Thursday, July 17, 2008

COMPRENDRE LES PIEDS NOIRS, COLONS ET AUTRES ?

COMPRENDRE LES PIEDS NOIRS, COLONS ET AUTRES ?

Après l’adoption par l’Assemblée nationale française de la loi négationniste française du 23février 2OO5 faisant du crime absolu contre l’humanité - le colonialisme- un acte noble civilisateur très bénéfique pour les peuples qui furent pendant des siècles (et le sont encore) martyrisés, dépossédés, déportés, gazés, cramés, torturés, déstructurés, soumis par la force irrésistible du canon, revoilà le sautillant Sarkozy revenant sans complexe sur le thème. Cette fois il a pris l’engagement de demander pardon aux harkis et aux Français qui furent « chassés » d’Algérie. Il a également promis de réhabiliter l’Organisation de l’Armée Secrète qui était l’équivalent du Ku Klux Klan et des escadrons noirs de triste mémoire. Un ramassis de d’assassins encadrés par des hauts gradés de la police et de l’armée, des hauts fonctionnaires et des colons qui rêvait de faire de l’Algérie une nouvelle Afrique du Sud.
Racolage électoraliste nous diriez-vous ?
Pas du tout.
Le nouveau président de l’UMP, prétendant favori au trône de l’Elysée, se cramponne énergiquement à une ligne de conduite vers laquelle converge une nuée de politicards - tocards de diverses tendances qui sont viscéralement opposés à un processus de repentance de l’Etat républicain français à l’égard des peuples de notre continent qui souffrent encore des séquelles de la colonisation : ignorance, famine, privation de tout,
du minimum des besoins vitaux de l’être humain. Et Sarkozy reste insensible et sourd à l’appel du bon sens.
Pour avoir bonne conscience il n’a retenu que les effets prétendument ‘’ positifs’’ du système colonial. Malgré la sauvagerie des opérations de « maintien de l’ordre » qui entre I83O et 1945 s’étaient soldées
par l’extermination de dizaines de tribus et le repeuplement de leurs immenses propriétés par des renégats
et des crèves la faim rameutés de toute l’Europe, il s’entête de faire siennes les divagations des défenseurs
d’un système raciste qui a réduit les africains à l’esclavage pendant des siècles.
A la traîne des politicards tocards voici que des téléastes se distinguent par une incroyable célérité sur un
sujet très peu exploré et qui fut tabou pendant très longtemps en France : la fuite des pieds noirs dans une indicible panique -Colons et autres- laissant derrière eux les fruits de près d’un siècle et demi de rapines
grâce à une présence « pacifique » de labeur productif dans un environnement de haine, de peur où l’Etat avait investi d’incommensurables moyens militaires, technologiques et financiers pour leur assurer ce
qui leur manquait en Europe : travail, sécurité, prospérité.
Au détriment des autochtones bien entendu.
Quand des politiciens assoiffés de pouvoir décident de réécrire l’histoire à la convenance de quelques
nostalgiques c’est la mémoire de centaines de millions de martyrs qui est souillée sans vergogne. C’est
également l’honneur de centaines de millions de survivants qui en souffre. A nous, anciens colonisés et
anticolonialistes, revient la noble tache d’éventer les tentatives de manipulation et les mensonges de ceux
qui ont la prétention de magnifier le terrorisme d’Etat qui est exercé par les grandes puissances militaires
et technologiques contre des pays sans défense et archaïques, même en période où les lois onusiennes en
principe (rarement dans les faits) condamnent et combattent les guerres d’invasion et de spoliation. Nous
avons eu le malheur de subir dans notre chair les souffrances, les humiliations, les mutilations, le deuil du
père, de la mère, du frère, de la sœur, du voisin, du cousin. Que ce malheur serve aujourd’hui à épargner à
d’autres peuples de souffrir comme nous avons souffert du colonialisme qui peut encore frapper n’importe
où et n’importe quand. Nous avons les qualités peu enviables des témoins oculaires et des survivants d’une
horrible guerre de spoliation qui nous avait enterrés dans l’obscurité et l’obscurantisme, qui avait cultivé en nous les germes de la peur, de la haine, du crime de la vengeance et de tous les défauts qui font de l’homme un monstre pour ses semblables.
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Nous avons vu et entendu avant 1954 puis entre 1954 et 1962 les pieds noirs, colons et autres segments
très actifs du système colonial. Nous les avons vus et entendus après 1962 en France et en Algérie. La vérité c’est que nous aurions aimé ne jamais les avoir vus, ne jamais les avoir entendus ni connus surtout
pendant la période de feu et de sang avant Juillet I962.
Ils personnifiaient des braqueurs qui ne voulaient pas perdre leur butin.
C’est tout dire !
Mais…
Etre jetés à la mer était devenu la hantise des pieds noirs, colons et autres, dès l’instant où des indigènes furent autorisés de fonder des associations et qu’ils eurent l’audace de revendiquer sur les places de Paris
l’indépendance de l’Algérie.
L’Etoile Nord Africaine de Hadjali et la Glorieuse Etoile Nord Africaine de Massali Hadj devaient offrir
aux gouvernants français l’opportunité d’identifier, de contrôler, de neutraliser ou d’éliminer au besoin
les indépendantistes algériens.
Et c’était de bonne guerre.
En pays occupé l’action politique sous les lois de la puissance spoliatrice est et restera un leurre car celle-
ci n’est pas disposée à écouter le langage de la raison. Le cas de la Palestine et celui de l’Irak sont une
répétition de ce que fut le militantisme partisan légale en Algérie de I92O à 1954. Les partis politiques
indigènes agréés subissaient des opérations d’une répression barbare qui les purgeaient cycliquement
des éléments les plus déterminés et les plus efficaces dans la mobilisation des foules. Tous les moyens
étaient bons : infiltration, incarcération, déportation, assassinat, placement en résidence surveillée, exil.
Exactement ce que font aujourd’hui les nazis sionistes et les Américains contre les indépendantistes en Palestine et en Irak où ils croient pouvoir fabriquer des Houphouët Bogny, des Bokassa, des Moubarak
qui réaliseront leur stratégie Au Moyen Orient.
Contrairement aux idées reçues les pieds noirs, colons et autres, ne furent pas jetés à la mer. C’étaient
qui s’y jetèrent dans un mouvement indescriptible de panique qui n’a d’explication qu’en eux-mêmes.
Très peu de pieds noirs, colons et autres, avaient la conscience tranquille. Ils n’avaient jamais aimé les
indigènes qu’en l’état de serviteur, de cireur, de mendiant pouilleux, d’esclave, d’infra humain, de singe.
Ils refusaient de les voir évoluer vers le statut d’un être humain à part entière qui jouirait des mêmes droits et serait soumis aux mêmes devoir qu’eux.
La fuite massive et désordonnée vers la métropole des descendants des soldats pacificateurs et des colons
bâtisseurs donne sa pleine dimension à un proverbe du terroir :
-‘’Ne reste dans le lit de l’oued que ses galets’’-.
Des pieds noirs qui revendiquaient leur algérianité étaient restés. Ils vivent respectés. Y compris ceux qui
n’avaient pas soutenu la guerre de libération.
Les scènes qui furent filmées sur le vif en I962 et rediffusées en Mai 2OO8 demeurent poignantes malgré
la distance temporelle qui en atténue la violence de l’effet sur les témoins oculaires. La détresse humaine ne
de glace que les politicards. Ceux-ci s’en gargarisent… Il s’en nourrissent comme les charognards se nour-
rissent de cadavres en état de putréfaction. Malheureusement se répètent chaque minute à travers le monde
ces scènes intolérables qui nous déshonorent tous. Voyez Bush, Blair, Sarkozy, Merkel face à la détresse
des Palestiniens. Il leur suffit d’une seule réunion sérieuse pour régler définitivement le problème et réparer
les effets désastreux d’un déni de justice dont ils sont solidairement coupables. Voyez le même quarteron de
criminels de guerre face aux souffrances indescriptibles des Irakiens, des Afghans, des Libanais qu’ils font
assassiner et qu’ils font jeter massivement sur le chemin de l’errance. Ils en sont fiers comme le fut Hitler
en écrasant l’Europe sous ses bottes de conquérant. Il en sont fiers comme le fut De Gaulle en écrasant toute
l’Afrique sous ses bottes d’usurpateur.
L’Algérie de I962 c’était un cocktail de joie, de peur, de haine, de sang, de malentendu, d’incompréhension,
de larmes, de douleur. Ce n’était plus la guerre mais ce n’était pas encore la paix. C’était la confusion. Tout
le monde avait peur de tout le monde. Rien ne distinguait l’ami de l’ennemi. C’était le dernier cadeau de la puissance coloniale à ses anciens esclaves émancipés.
Fuyant massivement l’Algérie dans une bousculade pathétique, une petite valise à la main, des milliers de pieds noirs prirent d’assaut les bateaux en partance vers leur mère patrie la France qui verra en eux plus des
étrangers, des envahisseurs que des enfants de sa chair.
La majorité des fuyards craignait plus les exactions de l’OAS que la vengeance des indigènes.
Premier problème :
Ce fut la débandade dans les villes françaises de débarquement car, dans leurs prévisions les plus pessi- mistes, les gouvernants français de l’époque n’avaient prévu que le déferlement d’une centaine de millier de rapatriés à recaser.
Il y eut un raz de marée.
Plus d’un million de « réfugies » entre pieds noirs, harkis, collaborateurs et assimilés avaient envahi le sud
de la France. Les uns réellement ciblés par la vengeance populaire (harkis et collaborateurs), les autres poussés à leur corps défendant par l’effet d’entraînement d’une situation de désordre extrême qu’aggravait
la passivité des autorités françaises qui détenaient encore le pouvoir de gestion en matière de sécurité et de
protection de leurs ressortissants. D’autant plus que, jouant leur dernière carte, les ultras de l’Algérie française semaient la terreur dans toutes les directions n’épargnant ni les personnes ni les biens. Bien sûr
avec la complicité d’une partie de la police, de l’armée et de dirigeants politiques.
Pieds noirs, harkis déchus, collaborateurs et assimilés pensaient la même chose : mieux valait déguerpir vers n’importe quelle destination que de mourir bêtement d’une balle perdue ou d’un couteau vengeur.
Le réflexe était somme toute naturel.
Particulièrement pour un très grand nombre de harkis, de collaborateurs, d’assimilés qui revendiquaient la
nationalité française acquise par la situation sociale ou l’allégeance, c’était la valise ou le cercueil. Pas de
choix possible pour ces fidèles serviteurs du colonialisme. Mais le général de Gaulle, tout en sachant cela,
les avait abandonnés. D’abord il vomissait les traîtres à leur patrie. Ensuite il voyait en eux une charge
supplémentaire très lourde pour son pays. Il avait réfléchi et agi en manager d’entreprise qui recrute selon
les besoins incompressibles des chantiers qui sont en cours de réalisation. De son point de vue les harkis
ayant été généreusement payés pour leur travail, leur devenir ne concernait plus la France. Les tueurs à
gage et les mercenaires n’ont plus rien à demander aux commanditaires une fois leur mission accomplie.
Ils devront chercher ailleurs d’autres contrats, d’autres missions.
Une fois débarqués en France les fuyards eurent à affronter des épreuves avilissantes. Ils découvrirent que
La France de I962 n’avait plus rien à voir avec la France qui avait applaudi l’exposition coloniale de 193O. Les habitants des villes de débarquement comme Marseille leur réservèrent un accueil méprisant. Il y eut
à leur égard un sentiment diffus de rejet. Les harkis, les collaborateurs et les assimilés n’étaient plus ciblés
que les pieds noirs, colons et autres blancs. Tous furent reçus sous une grêle de qualificatifs insultants, à la
limite de la haine raciale : envahisseurs, suceurs de sang, exploiteurs. Les titres gros et gras de journaux, la
violence des commentateurs de presse, la grossièreté des caricatures exprimaient une charge de répulsion
rarement égalée. Des appels de lynchage à peine déguisés contre le ‘’salaud’’ de colon dont la protection a
coûté la vie à des milliers d’adolescents qui furent enrôlés de force dans une sale guerre qui ne concernait en rien la république française.
