Tuesday, November 13, 2018

La liberté d'expression :un crime de lèse-majesté !

Donald Trump, Thérésa May, Emmanuel Macron n'aiment pas la presse libre. Ils voudraient bien embastiller les journalistes qui dénoncent leurs compromissions, leurs magouilles politiques, leurs inconséquences et leurs abus mais ils n'ont pas ce pouvoir exorbitant que les monarques et les dictateurs du Tiers-Monde pratiquent chaque jour.
Ils voudraient bien supprimer de la constitution tous les articles qui garantissent les libertés fondamentales dont la liberté d'expression, l'indépendance de la presse et de la justice mais ils n'ont pas le pouvoir de toucher à la constitution sans l'aval des citoyens.
Ce n'est pas le cas des monarques du Moyen-Orient et des dictateurs du Tiers-Monde qui conçoivent des constitutions et des lois qui les placent au dessus de tout et de tous en leur délégant le droit de vie et de mort sur leurs concitoyens (leurs sujets). Un statut de Dieu sur terre qu'il faut adorer comme au Moyen Âge.
Mohamed Ben Salmane a accédé à ce statut inique grâce à l'aide de la CIA et de Donald Trump qui garantissent la pérennité du trône à la famille royale en Arabie saoudite, laquelle famille s'est diluée dans la géostratégie US en Orient.
Un bon monarque saoudien est celui qui "coopère" docilement avec Washington qui a les moyens de le destituer en douce ou de le faire assassiner par un membre de sa famille sans faire de vague. C'est la spécialité de la CIA au Moyen-Orient.
JAMAL kHASHOGGI est un épiphénomène dans le monde arabe. Je le découvre.
Il n'était pas un farouche opposant à la monarchie saoudienne. Il appartenait à la caste royale mais il nourrissait le rêve de voir que tous les citoyens arabes et maghrébins jouissent de la liberté d'expression, de la dignité citoyenne, du droit de contribuer à la construction de leurs pays. Il exerçait le métier de journaliste à Ryad. Ses écrits déplaisaient à Mohamed Ben Salmane. Se sentant en danger il avait fui le pays.
Des dizaines d'imams, de blogueurs, de journalistes, d'écrivains vivaient dans la crainte d'une arrestation parce qu'ils n'ont pas tressé des bouquets de louanges en l'honneur du nouveau roi. Très peu ont eu l'idée d'émigrer par mesure de sécurité. Ils sont tous en prison.
Installé au USA Khashoggi n'en continuait pas à écrire en toute liberté et à oeuvrer en vue de réaliser son rêve de voir tous les citoyens arabes jouir des libertés fondamentales dans leurs pays souverains. Or, Mohamed Ben Salmane ne voulait pas de cette révolution dans son pays. Il avait décidé d'éliminer le journaliste frondeur qui avait violemment critiqué sa décision d'offrir la Palestine à Netanyahu. 
Quarante jours après son ignoble assassinat Khashoggi occupe encore la première page des principaux journaux aux USA grâce au Washington Post. Nous n'avons jamais vu l'assassinat d'un journaliste occuper pendant si longtemps la presse.
Une explication à cela.
Donald Trump, Benjamin Netanyahu, Thérésa May et Emmanuel Macron tiennent absolument à épargner la destitution à Mohamed Ben Salmane qui est le commanditaire de l'assassinat du journaliste. Leurs arguments sont immoraux : des contrats de ventes d'armes d'une valeur de plusieurs milliards de dollars. La Justice ne mérite pas un tel sacrifice à cause de la mort d'un gratte-papier. Ben Salmane ne doit pas être impliqué dans le crime.
De son côté, le président turque Tayyp Erdogan veut que toute la vérité sur le crime et ses mobiles soit dite et que Justice soit faite dans toute sa plénitude. 
La direction du Washington Post s'est fixée le même objectif par principes. 
Nous assistons à l'affrontement de l'immoralité politique contre des principes intellectuels. 
Donald Trump, Benjamin Netanyahu, Thérésa May et Emmanuel Macron ont en main tous les éléments d'enquête qui incriminent Mohamed Ben Salmane en tant que commanditaire du crime et il chargent le roi criminel d'ordonner une enquête crédible sur l'assassinat de Khashoggi.
C'est ubuesque.
C'est immoral.
C'est la mauvaise raison d'Etat.

HOCINE MAHDI      
Le 13 novembre 2018

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