Comment faire la différence entre un génocide et un massacre exceptionnellement important ?
On dit que les peuples sont amnésiques. C'est entièrement faux. Ce n'est qu'une impression car les peuples sont en perpétuel mouvement, les générations se renouvellent à un rythme régulier. Mais ce n'est pas toujours et dans tous les pays que la transmission du patrimoine culturel et mémoriel se fait avec le souci de sauvegarder un précieux héritage d'une génération en voie d'extinction à la suivante. En outre l'oralité n'est pas la meilleure manière d'archivage. En Occident l'extraordinaire progrès technologique mais, surtout la souveraineté citoyenne qui s'est créé de nombreux espaces d'expression en dehors des carcans du pouvoir politique, font que la conservation et l'enrichissement de l'héritage patrimonial ne connaît plus de perte de repère. Même pour des femmes et des hommes qui, à leur époque, ont apporté un plus ou ont été nuisibles à la nation, à la société, à un groupe social bien déterminé.
Un proverbe dit "Tant que tes contemporains sont encore vivants ne te vante pas".
A présent c'est caduque. Les archives des médias ont remplacé l'oralité. Presque rien de bien important ne se perd. A fortiori pour les hommes politiques véreux qui surfent sur la prétendue amnésie des peuples.
Tel le triste sire Bernard Kouchner, diaboliquement intelligent, qui se croit toujours en droit de défendre l'humanité qu'il n'avait pas défendue quand il avait eu en main une petite parcelle du pouvoir politique qui l'avait mis en position de prendre de bonnes décisions en faveur de ceux qui souffrent de l'arbitraire.
Bernard Kouchner était un médecin bcbg nourri de l'idéal socialiste des années soixante que caractérisaient, à la base, de beaux élans humanistes et humanitaires face à la pourriture d'un sommet où l'on ne crachait pas sur des compromissions honteuses en vue de partager le pouvoir avec la droite la plus réactionnaire et la moins démocrate d'Europe de l'ouest. D'ailleurs la gauche et la droite s'étaient associées dans une guerre barbare contre l'indépendance du peuple algérien. C'est le socialiste François Mitterrand, ministre de l'intérieur, qui avait ordonné l'assassinat du prisonnier Larbi Ben M'hidi dans sa cellule.
Ce qui était interdit par la convention de Genève.
Nous n'allons pas douter sur la sincérité de l'engagement militant de Bernard Kouchner au début de sa carrière et jusqu'à la création de l'organisation non gouvernementale "Médecins sans frontières" dont il ne tardera pas à trahir les fondamentaux une fois qu'il fut happé par les rouages du pouvoir politique. Nous résumerons seulement quelques points de ses crimes immoraux qui l'ont totalement disqualifié de la sphère des inoubliables humanistes qui brillent dans le beau ciel de la France de l'abbé Pierre, Colluche, George Montaron, Stéphane Hessel qui portent en eux tant d'amour à l'égard de l'humanité en souffrance : celle qu'on affame, qu'on torture, qu'on assassine, qu'on colonise, d'un bout à l'autre de la planète, sans distinction de couleur de la peau et de religion... Ces hommes d'une exceptionnelle qualité morale qui n'auraient jamais vendu leurs nobles principes pour un misérable poste ministériel... Ces hommes qui n'ont jamais léchés les bottes des Ben Ali, El Guedhafi et Haasan II par soumission à l'autorité du président de la république française sorti d'une droite réactionnaire et haineuse.
Premier point :
Autorité morale dans le secteur de la santé Bernard Kouchner se met du côté des laboratoires qui empoisonnent les malades. Quand le ministère de la santé interdit la vente de médicaments dangereux pour les patients le médecin Bernard Kouchner suggère de les vendre en Afrique afin de permettre aux laboratoires pharmaceutiques qui les ont fabriqués de récupérer une partie de leurs investissements dans la recherche. Il est vrai que les miséreux africains ont toujours servi de cobayes à la recherche scientifique et militaire de l'Occident mais qu'un humaniste, médecin de surcroît, fasse une proposition aussi criminelle sans s'étrangler de honte c'est vraiment le monde à l'envers.
