2018, une année noire
pour la liberté d’expression, le devoir d’informer, le droit d’être informé et
le devoir de vérité. Des dizaines de journalistes tués, des centaines de
journalistes et de blogueurs persécutés, torturés, violés, tabassés, agressés,
emprisonnés, exilés.
Les dictateurs
africains, arabes et maghrébins et les roitelets du Moyen-Orient occupent une
place peu enviable dans le classement mondial des plus dangereux ennemis du
devoir de vérité, du devoir d’informer et du droit d’être informé que la Charte
universelle des droits humains garantit à tous les citoyens du monde.
En cela ils sont fortement
soutenus et diplomatiquement protégés par les gouvernements ‘’démocrates’’ européens
et américains, en l’occurrence Donald Trump, Theresa May, Angéla Merkel et
Emmanuel Macron qui représentent les plus grandes puissances militaires,
technologiques et économiques présentes dans notre continent et au Moyen-Orient
en tant que forces néocoloniales dominantes.
En général,
l’assassinat ou l’emprisonnement des journalistes africains, arabes, maghrébins
et moyen-orientaux retient pendant quelques heures l’attention des médias
occidentaux les plus engagés, rarement au-delà. Ce genre de drames est
tellement courant sous toutes les dictatures du monde. Par contre l’assassinat
du journaliste saoudien Jamal Khashoggi occupe d’importants espaces de la
presse américaine, européenne et canadienne depuis trois mois et cela va
continuer en 2019.
Plusieurs raisons à
cela :
1) – Khashoggi
collaborait avec le Washington Post et d’autres journaux en Europe.
2) – Il a été
assassiné et découpé en petits morceaux à l’intérieur du Consulat saoudien
d’Istanbul alors qu’il résidait aux USA où il pouvait, devait, obtenir les
documents d’état civil (indispensables à son mariage) auprès de l’ambassade de
son pays. C’est de l’inédit. Erdogan en a fait une affaire d’Etat bien qu’il
n’aime pas la presse indépendante et les journalistes libres.
3) – Le commanditaire
avéré (pas présumé) du crime est le roi de l’Arabie Saoudite Mohamed Ben
Salmane (fils préféré du sénile Salmane qui désire en faire son successeur au
trône malgré l’opposition de la famille royale).
4) – Donald Trump,
Theresa May et Emmanuel Macron s’opposent de toute leur puissance militaire,
diplomatique, économique, immorale à l’inculpation du roi assassin à cause de
la mort d’un journaliste. Trump n’a pas eu honte de dire publiquement :
-‘’le journaliste Khashoggi
est respectable mais je ne sacrifierai pas des contrats de 110 milliards de
dollars de vente d’armes à l’Arabie Saoudite pour la mort d’un journaliste.
Mohamed Ben Salmane est indispensable à nos relations avec l’Arabie Saoudite et
Israël.’’
Emmanuel Macron se
tient sur la même ligne que Trump (obsession de la vente d’armes à l’Arabie
Saoudite et aux Emirats arabes unis qui ne savent plus comment gaspiller leur
argent).
Les médias turcs, le
Washington Post, le New York Times et El Djazerra tv du Qatar n’ont pas cessé d’en parler
en se positionnant ouvertement contre Trump, May et Macron.
Les valeurs morales et
républicaines contre les intérêts abjects des marchands d’armes et les
connivences mafieuses des Etats, c’est tellement beau.
Jamais l’assassinat
d’un journaliste africain, arabe ou maghrébin n’a pu révéler à l’opinion
mondiale la nature criminelle des relations entre les gouvernants ‘’démocrates’’
de l’OCCIDENT civilisé et les féodalités de notre riche Continent.
Revenons à Donald
Trump qui relance Mohamed Ben Salmane à la manière d’un tueur à gage (discours
électoraux Octobre-novembre 2018) :
-‘’Sans notre
protection votre trône ne tiendra pas douze minutes. Vous êtes riches, vous
devez payer.’’
Tous les dictateurs
africains, arabes et maghrébins sont dans la même situation que Mohamed Ben Salmane.
Ils paient, sous des formes diverses, un prix exorbitant à la France, aux USA,
à l’Angleterre, à l’Allemagne une protection diplomatique ou militaire.
En condamnant les
peuples africains, arabes et maghrébins à la misère, à l’ignorance, à la harga,
au suicide…
Il reste que la
liberté d’expression, le devoir de vérité, le devoir d’informer et le droit
d’être informé ne sont pas négociables. Ils sont indissociables des éléments
matériels et immatériels qui composent la souveraineté citoyenne et la
démocratie.
Notre combat contre
les dictateurs n’aboutira pas si nous ne combattrons pas pacifiquement les
démocrates américains et européens qui les soutiennent, les arment, les
protègent.
Hocine Mahdi
Le 27 décembre 2018