Thursday, March 19, 2009

Une Négresse dans la fosse des Blancs

Une Négresse dans la fosse des Blancs

C’est en militant dans l’humanitaire de l’apparat que l’actuel ministre des affaires étrangères français, transfuge d’obédience socialiste, s’est construit une juteuse carrière sur la scène de la politique au service de Mitterrand puis de celui de Sarkozy.
C’est en militant au sein d’organisations non gouvernementales de défense des droits humains que Rama Yade a retenu l’attention des barons de l’UMP qui étaient à la recherche de bons ‘’immigrés’’ intégrables pour essayer de mieux faire que le Front National et le parti socialiste en matière de métissage de leurs équipes d’encadrement et de gouvernement.
Premier couac :
Rama Yade s’était engagée comme dans une religion en faveur de la défense des droits humains et de l’égalité des chances pour tous les citoyens français sans discrimination. Elle avait foi en tout ce qu’elle faisait comme tous les jeunes étudiants qui entrent dans les combats qu’ils estiment justes sans calcul, corps et âme. Par contre son parrain, le docteur en médecine Bernard Kouchner n’avait pas cette innocence, cette pureté d’intention en prenant l’initiative de monter une association caritative ‘’médecins sans frontières’’ où ses apparitions très médiatisées, soigneusement mises en scène, très fréquentes (par exemple : un sac de riz sur une épaule en Somalie) lui valurent une grande popularité en France. Ce qui représente un bon tremplin pour un poste de député ou de ministre.
En devenant secrétaire d’Etat aux droits de l’homme grâce à l’intervention de Kouchner la belle Négresse est restée fidèlement attachée à ses convictions de militante. Elle est restée indépendante par rapport aux suggestions et aux pressions du sérail élyséen qui tendaient à brider sa fougue, son enthousiasme. Dans la fosse des Blancs c’est l’embarras. Ses parrains politiques qui voulaient faire d’elle, de Rachida Dati et de Fadéla Benamara les symboles de la réussite de l’ouverture de la droite plurielle à l’endroit des minorités maghrébines et africaines qui revendiquent la qualité de citoyen en droits et en devoirs de la part de l’Etat ne cachent pas leur colère.
En vue de calmer les esprits Sarkozy propose ou ordonne à la Négresse une position de tête de liste à la députation européenne. Rama Yade décline respectueusement l’offre : elle se sent plus utile en France, dit-elle, pour se soustraire à une disqualification enrobée d’or. Par contre Rachida Dati acceptera le fauteuil de député. Mais que pouvait-on attendre d’une politicienne qui a décerné le label de grands démocrates aux hordes sionistes sans le croire, juste pour plaire à Sarkozy son bienfaiteur et patron.
Branle-bas de combat autour de l’Elysée. Les carriéristes sont offusqués de l’indocilité de la Négresse « pistonnée ». Ils reprochent à celle-ci de désobéir à leur président-guide-éclairé qui jouit des prérogatives de nomination, de mutation, de mise au placard de ses ministres, exactement comme un patron d’une grande entreprise. Dans le lot des ulcérés c’est le grand opportuniste de l’« humanitarisme politicard » Bernard Kouchner qui a été plus bas et plus vilain que tous ses pairs. Il a crié à tous les micros qui daignaient rendre publique sa colère qu’il regrettait d’avoir conseillé à son président bien aimé de créer un secrétariat d’Etat aux droits de l’homme et d’y placer la Négresse. Il déclare apprécier la détentrice de la fonction mais pas la fonction. De son point vue un tel secrétariat est en contradiction avec la diplomatie de haut vol qui est souvent contrainte de plonger la tête dans les eaux dégoûtantes des compromissions et des reniements douloureux.
