En décembre, les gens sont sorties légèrement vêtues, en juin ils circulaient emmitouflés dans de lourds manteaux. Constantine du 21e siècle a appris à vivre au rythme des sautes d’humeur des saisons qui jouent à saute-mouton. Ne boudons pas notre plaisir. Hier seulement, des agriculteurs se lamentaient. Aujourd’hui, ils se montrent plus optimistes. Les épis de blé ne seront pas à cent grains l’un. Mais ils donneront une récolte moyenne. C’est mieux que ce que tout le monde craignait avant cette tempête de neige si généreuse en eau. Ce matin, les enfants émerveillés sont sortis très tôt pour se rouler et gambader sur une neige vierge et cotonneuse. Ils sont déjà certains que les enseignantes seront absentes. La peur d’être bombardé par des jeunes misogynes ou masochistes qui mettent à l’intérieur des boules de neige des lames de rasoir, des bris de verre et des pierres, est suffisante pour justifier l’absence. C’est malheureux, mais nous avons vu à l’hôpital beaucoup de blessés dont une fille avec un œil crevé par une boule de… neige à la tempête précédente. Pour les travailleurs, la journée, a très mal commencé. Les bus sont paralysés tandis que les chauffeurs de taxi, agréés et clandestins, roulent des épaules. La nouvelle ville Ali Mendjli est isolée. Plus de cent minutes en voiture pour couvrir une très courte distance. Aussi, les épiciers qui vendent du pain affichent la mine des mauvais jours. Le pain est un produit d’appel. Quand il est disponible dans l’épicerie, les clients affluent et achètent beaucoup de choses avec le pain. Mais ce matin, les livreurs n’ont pas pu venir. Les routes menant vers Ali Mendjli n’ont pas été débloquées par les services de la voirie de l’APC. Ce qui fait que les boulangers de Zouaghi et du Khroub n’ont pas pu livrer le pain comme d’habitude. Comme de nombreux salariés n’ont pu se rendre à leur travail. Il a suffit que la neige couvre la ville et que l’APC tarde un peu à dégager les routes principales pour que des problèmes, risibles en d’autres temps, surgissent. Chaque fois ils reviennent avec la neige, perturbations du transport, pénuries de denrées de premières nécessité, pannes d’électricité, accidents stupides. Pourtant, nous ne sommes plus à l’âge des cavernes. Voici des décennies que l’homme moderne a appris à anticiper et prévenir, autant que faire se peut, les inconvénients dus aux intempéries et à l’enneigement qui sont annoncés à l’avance. Avant, chaque foyer disposait d’un petit stock de ravitaillement en prévision du mauvais temps et des impondérables. Aujourd’hui, quel est le salarié moyen ou petit qui peut épargner de quoi acheter un sac de semoule, un bidon d’huile et autres denrées essentielles pour affronter les rigueurs de l’hiver ? La faiblesse du pouvoir d’achat, l’inflation galopante et la spéculation mafieuse ne permettent qu’aux trabendistes et aux «élus» de se prémunir contre les mauvais jours. Quand les services de l’APC ne font pas leur travail au moment voulu, non, imposé par des circonstances données, la vie du citoyen se complique sérieusement. Les petits bobos deviennent très vite de graves problèmes. A quoi servent les «élus» s’ils ne sont pas capables d’épargner les complications aux citoyens dont les conditions de vie sont déjà assez compliquées.
La neige c’est beau, mais quand les autorités au niveau local ne mesurent pas l’importance de leurs responsabilités, la neige devient une dure épreuve pour les citoyens ordinaires.
Par Mehdi Hocine
La neige c’est beau, mais quand les autorités au niveau local ne mesurent pas l’importance de leurs responsabilités, la neige devient une dure épreuve pour les citoyens ordinaires.
Par Mehdi Hocine
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