Le comble c'est qu'à l'époque les sondages le plaçaient parmi les hommes préférés dans les coeurs des français, juste derrière le sincère humaniste abbé Pierre.
Deuxième point :
Le démocrate Nicolas Sarkozy invite le féodal El Guedhafi et déroule en son honneur le tapis rouge en l'autorisant d'installer ses tentes et sa tribu au pied de la tour Eiffel. Kouchner était ministre des affaires étrangères et heureux du succès de sa politique. Le grain de sable est venu d'une française d'origine africaine. Une belle Négresse et fière de l'être. Rama Yade... Femme de conviction et batailleuse comme une tigresse. Promue ministre des droits de l'homme par le brouillon Sarco, elle bouscule tous les tabous diplomatiques et clame haut et fort son indignation de voir Paris subir les extravagances d'un dictateur indigne d'être accueilli avec tant de courbettes par l'Etat Français. Bernard Kouchner est ulcéré. Il pleure dans le gilet de son président en accusant Rama Yade de gâcher la fête. Sarkozy en veut à mort à celle qu'il croyait son Africaine décorative, forcément docile. Kouchner répète à qui veut bien l'écouter que Rama Yade ne comprend rien aux subtilités de la politique étrangère de la France "mère des droits de l'homme". C'est que le féodal libyen avait débarqué en France avec un gros chèque en poche et l'intention d'acheter des tonnes d'armes pour aider le gouvernement français à sauver provisoirement des milliers d'emplois et des entreprises qu'étouffait la concurrence de l'Europe orientale. En outre El Guedhafi a très généreusement contribué au financement de la campagne électorale de 2007 que Sarkozy voulait plus américaine que celle de son demi Dieu George W. Bush . C'est pour cette raison que Bernard Kouchner souhaitait un silence respectueux de tous ses collègues ministres. Emportée par le formidable dynamisme de la jeunesse et la pureté de ses convictions Rama Yade avait désobéi aux consignes du maître. A ce jour elle est en train de payer d'avoir critiqué la prostitution morale du président Sarkozy et de ses ministres avec des dictateurs aux mains pleines de sang d'innocents.
Aux yeux de Bernard Kouchner l'argent sale d'El Guedhafi était plus important que les valeurs républicaines et l'éthique politique.
Troisième point :
Sarkozy répond à l'invitation de son ami Zinedine Ben Ali. L'accompagnaient plusieurs ministres dont Bernard Kouchner et Rama Yade. Les dictateurs arabes étant très chatouilleux sur les questions des droits de l'homme, les ministres avaient reçu l'ordre de se la 'boucler' sur le sujet. En public et en privé. C'est la ministre Noire Rama Yade qui sera frustrée et sévèrement critiquée à Tunis. Sa fonction au sein du gouvernement et ses fortes convictions humanistes lui interdisaient de se taire mais le prince Sarko l'avait contrainte de ne pas inscrire sur son agenda de rendez-vous les associations tunisiennes de défense des droits de l'homme.
Tout le monde était content : Ben Ali, Sarkozy, Claude Guéant, Bernard Kouchner... Sauf Rama Yade et les Tunisiens embastillés arbitrairement, torturés, exilés, assassinés au nom d'une démocratie frelatée mais soutenue par les "grandes démo khra tie" civilisées de l'Occident.
Ces pauvres Tunisiens croyaient que la France de Sarkozy était plus humaine que la France de Chirac, Mitterrand, Giscard, Pompidou, de Gaulle en matière de respect des droits de l'homme..
En fin de compte Bernard Kouchner sera humilié par son maître Sarkozy et chassé du gouvernement comme tous les opportunistes qui vendent leur honneur et leurs services au plus offrant.
Alors comment accorder un atome de crédit aux déclarations paternalistes d'un homme sans honneur, sans principe, sans foi ni loi ?
D'un opportuniste aussi pourri ?
Selon lui :" un génocide c'est tuer délibérément des gens pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils ont fait".