Tous les reproches, toutes les critiques contre ceux qui fuirent massivement l’Algérie allèrent dans ce sens.
C’était traumatisant pour des super citoyen de se voir rabaissés à ce point par leurs compatriotes dans leur
propre pays, comme de vulgaires immigrés italiens et espagnols qui envahissaient la France parce qu’ils ne
trouvaient pas quoi manger chez eux*. Situation kafkaïenne dans ce qu’elle contenait de tension difficile à
imaginer et plus encore à prévoir. Cela nous permet de mesurer les conséquences de la guerre d’Algérie en
France dans les années soixante. Période de crise économique et de chômage où les rapatriés furent traités
comme des étrangers, certes d’origine européenne (des blancs dans le langage populaire) mais qui étaient
loin de mériter que la nation française continuât de les entretenir après avoir sacrifié vingt trois mille de ces
chers enfants pour les défendre. Des enfants qui ne comprenaient pas pourquoi ils devaient tuer ou mourir
pour défendre un système d’apartheid dans un prétendu département de la république française. Ce désarroi
fut avant 1962 exprimé dans des milliers de lettres de conscrits à peine sortis de l’enfance qui furent malgré eux envoyés au front où des dizaines se suicideront tandis que d’autres déserteront l’armée françaises pour
ne pas participer à des opérations de massacre de civils dans les djebels. Nous parlons de ceci avec la gorge
serrée de tristesse et en connaissance de cause. Car notre très modeste contribution à un réseau ‘’terroriste’’
urbain de Constantine nous avait amené à voler des cartables de documents et du courrier. Dans le lot nous
avions trouvé des centaines de lettres de soldats à destination de leurs parents, amis et fiancées et vice versa.
Lettres que nous avions lues avec nos cœurs d’enfants. Il ne nous était pas difficile d’imaginer les douleurs
multiples et les traumatismes de la mère, du père, de la sœur, des grands parents, de la fiancée, de l’épouse
qui attendaient sur des braises le retour de l’être cher en maudissant De Gaulle, Massu, Bigeard, Lacoste et toutes les guerres de spoliation qui dévorent des millions d’enfants à travers le monde pour protéger les colons et les intérêts des puissants industriels européens royalement installés dans les colonies et pratiquant ignominieusement l’esclavage. Nous n’avions qu’à observer l’angoisse qui étranglait nos mères quand nous
sortions le matin pour l’école ou le travail à cause des rafles et de la cruauté des bérets rouges de Massu.

*-La mode en France était d’humilier les immigrants italiens, espagnols, portugais et polonais.
Quand le père et la mère apprennent que leur enfant soldat se pose des questions sur la justesse d’une guerre
qu’il est contraint de faire, ils perdent l’espoir de le revoir vivant ou sain d’esprit.
Raisonnablement les pieds noirs, particulièrement les colons, ne devaient pas s’attendre à être reçus avec des fleurs en terre « républicaine » où les parents, les veuves et les amis des conscrits estropiés, disparus et morts voyaient en eux des privilégiés qui avaient survécu à la guerre parce qu’ils étaient des détrousseurs de
cadavres, des lâches, des Thénardier. A l’époque, surtout après la systématisation de la torture, des intellec-
tuels français et la presse internationale s’étaient braqués sur les atrocités et l’inutilité de la guerre d’Algérie. C’était le combat du cœur et des idées contre la barbarie du colonialisme. Ecrivains, philosophes, avocats, enseignants, avocats, artistes français s’étaient mobilisés contre les exactions du système colonial, contre les pleins pouvoirs dont abusait l’armée française en Algérie. C’était Jean Paul Sartre contre Albert Camus, c’était Jacques Vergés transformant les prétoires judiciaires en tribune politique pour plaider contre toutes les formes de colonialisme dans le monde entier en défendant des résistants algériens que l’Etat français et ses suppôts qualifiaient de terroristes sanguinaires, c’était les actions percutantes des objecteurs de conscience et des pacifistes qui refusaient de prendre les armes contre le peuple algérien qui se battait pour son indépendance, c’était l’affaire Djamila Bouhired qui avait bouleversé le petit peuple français qui fut pendant très longtemps trompé par la propagande de l’Elysée. Ce bouillonnement d’idées avait sensibilisé les foules et les avait mobilisé contre le système colonial. En Europe aussi le colonialisme français recevait de sévères coups de tous les côtés parce que les colons français s’arc-boutaient sur des certitudes dépassées
par l’évolution des mentalités depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et des opérations génocidaires
du 8 Mai I945 dans le Constantinois. Le renforcement des lois répressives, la politique d’exclusion illustrée par le partage des populations en super citoyens appartenant au premier collège et en sous citoyens appartenant au second collège, une voix du premier collège valant dix du second collège. C’était l’arme idéale des colons contre les autochtones. Mais c’était aussi un vecteur de la rébellion.
Les séquences filmés sur le vif en 1962 des deux côtés de la Méditerranée, en Algérie et en France, nous
dévoilent la déchéance humaine dans tous ce qu’elle a de plus choquant, de plus répugnant.
Les auteurs du documentaire ont travaillé suivant la ligne (l’angle de vue) que suggère la loi du 23 février
2OO5 qui a inspiré les projections de Sarkozy concernant la réhabilitation de l’OAS ainsi que le devoir de
repentance envers les pieds noirs et les harkis.
Victimiser les rapatriés semble le souci majeur des témoignages enregistrés qui insistaient sur l’ingratitude crasse de l’Etat français et sur la méchanceté du peuple de France.
Pour les Harkis les choses sont très claires, aveuglantes. Le massacre d’une partie d’entre eux en Algérie était le résultat inévitable, logique de la décision du général de Gaulle de les désarmer et de les abandonner sans protection à la vindicte populaire au lieu de les maintenir au sein de l’armée française en récompense de leur engagement au service du système colonial et de la république. Quand aux pieds noirs c’était le gros point d’interrogation. Pour les grosses pointures de la politique française c’était la consternation. Personne ne pouvait prévoir les manifestations de xénophobie à leur encontre, chez eux, en France.
Caprice de l’histoire ?
Magistrale revanche de la Justice ?
Le super citoyen qui a vécu depuis sa naissance au dessus des lois, hors échelle, presque en Dieu et qui du jour au lendemain se retrouve au plus bas de l’échelle sociale, presque aussi bas que ses anciens esclaves, hué, moqué, injurié, mis au ban de la société par la vox populi, caricaturé sous les traits hideux des suceurs de sang.
A l’évidence, les scènes de la brutale déchéance humaine frappent violemment les esprits et provoquent une très vive émotion chez les personnes qui n’ont pas eu le grand malheur de croupir sous le joug colonial pendant des siècles.
Sarkozy, Bernard Henry Lévy, Gluksman, Wiesel consacrent des efforts considérables au tissage du linceul de l’oubli pour enterrer une période de l’Histoire dont la France officielle pro sioniste a honte. La France de gauche, celle de droite comme celle du centre en passant par toutes les gammes des couleurs politiques. Quant à nous, nous n’oublierons jamais cette tranche d’une histoire commune qui fait honte à l’ancienne puissance coloniale.
Nous ne pleurerons pas la fuite de l’esclavagiste blanc qui nous avait privé du Savoir, de la Culture, de la Liberté, du Droit, du Pain, de notre identité. Nous lui pardonnerons s’il aura le courage et la dignité de nous le demander mais nous n’oublierons jamais le mal qu’il nous a fait. Les blessures sont trop profondes, elles saignent toujours. Chaque fois que nous creusons les fondations d’une école ou d’une école à l’intérieur du pays nous découvrons des charniers qui datent de I83O à 1962. Les mines antipersonnel qui furent semées par l’armée française continuent de tuer et d’estropier des Algériens près d’un demi siècle après l’indépendance et l’Etat Français, l’ancienne puissance coloniale, n’a jamais fait le geste d’arrêter le massacre en proposant une opération concertée de déminage. Ce qui nous donne le sentiment que la France officielle n’a pas encore terminé sa guerre contre le peuple algérien.
Nous ne pleurerons pas la fuite de l’esclavagiste blanc qui voyait en nous le 1/1Oème d’un être humain blanc.
Quand des suceurs du sang des bougnoules subissent les conséquences perverses de leurs ignominie ne demandez à leurs victimes d’éprouver un atome de compassion pour eux. A fortiori quand les esclavagistes en question s’emploient aujourd’hui avec un inégalable acharnement à nier, à relativiser, à justifier leurs forfaitures en culpabilisant le ciel et les Dieux.
Bien entendu nous laisserons la responsabilité aux historiens honnêtes et véreux la responsabilité entière de ce qu’ils écrirons. Nous n’avons ni la prétention ni l’envie de les concurrencer. Mais quand le vainqueur cherche par des moyens malhonnêtes d’imposer au monde sa lecture aseptisée du système colonial nous nous sentons, en qualité de témoin oculaire de défendre la mémoire de nos martyrs.
Nous serions des imbéciles si nous affirmerions que tous les pieds noirs étaient des salauds.
Nous serions des imbéciles et des menteurs.
Les pieds noirs se divisaient en quatre groupes bien distincts. Avant d’aller plus loin il est très important de préciser que la décantation n’a commencé à se dessiner qu’après la deuxième guerre mondiale. Nous excluons de cette liste les volontaires, nés et scolarisés en France, qui avaient librement choisi d entamer leur carrière professionnelle en Algérie et qui se révoltèrent très vite contre les exactions du colonialisme : enseignants, infirmiers, médecins, fonctionnaires et soldats qui furent trompés par la propagande de la pacification. Beaucoup d’entre eux ont aidé les Algériens du mieux qu’ils pouvaient et ont forgé en eux l’esprit de résistance. Au sein même de l’école française. Nous en avons connu quelques uns : des femmes et des hommes qui aimaient la liberté autant pour eux que pour les autres.
Notre classement est arbitraire mais chacun peut l’inverser à sa convenance.
Les pieds noirs du premier groupe se sentaient complètement algériens. Le plus naturellement du monde ils s’étaient engagés dans la guerre de libération. Les tortionnaires qui travaillaient sous les ordres de Massu et de Bigeard en avaient ‘’suicidé’’ quelques uns. L’OAS aussi en avait assassiné quelques uns : médecins, ingénieurs, enseignants, avocats, artisans, ouvriers, fonctionnaires, artistes, hommes d’église …
Les pieds noirs du deuxième groupe croyaient en la grandeur de la France républicaine. S’il ne tenait qu’à eux ils auraient supprimé l’infamant code de l’indigénat. Ils militaient pour l’accession des indigènes au statut du citoyen de la république française au même titre que les italiens, les espagnols, les maltais et les autochtones de confession juive qui furent anoblis par la loi ségrégationniste Crémieux. Ils étaient humanistes. Ils appartenaient à divers horizons socio professionnels. Depuis le traumatisme de l’occupation de la France par Hitler ils ne toléraient plus les discriminations en Algérie sous l’emblème de la république et au nom de la France. Leur participation au front antinazi les avait radicalement transformés. L’Allemagne avait littéralement écrasé la France. Eux avaient tiré une bonne leçon de la victoire fulgurante d’Hitler sur leur pays. Mais surtout les Algériens avaient gagné leur estime sur le champ de bataille contre les forces hitlériennes.
Ces deux premières catégories de pieds noirs avaient chacune une son symbole.
Pour l’une c’est un professeur de médecine infatigable militant de l’indépendance Chaulet a eu la baraka d’éviter toutes les souricières des Bigeard, des Aussarresses et des Massu. De l’hôpital au maquis, ensuite du maquis à l’hôpital il fera partie de la poignée de médecins dévoués qui, avec presque rien, réaliseront le miracle de sauvegarder les structures sanitaires et les précieux équipements médicaux.