Entendez que les actions et les sorties intempestives de la Négresse empiètent sur le domaine du Blanc qui à la lourde charge de préserver les intérêts de la France à l’étranger. Ayant choisi de manier avec délicatesse la question des droits de l’homme auprès des monarques et des dictateurs du Tiers Monde qui font vivre les usines de l’industrie de l’armement obsolète en France Kouchner ne supportait plus les incartades très coûteuses en crédibilité et en négoce diplomatique. Comme la récession menace les riches et les pauvres ce n’est guère le moment de se montrer pointilleux.
Rama Yade avait scandalisé le sérail élyséen en critiquant l’accueil officiel d’El Ghaddafi à Paris. Elle n’a pas épargné son président qui avait déployé le tapis rouge en espérant faire signer à son invité de marque des bons de commande pour une somme de cinq milliards d’euros. Il va de soi que ni Sarkozy ni Kouchner n’ont encore digéré les propos mi acerbes mi moqueurs de l’indécrottable militante des droits humains qui a brisé les verrous du devoir de réserve qui commandent aux ministres de se taire quand le président de la république oublie ses responsabilités morales et républicaines :-‘’Taisez-vous ou allez-vous en si vous n’êtes pas contente’’-.
La négresse n’a eu ni la décence de se taire ni celle de partir.
Est-ce pure coïncidence si deux des trois femmes ‘’intégrées’’ dans le cercle présidentiel sont en ce moment dans l’œil du cyclone ? Mises à l’index, critiquées comme des chiffonnières, huées, visées par une insidieuse chasse aux sorcières Rama Yade et Rachida Dati sont peut-être à la croisée des chemins. La Négresse a gagné quelques mois de sursis à cause de l’imbécillité de Kouchner qui a reconnu sans honte que pour lui un gros marché d’armement obsolète fourgué aux arabes ou aux africains qui ont faim est préférable à la rupture des bonnes relations avec des dictateurs sanguinaires. Il le pensait, c’est très bien. Il n’aurait pas dû le dire sur la place publique. C’est la gaffe monumentale du grand diplomate qui place Sarkozy dans une situation inextricable : exclure ou muter la Négresse en ce cas ferait rire toutes les chancelleries occidentales.
L’expérience de Malek Boutin, bougnoule de faciès, basané, cultivé et naturalisé français, nous revient à l’esprit. C’était au sein d’un gouvernement socialiste. Malek Boutin devait symboliser l’ouverture du PS à l’endroit des minorités maghrébines et africaines qui basculaient dans la revendication violente à l’effet d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les systèmes sournois d’exclusion qu’ils subissent de l’école au marché de travail à cause de leurs origines et de leurs cultures.
Très vite le ministre Malek remettra son tablier parce on voulait qu’il fasse seulement de la figuration.
Il est bon de constater qu’il y a des jeunes afro maghrébins qui accèdent à de hautes responsabilités politiques en Europe et se font larguer parce qu’ils ont des idées à défendre et s’y accrochent sans concession en mettant leur avenir en péril. Tant pis si tous les Kouchner du sérail disposent d’assez d’influence pour briser leurs élans de battants et pour transformer en cauchemar leur rêve de faire la politique sans se renier.
Dans la fosse des Blancs Rama Yade la Négresse rayonne de cette sublime beauté de l’âme qui l’élève bien au dessus des marécages des hypocrisies et des petitesses des carriéristes. Elle restera le symbole de l’engagement sincère et de la fidélité à un idéal.
Assurément la perte de crédibilité des classes politiques carriéristes dans le monde entier est une opportunité pour toute la génération Malek Boutin, Rama Yade, de bousculer les caciques. Sans aucun doute cette génération biculturelle mettra l’intelligence, l’amour, l’honnêteté et la compétence au service d’une humanité qui est acculée à la désespérance par les Kouchner, les Bush, les Blair, les Sarkozy. Ceux-là assassinent la justice, l’équité, la paix en écrasant les forces productives et en s’entourant de carriéristes et d’opportunistes qui ont l’échine souple et le coup de brosse efficace.

Mahdi Hocine

Le 25 décembre 2008

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