Saturday, April 02, 2011

Le sang, le sang, toujours le sang !

Les peuples arabes, de Boussaoud à béni saïoud (1), se réveillent d'un long sommeil pour se retrouver face à une situation qu'ils auraient dû et pu dépasser il y a trois ou quatre siècles. Au moment où l'Occident marche chaque jour vers le progrès, nous reculons chaque jour de cinquante ans. Regardons autour de nous. Dans les pays anciennement colonisés, ce sont les méthodes coloniales qui ont étouffé les libertés, le droit au savoir, le droit à la justice, le droit de vivre en citoyen responsable. Méthodes appliqués par des révolutionnaires de la vingt cinquième heure liés à des groupes d'intérêts occultes au nom des martyrs. Ceci depuis les premières heures de l'indépendance. Ce qui nous fait très mal c'est que nos dirigeants nous interdisent d'être des citoyens au sens noble du terme et lorsque nous descendons dans la rue pour leur faire comprendre qu'ils nous font très mal et nous détruisent, de quelle manière réagissent-ils ? Ils nous envoient les troupes, ils nous tabassent, ils nous emprisonnent, ils nous assassinent, ils nous accusent de travailler pour des puissances étrangères. Or, la révolution en Tunisie, en Egypte, au Yèmen et en Libye ont démontré que Zine el Abidine Ben Ali était au service de la France, que Mohamed Hosni Moubarak travaillait pour le projet américain au Moyen Orient, que Kadhafi travaillait pour l'Europe. Le président français Sarkozy a reconnu qu'il avait besoin d'un monde arabe tenu par des dictateurs. Son nouveau ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, l'a reconnu aussi en nous sortant une excuse ridicule:"nous étions intoxiqués par le terrorisme". L'ancienne ministre des affaires étrangères de la patrie des droits de l'homme, Michèle Alliot Marie, avait proposé au président tunisien de lui envoyer du renfort pour mater son peuple. Pouvait-elle prendre une décision aussi grave sans l'aval de Sarkozy et du parlement français ? Une autre facette de nos dirigeants a été dévoilée par la révolution en Tunisie, en Egypte et en Libye. Pendant que les citoyens vivent dans les tombes et dans un total dénuement les dirigeants de ces pays amassaient des dizaines de milliards de dollars dans les banques européennes, américaines, arabes (Emirat, Bahrein) et achetaient des biens immobilliers en Europe et en Amérique. Ils gaspillaient des milliards de dollars pour financer l'élection des présidents européens, des clubs sportifs, des universités et pour renflouer des entreprises en faillite. Dans ces conditions qui travaille pour le compte des puissances étrangères ? Le peuple qui revendique des droits ou les dirigeants qui ne voient en lui qu'un tube digestif ? La preuve est faite que Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, Ali Saleh n'étaient pas des chefs d'Etats mais des chefs de gangs qui entretenaient des relations privilégiées avec les Chefs des Etats les plus "démocratiques " et les plus "légalistes" de l'Occident "civilsé"(2). Verrons-nous un jour un dirigeant arabe accepter la critique sans verser le sang des citoyens qui se révoltent contre le despotisme, la mégalomanie, la mauvaise gouvernance, le pillage et la dilapidation des richesses nationales ? Verrons-nous un jour un dirigeant arabe protéger les intérêts de son pays quand il tisse des relations d'Etat avec les anciennes puissances coloniales ? Les dirigeants arabes vont-ils enfin comprendre que les peuples ont le dos au mur et que la mort est devenue une solution inévitable de leurs problèmes. Vivre dans la dignité n'a plus de prix. Les révoltes en Libye, en Syrie, en Arabie Saoudite, à Bahrein, au Yémén s'étendront à toutes les dictatures arabes si les dirigeants arabes, comme Bachar El Assad, font couler le sang des insurgés en affirmant que la jeunesse arabe est manipulée par les "ennemis" de la nation. Car les vrais ennemis de cette jeunesse sont la confiscation des libertés, l'absence de perspectives et d'espoir, l'injustice, la hogra, la bureaucratie, la pauvreté et l'autosatisfaction de la classe dirigeante qui présente ses lamentables échecs comme des réussites.----------------------------------------------------------------------------- Mahdi Hocine ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------1) De boussaoud à bénissaïoud: d'un bout à l'autre du monde arabe. ----------------------------2) Washington, Londres, Berlin, Paris ont toujours installé ou protégé les plus sanguinaires dictateurs d'Amérique Latine, d'Afrique, d'Asie et du monde arabe. Nous apprenons aujourd'hui que le président américain Hussein Barack Obama a décidé d'abandonner le Président du Yémén Ali Abdallah Saleh qui chaque jour assassine des manifestants pacifiques. Il a fallu le massacre de centaines de citoyens yéménite pour que Washington réagisse enfin contre son harki trop compromettant pour son image de marque (démocratie, légalité).

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