Pour la seconde catégorie leur icône c’était Albert Camus, prix Nobel de littérature. L’homme qui préférait sa mère à la justice. La France était sa mère et l’Algérie ne pouvait être qu’une province française. Dans ses écrits journalistiques il dénonçait les misères dont souffraient les indigènes du deuxième collège sans parler des causes profondes de ces misères ni de la nature profondément ségrégationniste du système colonial.
Les pieds noirs de la troisième catégorie -les plus nombreux- se battaient comme des enragés pour les mesures qui étaient déjà très dures de discrimination à l’encontre des ratons, des bougnoules, des crépus, des pouilleux, des macaques, des sauvages, des musulmans à la réputation sulfureuse d’égorgeur. Ils combattaient avec la dernière des énergies tous les projets de loi qui n’allaient pas dans le sens du renforcement des carcans législatifs qui maintiennent les indigènes en état d’infériorité : infra humain, esclave, bête de somme, singe parlant qui doit être parqué dans des zones arides, dépossédé de sa culture, enfermé dans les ténèbres insondables de l’analphabétisme, déporté à Cayenne ou éliminé dès qu’il essayera de relever la tête.
Qu’il fut français d’origine ou d’adoption, qu’il fut chrétien, juif ou athée, le pied noir de cette catégorie se distinguait par une tendance très marquée à la méchanceté gratuite. Ses mots étaient des coups de fouet ou des piques d’un tisonnier chauffé à blanc. Fascistes et esclavagistes il se cabrait à la seule idée que l’intelligence humaine puisse voir en l’Africain colonisé l’ombre d’une créature qui soit digne de la civilisation, assimilable, capable d’aller à l’école et d’ingérer le cursus ordinaire de formation du citoyen qui sera un jour en mesure d’assumer ses devoirs et de se prendre en charge. Ces préjugés contre les peuples colonisés étaient cultivés par des hommes de sciences reconnus, des philosophes, des sociologues, des écrivains renommés, des journalistes influents, des ethnologues, des politicards, des curés, des archevêques et le Pape. Pendant des siècles (en Amérique, en Asie et en Afrique) ces préjugés avaient constitué l’épine dorsale de la propagande coloniale à cause des hommes de sciences et des hommes d’église qui avaient cautionné les génocides et la mise en esclavage des indigènes dans tous les pays colonisés.
En fait cette catégorie de pieds noirs de la première et de la deuxième générations dite « pionnières » portait un regard de dompteur de cirque sur les autochtones qui étaient qualifiés de fourbes, sournois, crasseux, ne comprenant que le langage de la trique. Du muscle brut à exploiter sans retenue puisque leur taux de natalité est semblable à celui des lapins. A l’évidence les méthodes de dressage variaient selon les tempéraments des dompteurs. Le grand avantage des générations de pieds noirs dites « pionnières » c’est qu’elles disposaient des droits du seigneur-saigneur sur leur personnel et sur les indigènes qui végétaient autour d’eux. Une vue de l’esprit le maître blanc une cravache à la main, le fusil à l’épaule, l’insulte assassine à la bouche, le crachat preste, le pénis en chasse constante d’un gamin ou d’une gamine impubères à déflorer ? Une vue de l’esprit les gamines violées qui appellent au secours, que tout le monde entend crier et pleurer et que personne ne défendra ? Une vue de l’esprit les gamines qui griffent, mordent, se tortillent puis s’abandonnent vaincues par la brutalité de la pénétration, ce qui provoque l’orgasme, le plaisir suprême du violeur sadique, du pédophile qui goûte au fruit interdit en sachant qu’aucun magistrat ne le condamnera parce que les victimes ne sont ni françaises, ni d’origine européenne, ni chrétiennes, ni juives de confession ? Non ce n’est pas une vue de l’esprit. Ce n’est pas une invention cinématographique de série Z.
Ce n’est pas non plus une histoire née de l’imagination débridée d’un romancier qui rêve de se faire une réputation sur la scène littéraire.
Le maître blanc qui en usant de mensonges et de faux témoignages fait exterminer toute une tribu par l’armée, envoie au bagne ou à la potence des indigènes qui défendent leurs bien ou leur honneur, c’était aussi une banalité du système coloniale.
En Algérie, à Madagascar, en Guadeloupe, à la Réunion, au Sénégal, au Gabon, en Afrique du Sud, à Cuba,
au Vietnam, en Amérique, en Australie, c’était le terrible quotidien des peuples colonisés, même après la deuxième guerre mondiale quand la société des Nation avait créé un Tribunal pour condamner les exactions des forces d’occupation dans les pays colonisés. Et là c’était la plus horrible manifestation de racisme des blancs occidentaux contre les peuples sous occupation puisque le Tribunal International n’a jugé et condamné que des officiers de l’armée allemande pour avoir colonisé et massacré des blancs européens de confessions chrétienne et juive. Ce Tribunal n’avait pas statué sur l’opération génocidaire commise le 8 Mai 1945 en Algérie par les forces d’occupation française C’était un crime contre l’humanité que la Société des Nation avait classé dans la catégorie des opérations de maintien de l’ordre d’un pays souverain.
Partout où ils s’installent en conquérants auréolés du titre du titre de pionniers ou de pacificateurs les colons se comportent en tyrans, en juges et parties à la fois. En Algérie ils s’étaient bercés pendant plus d’un siècle de l’illusion qu’aucune force au monde ne saurait remettre en cause leurs acquis et leur arracher un si beau pays qu’ils avaient mis en valeur au prix d’efforts et de sacrifices inestimables. Contre toutes les accusations qui pèse sur eux ils brandissent leur plus réalisation : les vergers de la Mitidja qui justifieraient tous les carnages. La Mitidja c’était un paradis arraché aux marécages au profit d’une poignée de gros colons issus de l’armée d’invasion. L’Etat français avait investi de l’argent et de la technologie et les esclaves indigènes
avaient fait le reste avec leur sueur, leur sang, leur chair contre des salaires dix fois inférieurs à celui de l’ouvrier blanc. Même pas de quoi se nourrir pour reconstituer les forces. Malnutrition et tuberculose ne tuaient que les indigènes par milliers sur les premiers chantiers du système colonial en Algérie. Les colons, eux, n’avaient qu’à commander, qu’à surveiller et qu’à s’engraisser de la sueur, du sang et des souffrances de ses esclaves. Du point de vue des ‘’nostalgériques’’ le périmètre de la Mitidja seraient la confirmation que les bougnoules sont des créatures improductives, paresseuses, inférieures aux Occidentaux.
La Mitidja, les routes, les barrages, les ponts, les voies ferrées, les vignobles… Autant de preuves irréfutables que si les bougnoules n’étaient pas handicapés du cerveau, s’ils avaient une vision de l’avenir, s’ils aimaient leurs pays, s’ils avaient de l’ambition, ils auraient construit tout ça avant l’arrivée des colons.
C’était le discours caricatural que véhiculaient des hommes de sciences et d’église, des journalistes, des écrivains, des philosophes, des faiseurs d’opinion à l’époque pour cautionner les holocaustes commis en Afrique, en Amérique, en Asie au nom de la civilisation Occidentale.
Par conséquent les bougnoules n’avaient rien à revendiquer de l’ancienne puissance coloniale. Ni réparation ni repentance.
Pas un mot de regret pour l’extermination de millions de citoyens et le pillage de leurs biens, pour les déportations, pour la déculturation, pour avoir semé l’ignorance et la haine, pour l’esclavage.
Pourtant, en vertu des règles iniques du système colonial, c’était l’indigène qui usait ses forces et son énergie sur les chantiers des routes, des ponts, de la valorisation des terres, dans les mines, dans les vignobles, sur les marécages sans avoir le droit de manger à sa faim. C’était l’indigène qui crevait d’épuisement sous la trique du colon en travaillant jusqu’à seize heures par jour, perdant parfois un bras, une jambe, la vue, les poumons ou la vie. C’était l’indigène qui fertilisait de sa sueur et de son sang les vergers, les potagers, les plantations céréalières, sans avoir le droit de se plaindre, de se soigner, de rêver de quitter un jour le sordide gourbi où il s’entassait avec ses enfants sinon pour être enterré au cimetière. Et c’était toujours le maître blanc à la cravache qui cumulait gloire et richesse, qui jouissait de la protection sociale et sécuritaire, du savoir, des belles choses de la vie, en exerçant toutes les espèces d’abus que les conquérants barbares font subir aux peuples vaincus et désarmés.
Que ceux qui doutent compulsent les archives de la période coloniale. Ils auront tous les éclairages voulus pour découvrir la soif de possession et de domination des pieds noirs. Rares sont ceux qui avaient eu le bon sens d’admettre que les discriminations contre les autochtones auront à moyen ou à long terme des répercussions sur leur devenir. Et encore ils avaient commencé à réfléchir en ce sens seulement après la sauvage répression contre la manifestation pacifique du 8 Mai I945 où, tout en saluant la victoire des alliés, les Algériens avaient rappelé aux dirigeants de la coalition antinazie leur engagement de mettre fin au système colonial en Afrique en commençant par l’Algérie. C’était un engagement des américains avalisé par la France libre que dirigeait le Général de Gaulle.
Les ‘’nostalgériques’’ font semblant d’avoir oublié que c’est seulement après les massacres du 8 Mai I945 à Sétif, Kherrata, Guelma que s’est opérée une lente évolution dans le comportement des pieds noirs de la seconde catégorie. Mais il était déjà trop tard pour remettre en place un dispositif d’assimilation semblable à celui qui avait intégré les Algériens de confession juive au sein de la nation française en I97O. Même les indigènes qui en avaient rêvé pendant des décennies avaient perdu confiance en l’esprit républicain dont ce vantaient les dirigeants français. On ne mendie pas un droit. On ne supplie pas pour l’obtenir. On prend les armes pour l’arracher. C’était le langage de ceux que l’on considérait comme des extrémistes des extrêmes. Les massacres du 8 Mai 1945 avait servi de révélateur. Les indigènes et les pieds noirs avaient pris conscience que plus rien ne serait comme avant. Les premiers commencèrent les préparations d’une guérilla suicidaire, les seconds commencèrent à préparer la résistance pour ne pas être jetés à la mer.
A qui la faute ?
Des projets de lois Crémieux à ceux de Blum-Violette, que de brimade. !
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Nous avons vu, nous avons entendu les pieds noirs arrogants, le 8 Mai I945 et plus tard une fois le calme revenu, les mains pleins de sang des innocents. Ils se congratulaient, rassurés, heureux d’avoir assassiné des hommes, des femmes, des enfants désarmés.
Dix ans de tranquillité valaient bien un génocide.
Les émules de Nicolas Sarkozy qui fait siennes les éculubrations des nostalgiques de l’Algérie Française sont incultes ou bien mal informés. Ils doivent rechercher la vérité en lisant et analysant les journaux de campagne écrits par des officiers et des soldats français pendant les opérations de répression et d’extermination des tribus en Algérie. Ils doivent relire et analyser les débats de l’Assemblée Nationale française avant et après 195O qui opposaient les députés sur les exactions du colonialisme dans toute l’Afrique et particulièrement en Algérie où les autochtones étaient soumis au système du deuxième collège lequel n’avait rien à envier à l’apartheid, au nazisme et au sionisme. Comble de l’horreur ! Des soldats et des officiers de l’armée française et des hauts fonctionnaires de l’Etat français ne parvenaient pas à cacher leur indignation face aux mesures ségrégationnistes appliquées aux infra humains arabo-berbères. Mesures qui aiguisaient la haine et le désir de vengeance que couvaient les autochtones à l’encontre des pieds noirs et de l’armée d’occupation.
