pas seulement le journaliste qui informe. Nous ressentons sa honte et son indignation à travers les témoignages de ses confrères qu'il reprend comme pour crier à son gouvernement :
-"vous faites du mal à Israël avec vos crimes barbares, vous êtes la honte de l'humanité".
En même temps nous répondons aux deux questions par lesquelles s'achève la présentation de son ouvrage intitulé  "Sabra et Chatila, enquête sur un massacre".
Qui sont les assassins ?
Nous répondons sans hésitation : 
Begin, Sharon et ses troupes, Saad Haddad et ses troupes, les forces militaires françaises stationnées au Liban pour assurer la sécurité des réfugiés palestiniens après le départ de Yassaer Arafat et son armée du Liban et qui ont laissé faire.
Quelles sont les responsabilités ?
Nous répondons : dans l'ordre, celles de Reagan, de Mitterrand, de la Ligue arabe et de l'ONU qui avaient promis à Yasser Arafat de protéger les réfugiés.Tous avaient la mesure de la haine de Sharon et des phalangistes chrétiens contre les Palestiniens.
Voici quelques extraits de l'enquête de Kapéliouk :
L"envoyé spécial du Washington Post écrit :
- Des maisons ont été détruites et réduites en poussière au moyen de bulldozers...
- Dans un petit jardin, deux femmes gisent, comme deux sacs de blé près des décombres d'où ressort la tête d'un bébé aux yeux fixes. Près d'eux un bébé en langes est inversé sur le dos, la tête écrasée.
- Nous avons trouvé deux fillettes, l'une agée d'environ 11 ans, l'autre de quelques mois, couchées sur le dos, les jambes tendues, la tête percée d'un petit trou.
- Chaque ruelle poussiéreuse raconte sa propre histoire. Près d'une petite boutique, la tête dans la poussière, un vieillard de 70 ans gît, la main encore tendue dans un geste de supplication, tournée vers la chaussure d'une femme restée dans les décombres. Il a été tué à bout portant.
Journalistes et diplomates américains et européens -et parmi eux l'ambassadeur de France Paul Marc Henri- parcourent bientôt ce qui reste des ruelle du camp. Ils découvrent des centaines de corps éparpillés, des membres déchiquetés.
- Une mère serrant son bébé dans ses bras, tous deux abattus d'une balle en pleine tête.
- Des femmes nues, pieds et poings liés derrière le dos.
- Un bébé, la tête écrasée dans une mare de sang, un biberon de lait à ses côtés.
- Sur une planche à repasser on a placé les membres coupés d'un bébé, soigneusement disposés en cercle, la tête couronnant le tout.
Les statistiques de l'UNICEF montrent que pour chaque combattant tombé, 10 enfants ont été tués durant toute la guerre du Liban.
A Sabra et Chatila on a l'impression que les tueurs se sont particulièrement acharnés sur les enfants.
- Complètement effondrée, une mère dira aux journalistes présents : "Je les ai suppliés d'épargner mon fils de 5 ans. Ils m'ont répondu : " Quand il sera grand ce sera un terroriste".
- Djamila raconte aux journalistes : "Vendredi matin je suis retournée au camp pour chercher ma mère. Un milicien m'a surprise. Il m'a attrapée par le bras et m'a conduite jusqu'à une maison proche de la mienne. A l'intérieur il y avait quatre soldats. Il m'a dit : "Déshabille toi et laisse-leur te faire ce qu'il veulent sinon ça ira mal pour toi". Ils m'ont laissé la vie sauve parce que je suis libanaise.
- Un soldat sioniste à bout de nerfs s'en prend à un envoyé spécial du quotidien Maariv : "Pourquoi la presse fait-elle cela ? Pourquoi faut-il écrire tout ça ? Pourquoi ces photos ? Pourquoi ces révélations ? Qui en a besoin ? Cela ne sert que nos ennemis ?
Nous n'avons repris que quelques extraits au hasard de toutes les horreurs  qui ont été racontées par des enquêteurs et des témoins des massacres de Sabra et Chatila.
Toutes les chancelleries occidentales ont reçu des informations plus détaillées.
Mitterrand et Réagan plus que les autres. 
Les magistrats du tribunal international en ont reçues autant que Reagan et Mitterrand mais il leur a été interdit par le veto américain de poursuivre Sharon et Begin pour crimes contre l'humanité .
Les sionistes ont tous les droits parce que l'Allemagne et la France sont minées par un complexe de culpabilité envers eux (crimes nazis et complicité de l'Etat français sous la présidence du maréchal Pétain).
Les sionistes ont tous les droits parce que les USA ont besoin d'eux pour maintenir éternellement le monde arabe dans une situation de ni guerre ni paix.
Les sionistes ont tous les droits parce qu'ils tiennent la finance et les médias entre leurs mains et sont présents dans tous les gouvernements occidentaux.
D'ailleurs avant et après Sabra et Chatila,  avant et après Gaza il y a eu d'autres massacres...
Et il y en aura encore à cause du veto des USA qui s'opposent à une réelle paix dans le monde arabe et à l'indépendance de la Palestine sous des prétextes comiques.  
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Hocine Mahdi
-----------------Le 17 septembre 2012              
    
  
  

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