Wednesday, December 06, 2006

Monde Point chaud La justice du plus fort Mahdi H.

La justice du plus fort
De toutes les réactions à chaud suscitées par la condamnation à mort de Saddam, la plus révélatrice est celle de l’un des avocats français du dictateur déchu.
Répondant aux questions d’un journaliste sur les ondes d’une radio périphérique(1), c’est sur le ton de l’indignation que Maître Philippe Ludau a révélé les dessous d’une parodie de justice dont le verdict fut décidé à la Maison Blanche, avant l’occupation de l’Irak. Voici quelques extraits de l’entretien :
«Bush et son staff avaient le choix entre deux options : soit cribler de balles Saddam à la première occasion pendant l’opération d’invasion, soit organiser un procès à l’issue duquel sera prononcée une condamnation infamante sans recours possible et évitant, bien sûr, d’évoquer les périodes du grand amour entre les maîtres de la Maison-Blanche et le sanguinaire dictateur.
C’est la deuxième option qui a été retenue. Les magistrats ont été formés en Amérique et encadrés par la CIA, spécialement pour ce procès. Ce sont des enquêteurs de la CIA qui ont fourni les éléments de base des dossiers. Tous les dictateurs méritent la mort. Mais le procès de Saddam restera une tâche noire dans les annales judiciaires du monde civilisé. Et, notez la bien, je considère que les Etats-Unis n’appartiennent pas au monde civilisé».
Le journaliste l’interrompt : - «Votre confrère, maître Clément, affirme que les juges ont travaillé en toute indépendance».
Maître Philippe Ludau réplique ! - «Mon confrère Clément est responsable de ce qu’il dit. Il de doit pas maîtriser le dossier. Moi j’affirme qu’il ne peut y avoir des juges indépendants en pays occupé. Des défenseurs de Saddam ont été assassinés, d’autres agressés et menacés de mort, d’autres encore interdits de plaider. Des témoins ont été persécutés par la CIA… L’ONU a dénoncé l’illégalité du procès. La présidente de l’Union européenne a lancé un appel pour un moratoire contre le verdict qui, dans les pays arabes est réservé aux criminels du droit commun. Le moratoire ne suffit pas…» Ce ne sont là que quelques passages de cet entretien que nous vous livrons.
Voici donc le «beau» visage de la plus grande démocratie du monde. Sur des dizaines de carnages, la CIA a fabriqué un dossier de telle sorte qu’il ne soit pas fait allusion à l’Angleterre et à la France, qui filaient le grand amour avec Saddam.
Et là, nous revenons obligatoirement au rôle de madame Carla Del Ponte et à l’utilité du Tribunal pénal international. Tous les dictateurs méritent la mort, soit. Mais la civilisation occidentale a créé des structures et voté des lois universelles pour une justice indépendante et équitable. Quand des avocats sont assassinés et d’autres dénoncent, avec preuves, la subordination, le doute n’a plus sa place. Bush a réclamé la tête de Saddam par voie judiciaire. Des magistrats lui ont donné satisfaction en violant toutes les lois. Sans réaction de Mme Carla Del Ponte… Forcément, nous accordons crédit aux propos de juristes comme M. Philippe Ludau et nous partageons leur indignation. Le procès de Saddam, c’est la victoire de la force et du crime contre la justice et toutes les valeurs humaines. Quant à Saddam, personne ne le regrettera. Le monde arabe en est plein.
Mahdi H.

http://www.lejourdalgerie.com/Editions/121106/Rubriques/Monde.htm

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