Le documentaire inspiré ou commandé à des téléastes par les propagandistes du projet de repentance de la France sarkoziste envers les pieds noirs, les harkis et l’OAS n’est pas innocent. Ce qui était vrai pour les harkis ne l’était pas du tout en ce qui concerne un grand nombre de pieds noirs : la fuite par crainte d’être massacrés par les indigènes revanchards et gavés de haine qu’aucune force ne peut contrôler. Le documentaire ne le suggère pas, il déforme la réalité. Le réalisateur a joué astucieusement sur le montage des images d’archives et la sélection des déclarations larmoyantes des nostalgiques de l’Algérie Française qu’il a enregistrées en Algérie et en France. C’était un travail commandé. Le téléaste devait impérativement tenir compte des orientations de ses clients. De ce fait son travail interpelle tous les anciens colonisés ainsi que tous les humanistes du monde entier qui ont toujours milité contre les systèmes colonialistes et néocolonialistes. Les promoteurs de la loi du 23 Février 2OO5 ont réactualisé un discours négationniste en manipulant l’histoire pour élargir le fossé qui sépare le Nord et le Sud et barrer le chemin à toutes les opportunités d’un dialogue franc et serein entre de potentiels partenaires qui doivent être soucieux d’aplanir les malentendus et les incompréhensions.
On ne réinvente pas un douloureux passé vécu par deux peuples dans la haine, la peur, le feu et le sang. Les héritiers d’un patrimoine historique prennent l’actif et le passif qui sont indissociables. Par conséquent ils doivent en assumer les dettes morales et matérielles. Et spécialement les dettes morales.
Le 4 Mai 2OO7 la reine Elisabeth d’Angleterre visite ce qui fut la première colonie anglaise du continent américain. Quatre siècles après l’invasion et les massacres des indiens elle n’a pas eu honte de demander humblement pardon aux descendants des indiens qui furent exterminés et aux descendants des Africains qui furent réduits à l’esclavage au service des colons anglais.
Quatre siècles après !!!
Ce sont des gestes pareils qui cicatrisent les plaies et reconstruisent les ponts de l’entente et des rencontres entre les peuples. Ce sont des gestes pareils qui nous donnent la mesure du long chemin à parcourir par la France officielle pour avoir l’honnêteté de regarder son passé d’esclavagiste, d’usurpatrice sans insulter la vérité, sans souiller la mémoire de nos martyrs, sans se mentir et sans mentir à ses enfants.
Quatre siècles après !!!
La reine Elisabeth n’a pas eu honte d’assumer face au monde entier les lourdes dettes morales qu’elle a hérité de ses ancêtres en héritant du trône du Royaume Uni. Quelle grandeur d’âme ! Quelle hauteur de l’esprit ! Quel sens de l’honneur et du devoir ! En comparaison les Pompidou, les Giscard d’Estain, les
Mitterrand, les Chirac et les Sarkozy paraissent des mini nains.
La France restera t-elle indéfiniment le Tiers Monde de l’Occident sur le plan de l’intelligence et de l’humanisme ?
On ne ment pas aussi effrontément sur un passé de carnage, de spoliation, de torture, de viol quand les victimes ne sont pas encore guéris de leurs blessures, quand le deuil n’est pas apaisé, quand les incurables séquelles du colonialisme empoisonnent le présent et rendent précaire l’avenir de plusieurs générations.
Le colonialisme est toujours actif sous une forme plus insidieuse en Afrique. Mais il sévit encore avec les méthodes barbares du seizième siècle en Palestine, en Irak et ailleurs. Au vingt et unième siècle des peuples vaincus continuent de subir les lois iniques imposées par des puissances usurpatrices. L’Algérie de I83O à I962 c’est aujourd’hui la Palestine et l’Irak.
Ce qui signifie que n’importe quel citoyen de l’Occident civilisé à désormais la possibilité de se faire sa propre opinion sur les génocides, les spoliations, les discriminations, les implantations coloniales en Afrique
avant le dix-neuvième siècle. En transposant ce qu’ils voient aujourd’hui en Palestine et en Irak sur ce qu’ils ont lu sur l’Afrique des siècles précédents ils comprendront mieux l’action de « pacification » des troupes d’invasion en Algérie, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Sénégal ect…
L’histoire se répète parce que l’instinct bestial, le besoin de domination, l’envie de possession, la sensation de puissance poussent l’homme à toutes les extrémités. L’histoire se répète parce que l’immoralité gouverne le monde. L’histoire se répète parce que la force brutale piétine la justice et écrase le faible.
L’Amérique, première puissance militaire et technologique de la planète, écrase l’Onu pour envahir et détruire l’Irak, déstabilise la Syrie et le Liban, massacre les Palestiniens par l’intermédiaire des sionistes, rien que pour avoir sous la main les richesses énergiques du « Grand Orient ». Elle tient sous ses bottes la Jordanie, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les royaumes confettis de la région en plus du Pakistan et de l’Afghanistan qui n’ont ni la volonté ni les capacités de produire leur nourriture.
Et c’est en l’an de grâce 2OO8.
Bush associe à ses rapines Blair, Brown, Sarkozy, Merkel… Hier il y avait Régan, Nixon, De Gaulle, Pétain, Coty, Hitler QUI SE PARTAGEAIENT le Tiers Monde.
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Nous avons vu et entendu les pieds noirs avant la dernière phase de la guerre de libération (I954-I962), pendant cette phase qui a rayonnait sur tout le continent africain et après la guerre de libération.
A chaque fois ils ont montré un visage de nostalgérique.
A chaque fois ils eu une attitude de nostalgérique.
A chaque fois ils ont distillé un discours de nostalgérique.
Le pied noir c’était d’abord l’usurpateur prêt à tous les crimes pour s’approprier des biens qui ne lui appartiennent pas. Ensuite c’était l’esclavagiste affirmant et se persuadant que c’est le Dieu des Chrétiens qui l’avait parachuté dans un coin paradisiaque de la terre en lui confiant la mission d’en chasser les barbares païens qui n’avaient ni l’intelligence ni le Savoir de fructifier un bien si précieux. D’ailleurs pour remercier son Dieu des Chrétiens il avait rasé des mosquées millénaires et construit à leur place de belles églises.
Le Français, le Corse, le Basque, le Breton, l’Espagnol, le Portugais, l’Italien, le Grecque, le maltais, qui n’avaient aucune chance de sortir de la misère en Europe et qui, une fois débarqués en Algérie, se verront offrir sur un plateau d’or un lopin de terre, des crédits bancaires sans intérêt et une main d’œuvre moins coûteuse que l’entretien d’un chien de garde. La roue de la fortune quoi !
Tout ceci n’était pas réalisable sans la négation du droit à la vie de l’autochtone, sans la négation de ses droits moraux, juridiques et humains sous la bannière de la république française qui avait inspiré la Charte Universelle des Droits de l’Homme.
Ceux qui ont eu la chance inestimable de ne pas avoir vécu sous le joug colonial et néocolonial auront de la peine d’imaginer l’état d’esprit d’un peuple dépossédé de tout ce qui fait la dignité d’un être humain. Ils n’ont qu’à observer dans quelles conditions vivent les Palestinien, les Irakiens, les Tchadiens, les Ivoiriens, les Haïtiens. Nous nous y arrêterons avec notre subjectivité. A vous de vérifier et de nous démentir.
C’est récent, c’est l’actualité, c’est l’histoire qui se répète encore, encore et encore.
Le pseudo Etat sioniste -qui est dans les faits la main armée US au Moyen Orient- chasse manu militari les Palestiniens ou les assassine et rase leurs maisons. En second lieu il importe des Allemands, des Anglais, des Français, des Suédois, des Hollandais, des Polonais, des Russes qu’il implante sans état d’âme sur des terres qui ont été vidées de leurs propriétaires. Les colons d’importation débarquent sur les lieux avec dans l’esprit la certitude que la Palestine était un pays sans peuple et convoité par des Arabes. Pratiquement c’est un soldat qui doit occuper une position et la défendre à n’importe quel prix contre les convoitises du voisin. L’administration américaine finance entièrement la colonisation que l’Union Européenne et l’ONU condamnent du bout des lèvres. Elle fournit l’équipement, les armes et la couverture diplomatique contre le droit international, contre les conventions de Genève et contre toutes les institutions. Il est important d’insister sur un point : les colons d’importation avec la qualité de sionistes auront droit de vie et de mort sur les Palestiniens qui ont survécu aux opérations génocidaires et ceux qui ont glissé entre les mailles des filets de la déportation CAR ILS ONT LA MALENCONTREUSE IDEE DE REVENDIQUER LA RECUPERATION DE LEURS BIENS SPOLIES.
Ce sont ces pratiques ignobles de dépossessions multiples autant morales que physiques et de massacres qui font du système colonial le crime absolu contre l’humanité.
Il serait ridicule de penser qu’il existe actuellement un seul citoyen ou un seule citoyenne de l’Occident dit civilisé qui ne sache pas ce qui se passe en Palestine, en Irak, au Liban, au Tchad, au Rwanda et dans d’autres pays du Tiers Monde prétendus indépendants où les anciennes puissances coloniales disposent de bases militaires et exploitent les richesses naturelles (mines, forêts, pétrole), en laissant les autochtones végéter dans une misère indicible, sans le minimum pour survivre dignement. Dans tous les domaines : eau potable, électricité, école, logement décent, route, équipement sanitaire, agriculture vivrière. C’est toujours le temps des cavernes pour les Nègres et le vingt et unième siècle pour les exploiteurs européens.
Comme les Australiens, les Canadiens et les Américains (en majorité des descendants d’envahisseurs) aucun citoyen du monde civilisé n’a l’excuse de dire ‘’je ne sais pas’’ ou ‘’je n’ai rien vu’’.
Il serait ridicule de penser qu’un seul politicien, un seul journaliste, un seul intellectuel de l’Occident civilisé ne possède pas les données exactes pour mesurer les effets destructeurs irréparables du système colonial sur les peuples vaincus.
Aucun citoyen européen -qu’il soit juif, chrétien, athée, agnostique, bouddhiste ou musulman- n’ignore de quelle manière Kafr Kacem, Dear Yacine, les DOM-TOM, l’Australie, les USA, le Canada furent vidés totalement ou des neuf dixièmes de leurs habitants originels et repeuplés par des envahisseurs Anglais, Français, Espagnols, Hollandais, Allemands, Portugais, Italiens, Danois, Polonais, Russes, Hongrois, Grecques pour ne citer que les plus en vue.
Les méthodes restent les mêmes depuis la nuit des temps.
A) On envahit un pays par besoin d’espace vital et de rapines. Tous les prétextes sont valables. Pour l’Algérie c’était un coup d’éventail vicieusement provoqué par un missionnaire arrogant. Pour l’Irak c’était le prétexte de l’existence d’un arsenal d’armes de destruction massive, lequel arsenal n’a existé que dans l’imagination de l’affairiste Bush et de ses acolytes qui n’en voulaient qu’au pétrole irakien pour étendre leur quasi monopole sur toutes les réserves de l’Or Noir du Grand Orient. Pour la Palestine c’était l’inimaginable mensonge d’un pays sans peuple pour régler le problème d’un peuple sans pays. Plus le mensonge est gros plus il passe pour une vérité biblique. Comme nous l’avons vu avec l’évangéliste-sioniste Bush qui se disait guidé par le doux Jésus pour offrir la démocratie et la prospérité aux barbares du Moyen Orient en liquidant le dictateur Saddam.
B) On massacre une grande partie de la population. On déporte une autre partie le plus loin possible pour rendre impossible toutes les tentatives de retour. Pour les guerriers algériens c’était la destination la plus invivable à l’époque : le bagne de Cayenne, la Réunion, Madagascar. Leurs descendants y vivent à ce jour. On épargne les plus serviles et les plus dociles pour les besoins en main d’œuvre corvéable, en esclaves. Dès que l’armée aura achevé les opérations de « pacification » par le vide et le tri du bon grain de l’ivraie commencera l’importation des gendarmes et des colons.

Nicolas Sarkozy, Carla d’El Ponte, Bernard Henri Lévy, Elie Wiesel, Bernard Kouchner, Lionel Jospin, Jacques Chirac, Jean Marie le Pen et tous ceux qui ont planché sur la loi du 23 Février 2OO5 et l’ont adoptée connaissent parfaitement l’engrenage terrifiant et les motivations mercantilistes du système colonial qui broie les peuples vaincus et leur renie la qualité d’appartenir à l’espèce humaine.