En même temps il affirme péremptoirement que la France n'a pas commis de génocide en Algérie mais a commis des massacres exceptionnellement importants.
Que signifie ce nouveau vocable "massacres exceptionnellement importants" que ne connaissent ni les linguistes de l'envergure de l'exceptionnel Noam Chomski, ni les législateurs, ni les magistrats, ni les avocats ?
C'est bien la première fois que nous entendons une telle expression sans avoir la recette pour distinguer le génocide des "massacres exceptionnellement importants".
Suivons-le bêtement dans son raisonnement exceptionnellement ampoulé et posons lui quelques questions très simples pour un intellectuel de sa réputation :
A) -Quand l'armée française sait que des douars ne sont habités que par des algériens musulmans arabophones et berbérophones et largue des bombes au napalm* sur des civils,
est-ce un massacre exceptionnellement important ou un génocide ?
Les bombes au napalm étaient interdites par la convention de Genève.
B) -Quand l'armée, la gendarmerie, la police, les colons et des milices prennent d'assaut des quartiers et des douars habités uniquement par des algériens musulmans arabophones et berbérophones et tuent les enfants, les femmes, les vieillards, les handicapés, les adultes valides, est-ce un massacre exceptionnellement important ou un génocide ?
C) -Quand la marine et l'aviation bombardent aveuglement et en même temps des villages habités uniquement par des algériens musulmans arabophones et berbérophones, est-ce un massacre exceptionnellement important ou un génocide ?
D) -Quand l'armée, la gendarmerie, la police, les colons et les milices ont grillé des centaines de civiles algériens musulmans arabophones et berbérophone dans les fours à chaux de Guelma, était-ce un massacre exceptionnellement important ou un génocide ?
Et nous ne parlons que des exactions perpétrées par la république française après la création du Tribunal Pénal International (1945/1946) dont la mission principal était de protéger les populations civiles contre les puissances étrangères qui envahissent et colonisent un pays. Mais très vite ce tribunal a été détourné de sa vocation... Juste après la condamnation des Allemands qui ont eu le tort d'occuper une partie de l'Europe au lieu d'envahir d'autres continents. Car les êtres humains ne vivent qu'en Europe, aux USA et au Canada et ont la peau blanche. Par contre en Afrique, en Amérique Latine et en Asie il n'y a que des infra humains jaunes, rouges, bleus, noires, que l'on peut exterminer et mettre en esclavage sans rendre des comptes au T P I. On peut les exterminer par jeu, pour expérimenter les dernières inventions de l'industrie de la mort : la bombe atomique, le défolian orange, le napalm, la bombe à fragmentation...
Au Vietnam, en Algérie, en Palestine, en Argentine, ce sont uniquement des puissances Blanches US et Européennes qui envahissent, colonisent, exterminent, pillent.
Et elles ont inventé l'ONU, les lois, la charte des droits de l'homme, le TPI, le conseil de sécurité, le droit de veto qui leur évite d'être jugées et condamnées comme les Rwandais, les Libanais, les Irakiens, les Serbes pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Ce que Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner classent dans le registre de banals dépassements dûs au zèle de quelques officiers parce que commis par la France en Algérie contre des infra humains.
Autre exemple plus près de nous : le génocide perpétré par les USA et les sionistes à Gaza.
Pourquoi en 2010 Zarkozy et Zapatéro se sont empressés de changer les lois quand des magistrats avaient décidé de poursuivre les dirigeants sionistes pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité ?
Nous n'attendons pas de réponse car Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy ont décidé de nier l'évidence.
Heureusement que l'opinion européenne a pris conscience et s'est reprise en main. Désormais ni en Europe ni aux USA les mensonges et les manipulations politiques ne seront gobés. L'invasion et la destruction de l'Irak ont dévoilé la nature criminelle des grandes puissances qui appliquent toujours la loi du plus fort contre les peuples qui tentent de résister à leur injonction impérialistes.
Hocine Mahdi
Le 27 Janvier 2012
No comments:
Post a Comment