Pendant des siècles ce système européen de spoliation a décimé des peuples entiers en Amérique, en Australie, en Afrique, en Asie. Pour l’or, le bois, la terre, la faune, la flore, les épices. Tout était bon à piller. Tout était prétexte à des opérations génocidaires pour l’occupation de l’espace. Les Indiens, les Nègres, les Jaunes, les Basanés ne pouvaient pas prétendre à la qualité d’un être humain. Il fallait donc en liquider le maximum et en asservir le reste. Le Blanc qui se croyait façonné à l’image de Dieu devait tout posséder, tout régir, régner en maître sur le monde.
Ce système de spoliation avait commencé dès que la maîtrise de la technologie marine et militaire avait permis aux Européens d’organiser le transport massif des soldats et du matériel vers les autres continents.
Vous désirez savoir comment se comportaient les soldats, les policiers, les juges, les bourreaucrates et les colons en Algérie entre 183O et 1954 ?
Observez et analysez ce que font aujourd’hui les gouvernants et les colons sionistes en Palestine, les soldats et les gouvernants américains en Irak. Ecoutez les discours de Bush, de Condoleezza Rice, de Yéhud Barak, de Yéhud Olmert, de Tzipi Livni.
Observez Ghaza, la Cisjordanie, le Golan. Etudiez ce qui s’est passé à Cana et Beyrouth en 2OO6 et dans les années I98O. Analysez les carnages qui endeuillent Baghdad, Felloudja et Mossoul en 2OO8.
De 183O à 1962 les Sharon, les Barak, les Shimon Pérez, les Begin, les Olmert, les Livni de la république française avaient l’Algérie, une grande partie de l’Afrique et une partie de l’Asie sous les bottes. Comme aujourd’hui les sionistes et les USA ont la Palestine, l’Irak, une partie de la Syrie et une autre du Liban sous les bottes.
Vous désirez mesurer l’effet « positif » du colonialisme français en Algérie et ailleurs ?
Visitez le Gabon, le Cameroun, la république Centre Africaine, Haïti, la Côte d’Ivoire, Madagascar en profondeur. Ces pays n’ayant obtenu qu’une indépendance fictive puisque c’est l’Elysée qui choisit et paie les gouvernants, les armées, les forces de répression, les fonctionnaires et exploite les richesses naturelles par le biais d’entreprise de statut français.
Aux yeux des ‘’indigènes’’ les pieds noirs -colons et autres- symbolisent l’Etat usurpateur et répressif. Comment aimer et respecter les symboles d’un Etat qui vous prive de liberté, vous dépouille de votre identité, vous déclasse de la qualité humaine, vous interdit d’accéder au Savoir, vous asservit, vous abandonne à la famine, aux maladies et vous élimine dès que vous n’êtes plus rentable ? Le rêve des indigènes est de tuer l’envahisseur lequel est conscient de la haine assassine qu’il inspire à ceux qui l’entourent et le servent, à ses esclaves. Il s’en protège en les brimant. Il est armé. Le soldat le protège, le gendarme le couve, le juge l’autorise de tuer, de violer, de voler, la Justice du système colonial le considère en état de légitime défense en n’importe quelle circonstance, même quand il tue pour s’amuser.
Les lois universelles garantissent certains droits aux indigènes qui ont été dépossédés de leurs biens et de leur qualité de citoyen. Mais la République Française a mis ces lois sous les pieds des pieds noirs -colons et autres- de 183O à 1962.
Tout, absolument tout a été fait au mépris de la légalité universelle et des principes républicains pour que les pieds noirs -colons et autres- vivent et prospèrent en buvant le sang des peuples vaincus. Toutes les anciennes colonies françaises avaient atrocement souffert pendant des siècles du joug terrifiant de l’esclavage.
La réaction combien inattendue et indignée du poète Nègre assimilé Aimé Césaire contre l’adoption par l’Assemblé Française de la loi scélérate et négationniste du 23 février 2OO5 mérite d’être citée dans ce texte. Par sa violence, sa circonspection et sa clarté elle secoue énergiquement les consciences enkystés : -‘’Je suis français mais ne touchez pas à mon esclavage. Le colonialisme n’a rien eu de positif ‘’-.
Plus d’un demi siècle après leur accession à l’indépendance réelle ou fictive les peuples anciennement colonisés et ceux qui le demeurent sous une forme insidieuse sont aujourd’hui au plus bas de l’échelle humaine. Les lourdes séquelles du système colonial les bloquent à des années lumière des progrès scientifiques, technologiques, industriels, agricoles. La puissance coloniale leur ayant fermé hermétiquement les portes et les fenêtres de l’école, de l’université, de la recherche scientifique ils ne rattraperont jamais leur incommensurable retard sur l’extraordinaire progrès auquel sont parvenus les Occidentaux. Car chaque jour nouveau les sciences avancent et ouvrent de nouveaux horizons, de nouvelles perspectives à un Occident égoïste, égocentrique qui exploite à fond l’indigence du Sud. Aux indigènes l’école du système colonial ne dispensait que les rudiments du langage, par nécessité. Les ordres du maître blanc n’étaient pas toujours compris par l’esclave. L’école du deuxième collège avait la mission de conditionner le « bon petit colonisé » à son destin de sous humain ‘’genre y a bon banania’’ qui sera jusqu’à la mort le fidèle serviteur du Blanc parce que le bon et doux Jésus veut cela.
Les Sarkozy, les Henri Bernard Lévy, les Le Pen, les Elie Wiésel, les Bernard Kouchner et tous les nostalgériques du paradis perdu qui sont très nombreux en Europe et particulièrement en France n’admettront jamais cette réalité pourtant indéniable tant elle reste aveuglante, assourdissante à travers le vécu actuel insupportable des anciens colonisés. Les calculs politicards conduisent à des reniements indignes. Ils conduisent au galvaudage des principes républicains et du droit universel.
Ceux, intellectuels et politiciens, qui persisteront contre tout bon sens et toutes les logiques de soutenir que le colonialisme a eut des effets positifs sur les peuples qui l’ont subi seront des manipulateurs de l’histoire qui se mentent et mentent par vénalité comme de vulgaires publicistes.
Les auteurs du documentaire sus cité ont marqué d’une manière grossière leur soutien servile à la démarche négationniste de Nicolas Sarkozy qui se préparait à la campagne électorale de 2OO7 et se voyait contraint de pêcher des voix dans les marécages fangeux des extrémistes de tous les bords et des nostalgiques du temps des colonies qui était vécu par eux comme des vacances royales pendant près de cent vingt cinq ans. La télédiffusion de ce documentaire a eu lieu dans la semaine où le successeur de Jacques Chirac, en temps que ministre de l’intérieur, avait promis de demander pardon aux pieds noirs et aux harkis et de réhabiliter les criminels de l’OAS, crachant ainsi crapuleusement sur la mémoire de nos martyrs. En cette période faste pour lui les sondages d’opinion le portaient au pinacle suite à ses agressions verbales contre les immigrés avec des expressions inédites chez un ministre de haut rang :-‘’Nettoyage de la racaille au kacher’’. Le sautillant Sarkozy se montrait très souvent en public plus violent, plus vulgaire, plus raciste que Jean Marie Le Pen contre les nègres et les basanés, pas seulement par stratégie de racolage électoraliste mais surtout parce qu’il désire une immigration de l’Europe de l’Est blanche qui serait assimilable plus facilement puisque chrétienne et d’un niveau culturel plus élevé que les Africains, les Arabes, les Maghrébins et les Turcs.
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Nous avons vu et entendu des pieds noirs -colons et autres- qui se battaient crânement contre les peuples algérien et français pour que l’Algérie demeurât à jamais française ou qu’elle fût transférée sous la souveraineté des Blanc comme l’Afrique du Sud. Serait-ce en exterminant tous les indigènes comme en Australie, au Canada, en Amérique, au DOM-TOM…
Le 8 Mai I945 a été une magistrale démonstration des prédispositions au génocide des pieds noirs et de la république française : aviation, marine, armée de terre, gendarmerie, police, milice, mercenaires, fonctionnaires, bombes, canons, mitraillettes, fours à chaux contre des manifestants pacifiques, désarmés. Pardon ! Des manifestants armés de banderoles saluant la victoire des alliés sur les forces nazies, d’autres banderoles demandant à la France de respecter ses engagements envers le peuple algérien en lui rendant sa souveraineté et l’emblème national.
Ce jour là toute la France était en fête.
Ce jour là toute la France dansait et chantait.
Ce jour là toute l’Europe savourait ses premières heures de renaissance après un cauchemar qui a duré cinq ans sous la botte d’une puissance d’occupation européenne.
Ce même jour, le 8 Mai I945, en Algérie, le système colonial se démasquait face à l’opinion mondiale. Son visage était plus hideux que celui du système nazi.
Ce jour là en ALGERIE c’était la razzia.
Colons, soldats, gendarmes, policiers, fonctionnaires, ouvriers, commerçants assassinaient, brûlaient, torturaient, violaient, n’épargnant ni enfants ni femmes ni vieillards, dans une sanguinaire chasse au faciès.
Faciès qui équivalait l’étoile jaune par laquelle les nazis identifiaient les Européens de confession juive.
Ce jour là en Algérie des douars furent rasés et leurs habitants exterminés ou poussés à l’exil vers la Tunisie. Les bicots, les ratons, les singes qui osaient rêver de justice, de liberté, d’indépendance et exhiber le drapeau, c’était une atteinte à l’honneur de la France, à la grandeur de l’empire colonial français.
Douze mille morts ?
Quinze mille morts ?
Quarante cinq mille morts ?
Nous ne tomberons pas dans le piège des chiffres qui nous est tendu pour détourner l’attention du mobile du crime, de l’intention génocidaire d’une puissance militaire qui se targuait de défendre les valeurs universelle de liberté, d’égalité, de fraternité et de justice. Nous avons une autre approche de la valeur humaine : qui assassine un innocent aura assassiné l’humanité entière.
N'est-il pas innocent l’opprimé qui demande pacifiquement un peu de justice ?
N’est-il pas innocent l’opprimé qui réclame pacifiquement un peu de liberté ?
N’est-il pas innocent le colonisé qui rêve et agit pacifiquement pour l’indépendance de son pays après avoir contribué sur le champ de bataille à la libération de la puissance qui l’écrasait sous un système inique, celui du deuxième collège, du dixième d’un citoyen ?
N’est-il pas innocent l’esclave qui cherche à briser les chaînes qui font de lui une bête domestique ?
Dix, cent, mille innocents assassinés pour avoir manifesté pacifiquement leur amour de la liberté, de la justice, c’est déjà plus grave que le génocide d’Oradour-Sur-Glane qui est qualifié de crime contre l’Humanité par le tribunal pénal international.
Le 8 Mai I945 tous les français étaient en fête.
Le 8 Mai I945 en France tous les français dansaient et chantaient. En Algérie ils cassaient du Bougnoule à qui mieux mieux, une manière originale de célébrer la libération de leur pays.
En France tous les français s’enivraient de liberté retrouvée, de joie, d’amour. En Algérie ils s’enivraient du sang des ratons, de l’odeur de chair brûlée aussi.
Lee 8 Mai I945 ce n’était pas le premier carnage à grande échelle après l’invasion barbare et l’occupation de l’Algérie. Ce ne sera pas non plus le dernier avant I962. Mais il a ceci de particulier. C’était un message très fort des pieds noirs -colons et autres- aux indigènes qui avaient eu la naïveté de croire que des promesses faites conjointement par la France, l’Amérique, et l’Angleterre avaient valeur d’un contrat moral que les trois plus grandes puissances militaires de l’époque ne pouvaient renier. Le message n’était même pas codé. Il disait que l’Algérie restera une possession française même si tous les indigènes seront exterminés. Et il a été lu dans le monde entier.
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Nous avons vu et entendu les pieds noirs -colons et autres- jouer hypocritement aux incompris :-‘’Nous n’avons jamais fait de mal. Nous avons travaillé durement. Quelques hectares de vignobles, quelques ares d’agrumes, juste de quoi ne pas crever de faim…Mais l’Algérie c’était toute notre vie, c’était notre paradis’’
C’est le langage de tous les colons qui ont sévit à travers le Tiers-Monde. Ecoutez ce que disent aujourd’hui les colons sionistes qui réclament le massacre des palestiniens ou leur exil en Jordanie.
Ils ne nous dirons jamais de quelle manière ils avaient accaparé les terres.
Ils ne nous diront jamais pourquoi les vrais propriétaires et leurs descendants étaient devenus leurs serviteurs qu’ils menaient à la cravache comme des ânes.
Les autochtones condamnés à la servitude, à l’errance, à l’analphabétisme, à la survie végétative chez eux, sur leur propriété, ce n’est pas un mal ?
Pendant plus de cent vingt ans le système colonial a implanté des Européens de confessions chrétienne et juive, il leur a accordé la nationalité française en privant l’autochtone du statut de citoyen dans son propre pays, ce n’est pas un mal ?
Le système colonial a inventé le Code de l’Indigénat qui fait que la voix d’un pied noir vaut les voix de dix autochtones, ce n’est pas un mal ?
Toutes ces discriminations inhumaines et antirépublicaines étaient des réponses empressées de l’Etat républicain français aux revendications des pieds noirs - colons et autres – qui étaient viscéralement opposés à la moindre amélioration des conditions de non vie des colonisés, ce n’est pas un mal ? Comme en Afrique du Sud, les pieds noirs - colons et autres- en Algérie ne pouvaient pas se sentir chez eux et en sécurité si les ‘’bougnoules’‘ obtiendraient quelques droits élémentaires de l’Etat français.
Tout cela est consigné noir sur blanc dans le journal officiel de la république française consacré aux débats de l’Assemblée Nationale Française. Nous n’inventons rien. Il suffit à n’importe qui de fouiller dans les archives françaises.
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Cent soixante dix sept ans après l’instauration du système colonial en Algérie et quarante cinq ans après son démantèlement nous avons vu et entendu des nostalgiques de l’apartheid, tous des vieillards, avouant sans pudeur avoir été catastrophés le jour où le général de Gaulle avait prononcé la phrase fatidique -‘’Algérie Algérienne’’- Une phrase qui lui fut arrachée par la détermination de la majorité écrasante du peuple algérien au bout de sept années de résistance.
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Quarante cinq ans après l’indépendance nous avons vu et entendu les nostalgiques du temps du servage pleurant les jours fastes où ils se gavaient de la chair, du sang et de la sueur des indigènes qui trimaient comme des forçats et mouraient souvent d’épuisement, de malnutrition ou d’un acte désespéré de révolte qui n’est pas rare chez les esclaves et assimilés.
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Nous avons vu et entendu des nostalgiques du temps de l’indigénat, la larme à l’œil, avouant que pour eux la vie en Algérie n’était que du bonheur.
Sans honte.
Sans honte ni remords ils nageaient dans le bonheur alors que, juste à côté d’eux, la misère fauchait par milliers des femmes et des enfants du deuxième collège ; autrement dit des infra humains indignes de compassion ou de la charité judéo-chrétienne.
Des centaines de milliers d’enfants et de femmes faméliques, en guenilles, pieds nus, faisant partie du décor qui flattait l’ego des pieds noirs -colons et autres- .
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Quarante cinq ans après l’indépendance de notre pays et leur fuite en catastrophe nous avons vu, nous avons entendu des nostalgiques de l’Algérie française pleurant et se prétendant victimes d’une situation où ils avaient toujours abusé du pouvoir d’influence qu’ils exerçaient sur les gouvernants et les institutions républicaines françaises. De ce fait indéniable ne dépendait que de leur vouloir, de leur volonté l’instauration des conditions d’une cohabitation moins avilissante pour les indigènes qui étaient dix fois plus nombreux qu’eux mais subissaient les lois iniques et réductrices de l’apartheid.
De quoi étaient donc victimes les pieds noirs -colons et autres- ?
De leur égoïsme et de leur égocentrisme d’abord puisque, avant I947, il ne leur était pas venu à l’esprit que les peuples colonisés méritaient un minimum de respect.
De quoi étaient donc victimes les pieds noirs - colons et autres- ?
D’avoir trop cru que la force sera éternellement de leur côté.
De quoi étaient donc victimes les pieds noirs -colons et autres- ?
D’avoir manqué d’humilité, de sagesse, de lucidité, d’humanité pendant cent vingt cinq ans de règne inique et sans partage sur un peuple vaincu qui pouvait se révolter n’importe quand contre ses oppresseurs.
Nous avons vu…
Nous avons entendu…
Quarante cinq ans après le démantèlement du système colonial en Algérie nous avons vu, nous avons entendu des nostalgiques du servage, tous des vieillards, évoquant un glorieux passé où l’Etat usurpateur français les qualifiait de pionniers, de bâtisseurs, de vecteurs du rayonnement de la civilisation française dans les contrées barbares où s’accumulaient les ténèbres de l’ignorance, de l’archaïsme, de l’impiété. En semant autour d’eux la misère et la mort ils auraient servi la grandeur de l’empire français ?
Observons ce que font aujourd’hui Bush et son staff sioniste en Irak, en Palestine, au Liban, en Syrie, en Iran, pour semer sa démocratie à dix vitesses sur injonction de Dieu pétrole.
Les pieds noirs -colons et autres- ont-ils eu la grandeur d’âme en 2OO7 de prononcer un seul mot de regret pour les dizaines de tribus qui furent décimées, dépossédées de leurs propriétés, de leurs droits à la citoyenneté, de la qualité humaine, au profit de renégats importés d’Europe ? C’était trop leur demander.
Allez donc questionner un colon sioniste qui est implanté en Cisjordanie ou à El Qods. Il vous répondra que la Palestine était un pays sans peuple.
Allez donc questionner un colon sioniste qui a été forcé de quitter son «ranch » de Ghaza.
-‘’Nous n’avons pas fait de mal. Nos enfants et nos petits enfants sont nés sur cette terre. Elle est à nous’’.
Il ne reconnaîtra pas que la propriété appartenait à une famille palestinienne qui fut exilée ou exterminée pour que son grand père puisse l’usurper, l’exploiter et la lui rétrocéder en héritage. La Palestine n’avait jamais été un bien vacant avant la naissance des terroristes Ben Gourion, Shamir, Bégin, Pérez, Sharon, Golda Meir, Netannyahou. C’est grâce à une puissance coloniale, l’Angleterre, et Hitler que Ben Gourion avait pu rameuter des sionistes de Pologne, de Hongrie, de Hollande, du Canada, d’Amérique, du Maroc, d’Allemagne, de Tunisie, d’Algérie, de France pour créer une force d’occupation coloniale qui deviendra plus tard le bras armé des USA au Moyen Orient.
C’est cela le colon.
Il prend par la force des terres qui ne lui appartiennent pas suite à une guerre d’invasion. Mais quand des décennies plus tard son pays sera vaincu et contraint de quitter la colonie il criera à l’injustice, au vol, à l’imposture.
Or, l’imposture est en ce qui suit :
Le colon est avant tout un engrenage dans le mécanisme de la machine de guerre d’une puissance coloniale. Son rôle est aussi important que celui du soldat qui lui prépare le terrain. Peu lui importe, comme à ses héritiers d’ailleurs, que sa maison en pays occupé sera construite sur les cadavres calcinés des propriétaires légitimes. Il effacera cette vérité historique de sa mémoire parce que sa qualité de vainqueur l’autorise d’écrire l’histoire à sa convenance. Nicolas Sarkozy cherche à réécrire l’histoire dans le sens qui convient aux promoteurs du concept de la ‘’pacification civilisatrice’’ sous une nouvelle appellation qui sonne mieux à l’oreille :’’le colonialisme positif’’. En France, bien que leur nombre soit très maigre par rapport à la population, les rapatriés sont très actifs sur la scène politique. Comme les lobbys sionistes en Occident ils constituent la minorité d’arbitrage qui est capable de faire pencher le plateau de la balance d’un côté comme de l’autre. Les rapatriés constituent une force de pression qui est courtisée par les carriéristes en politique. Ils négocient donc leurs voix au mieux de leurs intérêts. Nicolas Sarkozy avait négocié avec toutes les minorités agissantes pour s’assurer une confortable marge de manœuvre contre les chiraquiens et les socialistes. Il avait courtisé les pieds noirs, les harkis, les résidus de l’OAS, les lepénistes, les associations des immigrés afro maghrébins, les lobbys sionistes, en promettant à chaque partie ce qu’elle demandait. D’où l’adoption en première lecture par la majorité de l’UMP (le parti de Sarkozy) de la loi du 23 Février 2005.
Heureusement que, presque instantanément, des intellectuels français avaient dénoncé cette magouille politichienne. D’ailleurs des enseignants, des historiens, des écrivains, des journalistes, des humanistes français font aujourd’hui un remarquable travail pour contrer la propagande des nostalgériques et de ceux qui ont honte de reconnaître les exactions du système colonial français. Exactions qui sont aujourd’hui mesurables et transposables au vu de l’actualité, du terrorisme de l’Etat sioniste en Palestine qui est cautionné par le silence et l’inertie de l’Occident. Mais également au vu de l’invasion, la destruction et l’occupation de l’Irak suite à un mensonge de George Walker Bush très vite éventé.
De notre côté ce travail de mémoire reste en retrait, très peu suivi, peu maîtrisé sur le plan du discours et de la méthodologie. En outre des universitaires Algériens travaillant sur commande s’attachent à évoquer le système colonial sous l’angle de vue des nostalgiques du « bon temps de la colonial ». Images idylliques de pieds noirs -colons et autres- et d’indigènes s’acceptant mutuellement, se respectant en bons voisins. Eux aussi mettent en exergue les importantes infrastructures héritées du colonialisme parce que les hordes de l’OAS et l’armée française n’avaient pas eu le temps de les raser comme ce fut le cas pour la bibliothèque d’Alger. Ces universitaires sont en majorité enfants ou descendants de cadis, de caïds, de bachaghas, de notables qui furent promus après I945 au premier collège (en théorie jouissance des mêmes droits que les pieds noirs, les blancs). Ils avaient vécu dans l’aisance et une relative quiétude avant et après 1954. Dans les grandes villes ils habitaient les quartiers européens et fréquentaient des écoles qui n’étaient pas accessibles aux indigènes ordinaires. Ils n’avaient pas la même perception du racisme, des privations de liberté, de l’injustice et de la violence de la guerre que les indigènes du deuxième collège. Sous le règne de Chadli Bendjedid ils étaient devenus les cadres de l’économie, des ministères, de l’administration et des universités.
Revenons à la valorisation des plaines de la Mitidja et aux infrastructures urbaines et suburbaines qui sont la fierté des pieds noirs -colons et autres- et qui reviennent très souvent dans les discours ampoulés et larmoyants des nostalgiques de l’Algérie française dont des ex colonisés et leurs enfants qui avaient bénéficié des attributs du premier collège.
En faveur de qui furent conçus ces ouvrages qui étaient indispensables aux colons ?
Pour qui furent aménagés les beaux quartiers ?
Qu’a fait la France avant I954 dans les quartiers et les douars qui n’étaient habités que par les ‘’indigènes’’ du deuxième collège et qui ressemblaient à des camps de concentration surpeuplés ?
Aounet el Foul, Souika, Bardo, Rue des Maquisards et autres bas quartiers semblables à travers toute l’Algérie ?
Ces quartiers ressemblaient à des camps de concentration parce que l’armée Française avait placé de hautes barrières à toutes les issues qu’elle ouvrait à 6 heures du matin et refermait à 2O heures. Tous les mouvements des habitants étaient sévèrement contrôlés grâce à une fiche sur laquelle était consignée à l’avance l’absence et la durée de l’absence des membres de la famille qui ont un motif valable de déplacement.
Que l’on nous réponde seulement à ces questions et nous prendrons l’engagement de réviser notre jugement sur la barbarie du colonialisme.
Les ultra de l’Algérie Française qui ont planché sur les lois négationnistes du 23 Février 2OO5 ont su où dénicher des harkis de la plume, du micro et de la caméra pour relayer leurs mensonges. Comme pendant la guerre de libération les officiers des services de sécurité et de l’armées française avaient su où recruter des collaborateurs, des tortionnaires, des tueurs à gage, des goumiers, des caïds, des bachaghas indigènes pour les sales besognes. Comme Bush et les dictateurs arabes qu’il protège ont su où trouver des apologistes de l’invasion, la destruction, l’occupation et la partition de l’Irak parmi les ‘’intellectuels’’, les universitaires et les politiciens khobzistes du monde arabe.
Ne nous focalisons pas sur la petitesse des harkis de la plume, du micro et de la caméra, l’histoire se chargera de les entasser dans ses poubelles. Témoignons des faits tels que nous les ressentons avec le confortable recul de près d’un demi siècle, sans rancœur, sans haine, sans complaisance non plus. Ce qui est très difficile mais indispensable pour être crédible.
L’Etat français s’était toujours montré très fier de la perle de ses colonies à travers le monde : l’Algérie.
Dix années après les opérations génocidaires perpétrées dans le Constantinois le 8 Mai I945 et jusqu’au mois de Mars 1962 la république française scandalisa le monde entier par sa stratégie gestapiste de terreur face à la détermination de neuf millions sur dix millions d’indigènes qui ne supportaient plus les lois de l’apartheid et qui considéraient n’avoir plus rien à perdre en affrontant les tueurs, les tortionnaires, les violeurs qui composaient l’armée d’occupation et les forces françaises de répression en Algérie. Rassemblés sous diverses casquettes paramilitaires, notamment sous celles de la Main Rouge et de l’OAS, les pieds noirs -colons et autres- avaient les mêmes prérogatives que les soldats de casser du bougnoule en gros et en détail. Le Stern sioniste, les escadrons noirs de l’Amérique Latine, le Ku Klux Klan US, la gestapo nazie, c’était à toutes ces organisations que ressemblaient les milices pieds noirs soudées par la haine raciale et religieuse de l’indigène.
En I958 se produisit un déclic extraordinaire dont les prémices avaient commencé à poindre au lendemain du génocide du 8 Mai 1945 dans le constantinois. La conscience républicaine en France se réveilla brusquement d’un sommeil séculaire. Certes le monde entier avait critiqué les méthodes de répression contre les Algériens entrés en révolte contre le colonialisme. Mais la mobilisation d’une frange importante de la population française n’aurait pas été imaginable sans les réactions vigoureuses d’un panel d’intellectuels libres à Paris contre la répression, puis contre la torture et les procès parodie intentés aux indépendantistes et finalement contre le système colonial. Du mécréant Jean Paul Sartre à l’homme d’église Georges Montaron, des hommes de cœur et d’esprit très influents dans divers milieux de la société française, les appels pour l’indépendance de l’Algérie résonnaient d’un bout à l’autre de la France, se mêlant aux protestations des objecteurs de conscience qui, pour l’honneur de la république française, ne voulaient pas tuer des hommes et des femmes qui se battaient pour leur liberté et leur dignité. Des résistants de la France libre contre Pétain et Hitler manifestèrent la honte qui leur venait de la barbarie de l‘armée républicaine et de leurs gouvernants qui ordonnaient les massacres et couvraient la torture en Algérie au non des valeurs françaises de liberté et de démocratie, au nom de la civilisation, au nom de la trinité chrétienne, au nom du peuple français qui n’avait pas été consulté avant les massacres du 8 Mai 1945 et avant la systématisation de la Torture.
En I956 se produisit en France un extraordinaire élan de solidarité à l’égard du peuple algérien en guerre contre le colonialisme français. Enseignants, médecins, écrivains, avocats, journalistes, ouvriers, agriculteurs, syndicalistes, femmes au foyer, devinrent des porteurs de valises dévoués à l’Algérie en guerre pour sa liberté. La majorité d’entre eux avait connu les affres de l’occupation sous la botte nazie, enfants ou adultes. Beaucoup d’entre eux furent persécutés et torturés par la Gestapo ou prirent le maquis contre l’occupant nazi. Mais il y avait plein de jeunes imbus des principes généreux véhiculés par la charte universelle des droits de l’homme et qui ne comprenaient pourquoi l’armée française en Algérie reconduisait les méthodes gestapistes (voir Bush en 2OO5-2OO8 face au désaveu du peuple Américain à propos de l’occupation de l’Irak).
En 1956 se produisit en France un extraordinaire soulèvement populaire parce que, dans leurs pratiques barbares, les poulains de Massu avaient dépassé dans l’horreur celles des hordes hitlériennes. Partout en France les Algériens victimes de torture et de viol devinrent les symboles d’un juste combat qui méritaient respect et soutien. Dans certains milieux les ‘’terroristes’’ Larbi Ben M’hidi et Djamila Bouhired furent comparés aux plus célèbres résistants de la France libre contre les hordes nazies. Delors ce fut le commencement de la fin du système colonial en Algérie et par ricochet dans une partie de l’Afrique dite française. Grâce à la mobilisation d’une partie du peuple français de métropole, d’écrivains, de cinéastes, de photographes, de chanteurs, d’objecteurs de conscience, de journalistes libres, de sportifs, d’ingénieurs, de médecins, d’infirmières, d’agriculteurs, d’ouvriers, de commerçants, d’enseignants, de femmes au foyer la guerre fut écourtée de plusieurs années. De cela nous n’avons pas le moindre doute car la mobilisation des français dans les grandes villes de France était régulièrement suivie par les médias du monde entier et par l’ONU. Ce qui empêchait les gouvernements français de présenter éternellement la guerre d’Algérie comme un simple problème de maintien de l’ordre interne à la France. A fortiori le mouvement de libération national était soutenu par Kroutchev et Kennedy qui se disputaient la domination idéologique de la planète terre.
L’indépendance de l’Algérie fut la victoire du droit international sur le terrorisme de l’Etat français. Cette victoire fut très belle parce que des européens libres et parmi eux des français avaient tendu la main à la révolution algérienne après avoir découvert la nature hideuse du colonialisme à cause des exactions de l’Allemagne nazie en Europe. De très nombreux Français le disent aujourd’hui sans complexe. Ils avaient aidé le peuple algérien en guerre pour l’honneur de leur pays contre des gouvernants français qui avaient perdu le sens de l’honneur et qui n’avaient rien retenu de l’humiliante leçon de la colonisation de la France par Hitler.
Quarante cinq années après l’indépendance de l’Algérie les nostalgiques du colonialisme n’ont pas digéré la perte de leur coin du Paradis où ils vivaient en sangsues sur le corps du peuple vaincu.
Que Sarkozy s’accoquine avec cette engeance ce n’est guère surprenant. C’est le comportement habituel de l’élite ‘’politichienne’’ de droite et de gauche. Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Lionel Jospin l’ont précédé sur cette voie du négationnisme en prenant quelques précautions langagières tout à fait accessoires qui ne changent rien à leur position de fond.
Suprême manquement aux convenances diplomatiques, à la bienséance, au civisme, à la politesse élémentaire, c’est pendant un séjour ‘’secret’’ du président algérien Bouteflika dans un hôpital militaire en France que Sarkozy fera adopter par les parlementaires de son parti un texte de loi qui transformera le crime absolu contre l’humanité en un acte grandiose de civilisation et humanitaire dont la république française s’honore.
C’ETAIT ET CELA RESTERA PENDANT DES SIECLES UNE HUMILIATION SANS PRECEDANT ET SANS EQUIVALENT SUR LE SOL FRANÇAIS POUR UN CHEF D’UN ETAT SOUVERAIN QUI DESIRE INSCRIRE SUR SON PALMARES PRESIDENTIEL UN TRAITE D’AMITIE AVEC L’ANCIENNE PUISSANCE COLONIALE QUI REFUSE DE RECONNAITRE SES CRIMES.
Calculateur en diable, voyou, méprisant à l’égard des dictateurs arabo-maghrébins, revanchard, Sarkozy a frappé d’une pierre deux de ses cibles préférées : Chirac et Bouteflika qui travaillaient sur un projet peu conforme aux ambitions des sarkozistes.
Nous ne connaissons pas dans les annales des relations de la république française avec des d’Etats souverains un cas où le parlement français, en séance officielle, ait piétiné de manière si grossière, si méprisable, si honteuse les règles de bienséance et les convenances diplomatiques puisque Bouteflika se soignait à l’hôpital de Val de Grâce sur invitation et sous la protection du président de la république française Jacques Chirac. Bien entendu, exception faite des Duvalier, des Omar Bongo, des Bokassa, des Houphouët Boigny, des Michel Aoun et autres hommes de paille du néocolonialisme promus, protégés soutenus et rémunérés sur les caisses noires de l’Elysée.
Dans son esprit bourré de complexe d’enfant de légionnaire (mercenaire ?!) hongrois, pro sioniste dans l’âme, Nicolas Sarkozy rate rarement l’occasion de se singulariser par des positions diamétralement opposées à celles de son ancienne idole Jacques Chirac. Parvenu à la haute sphère du pouvoir à force de coups tordus, d’infidélités, d’intrigues, d’alliances douteuses, Nicolas Sarkozy épouse les idées les plus extrémistes, les plus xénophobes et les plus rétrogrades comme pour se convaincre qu’il est plus français que les français de souche qui ne sont plus légion.
L’OAS deviendra à ses yeux un segment naturel de l’armée républicaine française au même titre que les hordes de Massu. Sachant qu’après leur départ d’Algérie les criminels de cette organisation s’étaient dispersés en Amérique Latine et en Orient pour enseigner le terrorisme d’Etat et la torture aux dictateurs qui furent promus par Washington tels que Pinochet, Vidéla, Rédha Pahlawi… Ils avaient suivi le même itinéraire que les grands criminels de guerre nazis qui avaient échappé au tribunal de Nuremberg grâce à l’aide de la CIA. D’ailleurs, la plupart d’entre eux fut condamné par la justice française sous de Gaulle.
Qui osera imaginer un ministre allemand candidat à la magistrature suprême de son pays annonçant la réhabilitation de la Gestapo sans être poussé à la démission par ses pairs ?
En qualité de ministre et de candidat à la présidence de la république française Sarkozy a fait pire et il a gagné haut la main à tous les coups. Il appuie toutes les initiatives qui tendent à magnifier les exactions et les spoliations du système coloniales. Particulièrement en Algérie. Car de toutes les anciennes colonies françaises à travers le monde seule l’Algérie revendique légitimement un acte de reconnaissance de l’Etat français.
Nicolas Sarkozy nous renvoie à une période charnière de la dernière phase de la guerre de libération quand un certain ministre de l’intérieur puis de ‘’ l’Injustice’’, le socialiste François Mitterrand, jusqu’au boutiste de l’Algérie Française à la sauce calédonienne, avait ordonné le « suicide » de Larbi Ben M’Hidi et l’exécution d’un adolescent Ahmed Zahana qui fut guillotiné pour crime de patriotisme. En cette période d’intenses représailles, aux yeux de l’opinion mondiale et d’une minorité de français, l’image de l’armée française activant en Algérie était aussi noire que celle des hordes hitlériennes en Europe en 1939-1945. Ce que ne supportait pas la classe dirigeante française. Pour ceux qui ont eu le bonheur de ne pas avoir vécu cette période douloureuse ils peuvent s’en faire une idée en se rapportant à l’invasion de l’Irak par les Américains, à ce qui s’est passé à la prison d’Abou Graib, aux exactions du colonialisme sioniste en Palestine et à Guantanamo. Ils ont des milliards de documents filmés en direct et écrits qu’ils ont la possibilité de consulter à tout moment et d’analyser sans passer par les manipulateurs d’opinion.
La réponse de Nicolas Sarkozy aux propositions du comité de liaison des associations nationales des rapatriés -Le ClAN- constitue une adhésion totale aux thèses foireuses des nostalgiques du système colonial. Réhabilitation de l’OAS, érection de stèles commémoratives en hommage à la barbarie du colonialisme, indemnisation, réécriture de l’histoire sous l’angle de vue du soldat pionnier, pacificateur, bâtisseur, diffuseur des bienfaits de la civilisation occidentale et judéo-chrétienne en faveur des ‘’primates’’ africains qui vivaient encore aux confins de la préhistoire, à l’âge des cavernes.
Question simple :
Diffuse t-on les bienfaits de la civilisation occidentale quand on ferme pendant des siècles l’accès de l’école et du savoir aux peuples vaincus ?
Nicolas Sarkozy qui a réponse à tout saura t-il éclairer notre lanterne sur ce point très précis qui est le fait primordial de toute avancée de l’humanité vers les lumières des connaissances et du savoir faire ?
Il faut retourner à la célébration du centenaire de la colonisation pour entendre pareil langage de la bouche d’une autorité française.
Reprenons de brefs extraits de la lettre racoleuse du ministre Sarkozy (candidat de son parti à l’Elysée) au CLAN : -‘’ Il est arrogant de condamner et de mépriser la douleur qui fut la vôtre et celle de vos familles quand vous fûtes chassés de vos terres, de vos maisons et séparés de vos amis. Vous avez tout perdu… Mon premier engagement est de ne pas sombrer dans la démagogie de la repentance. Vos ancêtres ont traversé la méditerranée pour servir la France et pour bâtir un nouveau monde…’’.
Le soir de son élection à la succession de Jacques Chirac il répétera son message au ClAN.
Ecoutez un colon sioniste. Vous entendrez le même langage. Un colon ou un ex colon ne reconnaîtra jamais que les terres qu’il exploite ou qu’il a exploitées avaient d’autres propriétaires qui furent soit massacrés, soit déportés, soit mis en esclavage, soit qu’ils avaient pris les armes pour récupérer leurs biens. Ce que tout être humain sain de corps et d’esprit dans n’importe quel pays du monde fera contre des forces spoliatrices (l’exemple des citoyens français contre l’occupation nazie).
Mais le système colonial a collé des étiquettes infamantes aux hommes et aux femmes qui avaient pris les armes pour récupérer leurs biens spoliés : hors-la-loi, assassins, bandits de grands chemins, égorgeurs, terroristes…
Le film documentaire ‘’Pieds noirs, histoire d’une déchirure’’ nous l’avons lu à divers niveaux comme une apologie du système colonial. Il conforte de bout en bout la thèse du soldat pionnier, colon, bâtisseur, pacificateur, diffuseur des bienfaits de la civilisation occidentale et judéo-chrétienne en faveur des ‘’primates’’ africains qui vivaient encore aux confins de la préhistoire, à l’âge des cavernes.
Au Tchad, au Togo, au Sénégal, au Cameroun, en Ouganda, en Centre Afrique et dans presque toutes les anciennes colonies françaises, anglaises, portugaises, espagnoles, hollandaises, les autochtones végètent à ce jour aux confins de la préhistoire parce que le système colonial les a maintenu à l’écart de l’école, à l’écart des lumières du Savoir et de la technologie pendant que l’Europe avançait à pas de géant sur le chemin des sciences et de la prospérité en exploitant les richesses du continent africain : forêts, faune, or, diamant, minerais précieux pour l’industrie, hommes et femmes exportés comme du bétail au bout du monde.
Extermination de la faune et destruction irrémédiable d’immenses forêts qui assuraient les équilibres écologiques, c’était cela l’exploit inégalable du soldat colon, bâtisseur d’un nouveau monde, au service de la puissance colonial, pour le rayonnement de la civilisation occidentale ou judéo-chrétienne, pour la fécondation de l’Afrique dont les habitants ne parvenaient pas à réfléchir au-delà de leurs besoins végétatifs comme des singes. Expressions xénophobes de pseudo hommes des sciences qui avaient inventé l’infra humanité et auraient démontré scientifiquement que l’Africain était une aberration de la nature ; un mélange de l’animal et de l’homme dans son évolution primitive, imperméable aux concepts de la civilisation, donc inassimilable, Par conséquent corvéable comme toutes les bêtes de trait.
A Jamestown, en Virginie, en Juillet 2OO7 le criminel du siècle George Walker Bush a célébré en grandes pompes les quatre cents ans (16O7-2OO7) du premier génocide commis par une puissance coloniale européenne chez les indiens. Il a déclaré sa fierté des « pionniers » blancs venus de la lointaine Europe pour créer la première colonie anglaise dans un continent vierge pour y apporter les bienfaits de la civilisation chrétienne. A ses côtés la reine Elisabeth II a eu l’audace de demander pardon aux descendants des indiens qui furent exterminés par le système colonial et aux descendants des Africains qui furent déracinés de leur continent et livrés aux colons européens qui en firent des esclaves.
Deux jours après Nicolas Sarkozy pavoise. Elu à la place de son bienfaiteur il confirme sa ferme volonté de cracher sur la mémoire de nos martyrs et de falsifier l’histoire que liront les écoliers et les lycéens français sur le colonialisme « positif » français.
Sera-t-il une simple parenthèse ?
Nous en doutons.
Il a une idole : George W. Bush.
Ce n’est pas rien quand un parvenu pro sioniste si jeune s’identifie à un grand criminel de guerre comme George W. Bush dans un monde régi par le crime, la finance mafieuse et le mensonge politique.
Sarkozy est pro sioniste, nous ne le répéterons jamais assez. Ce qui veut dire qu’il cautionne le système colonial en Palestine même s’il appelle parfois au gel des opérations d’extension des colonies existantes parce que l’administration américaine a fini par admettre que la multiplication des colonies au-delà d’un seuil fera échouer ses plans d’un Moyen Orient pacifié chapeauté par la horde sioniste. Sarkozy n’a pas innové sur ce point, il n’a fait qu’imiter son idole et Condoleezza Rice pour ne pas fâcher ses « amis » les monarques pétroliers arabes envers qui il est redevable (argent pour son élection et marchés juteux). C’est aussi ce qui explique son opposition viscérale à ce que l’Etat républicain français face acte de repentance à l’égard de ses anciennes colonies. Le petit pro sioniste mi hongrois mi français estime que tomber dans la « démagogie » de la repentance reviendrait à condamner les colonies de peuplement en Palestine où des colons sionistes de France et de Hongrie sont confortablement installés sur des terres appartenant à des Palestiniens qui furent soit exterminés soit exilés et dont les descendants réclameront tôt ou tard la restitution par les armes puisque soixante années de revendications pacifiques n’ont rien donné parce que, sous le couvert de la société des nation (ONU) les grandes puissances militaires et économique étaient les vrais coupables de la spoliation de la Palestine.
Alors paraphrasons le poète Nègre assimilé Aimé Césaire qui assume courageusement l’héritage très lourd de ses ancêtres :’’- Ne touchez pas à notre passé d’esclaves. Ne souillez pas la mémoire de nos martyrs. Le système colonial n’a jamais rien eu de positif. Déforestation, extermination de la faune, destruction de la flore, pillage des richesses naturelles, analphabétisme, déculturation, dépendance technologique et scientifique, des charniers par milliers…’’
Ce sont là les quelques effets positifs du système colonial qui perdure encore dans certains pays où la généreuse république française, avant de partir sans vraiment partir, avait placé de féroces dictateurs qu’elle contrôle par le biais de ses bases militaires et de ses ambassades. Les Omar Bongo, les Idriss Déby, les Duvalier, les Bokassa, les Houphouët Boigny : protecteurs sanguinaires des intérêts français dans leurs pays respectifs…Chiens de garde biens nourris mais sous surveillance constante qui seront liquidés (exilés ou assassinés) et remplacés dès que leurs frasques et crimes deviendront trop compromettants pour l’image de marque du maître de l’Elysée (voir le cannibale Bokassa et le ‘’raffiné’’ Giscard d’Estaing pour une ridicule affaire de quelques pierres de diamant).
N’en déplaise aux historiens couchés, aux courtisans et aux mercenaires de la plume, du micro et de la caméra qui brodent sur commande et sans honte dans l’apologie du colonialisme parce que fils ou descendants de Bachaghas, de cadis, de caïds, de notables assimilationnistes que la France exhibaient comme des animaux curieux pour les besoins de sa propagande coloniale. Il est vrai que ces enfants « chanceux » n’avaient pas souffert des discriminations que subissaient plus de neuf millions sur dix millions de « français » du deuxième collège (les indigènes considérés non assimilables).
La vérité historique et la repentance sont des actes de haute moralité politique, culturelle, intellectuelle. Elles sont hors de portée des parvenus tels que le calculateur Sarkozy qui possède l’âme d’un spoliateur sioniste mais qui n’arrête pas de donner des leçons de bonne conduite à tout le monde. Il devrait méditer la grande et belle leçon d’humilité qu’a donnée la reine d’Angleterre à tous les Bush, à tous les Sarkozy, à tous les néocolonialistes du vingt-et-unième siècle, en demandant pardon aux descendants des indiens et des Nègres que le colonialisme avait exterminés ou réduits à l’esclavage. Elle n’a pas eu la lâcheté de renier un héritage de quatre siècles avec tout ce qu’il contient de bon et de mauvais. Elle a assumé pleinement les crimes commis par ses ancêtres alors que ni l’ONU ni les conventions de Genève ni la Charte Universelle des droits de l’homme ni le tribunal pénal international n’existaient. Et c’est en cela que réside le grand mérite de la reine. Or, la république française a perpétré les génocides les plus marquants de son histoire après sa formidable révolution de I789, après la condamnation des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité par le Tribunal International de Nuremberg en 1946 qui a statué sur des exactions d’une puissance spoliatrice datant de I939-I945.
Vu que les lois n’ont pas d’effet rétroactif, la France aurait dû être condamnée pour ses exactions dans ses colonies commises à partir de I939. Mais, en sa qualité de président en exercice de la république française Sarkozy n’a pas le droit moral de renier l’Histoire et de la falsifier. Il a le devoir moral d’assumer tout l’héritage de la république avec les actifs et les passifs. Il n’a pas le droit de dire qu’il n’était pas né quand le système colonial détruisait le continent et les peuples africains. Ce langage lâche et imbécile est permis à un citoyen ordinaire qui n’engage pas l’honneur de son pays. Il n’est pas permis à la plus haute autorité morale et politique du pays d’autant plus que des millions de mines antipersonnelles qui furent semées pendant la dernière phase de la guerre de libération (1954-1962) continuent de tuer en 2OO8 et que les chantiers de construction donnent souvent lieu à la découverte de charniers qui datent d’avant I962. Ce que des experts de l’ONU pourront confirmer après analyse.
De notre côté ne faisons aucune concession à ceux qui font du crime absolu contre l’humanité un acte honorable de civilisation. Certes, pour le moment notre parole ne porte pas aussi loin que la leur mais le temps viendra où la vérité sera au dessus de toutes les falsifications et de tous les mensonges politiques. L’important est de témoigner, de réagir à la manipulation de l’histoire, de participer aux débats. Même quand nous n’y sommes pas invités créons nos propres espaces et dénonçons leurs falsifications pour que les futures générations de chercheurs puissent travailler sur des bases crédibles.
MAHDI HOCINE
Le 5 Juillet 2OO8










































































































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