Saturday, December 24, 2011

Sarkozy Erdogan : Le Point De Non Retour

-"Chaque pays doit faire l'effort de visiter son passé..."
C'est la réponse faite par Nicolas Sarkozy à Tayeb Erdogan qui a réagi en patriote à l'adoption de la loi qui condamne en France la négation du Génocide arménien.
Ce qui est écoeurant dans ce conflit franco -turc c'est que le monarque sans couronne français se croit permis d'user de l'Histoire et des mémoires collectives comme bon lui semble en période de pré campagne électorale mais n'admet pas qu'on le remette à sa place.
En 2005 Sarkozy s'est inventé un nouveau créneau électoraliste porteur. Il chassait sur les territoires poreux de Jean Marie Le Pen qui mobilise généralement les ultras de l'Algérie française, les colons, les nostalgériques. Pour caresser cette frange de frustrés dans le sens du poil Sarkozy et sa bande d'opportunistes ont inventé le curieux concept du "colonialisme positif". Ce n'est ni raisonnable ni intelligent mais il y avait un gain certain sur le plan électoral.
En quoi est positif un acte de spoliation qui est basé sur la négation de l'appartenance du colonisé à l'espèce humaine ?
En quoi est positif un système colonial qui ne peut perdurer que grâce à la déportation, l'aliénation, l'extermination d'une grande partie des indigènes et de la réduction à l'esclavage de l'autre partie ?
L'Hitoire des USA, de l'Autralie, de la Nouvelle Zélande, du Canada sont exemplaires. Ce qu'ont pu faire les envahisseurs européens dans cet immense continent avant 1700, ils ont bien essayé de le faire sur notre continent après 1800 (voir l'Afrique du Sud et la Rodhésie) mais les progrès des sciences humaines et surtout les guérillas ont faussé tous les calculs des colons spoliateurs et de leurs héritiers qui se comportaient comme les maître indétronables des lieux, des cieux et des indigènes traités en infra humains et en bêtes domestiques corvéables à merci.
Nous défions quiconque de nier la mise en esclavage des indigènes partout où des colons européens s'étaient installés par les armes avant 1900.
Nous pouvons dire à Nicolas Sarkozy qu'avant de critiquer les Turcs il doit d'abord régler le contentieux mémoriel avec les anciennes colonies françaises et qu'il ne suffit pas de nier des évidences* pour ce croire investi en donneur de leçon.
Cependant ne masquons pas des vérités bien douloureuses pour les Algériens qui s'opposent farouchement à la manipulation de l'Histoire et de la mémoire collective à des fins politicardes. Ne regardons pas ce que fait la France qui a honte de son passé avant de balayer devant notre porte.
Car le mal est chez nous.
En réaction à la montée du négationisme des crimes coloniaux en Algérie des députés algériens ont conçu et déposé un projet de lois criminalisant le colonialisme. Ce projet a mis en émoi la classe politique française. Des associations de colons, de nostalgiques de l'Algérie française se mettent en branlent, harcelant les élus à Paris et les médias. On aurait dit que cette fois c'est l'Algérie qui allait se lancer à la conquête de la France. Je suppose que l'indignation des nostalgériques en France a provoquer un repli du gouvernement algérien puisque le premier ministre Ahmed Ouyahia mettra le projet au frigo et le président de l'assemblée nationale algérienne Ziari informera des députés français que le dossier ne sera pas entériné en conseil des ministres ni discuté à l'APN. C'est l'élu socialiste de Montebourg qui vendra la mèche via les médias. Beaucoup de politiciens** français ont exprimé leur grande satisfaction de constater à quel point les Algériens se sont montrés raisonnables en privilégiant le commerce aux choses de l'Histoire.
Précisons que sur les deux volets des relations tendues franco -Algériennes c'est la France qui est gagnante. Si nous partageons nos achats entre l'Allemagne et l'Angleterre nous aurons des produits de meilleure qualité et nous économiserons jusqu'à 30 % de nos devises.
Entre temps les criminels estampillés OAS ont été réhabilités et qualifiés de brillants missionnaires de la civilisation occidentale en Algérie. Des stèles ont été érigées en l'honneur des colons et de leurs oeuvres "bienfaitrices" dans un pays (l'Algérie) qui était en friche et peuplé d'êtres primitifs en 1830.
A notre avis il faut remonter aux années 1980/1988 pour constater la première déviation flagrante à l'encontre de notre mémoire collective.
Chadli Bendjid avait amputé l'hymne national Kassamen avant de débarquer à Paris sur invitation du président socialiste François Mitterrand (le ministre de l'intérieur qui avait ordonné et couvert l'assassinat de Larbi ben M'hidi). Vous devinez le couplet qui a été guillotiné pour ne pas froisser les nostalgériques : celui qui qualifie la France de spoliatrice.
Ensuite Bouteflika a pardonné à Sarkozy d'avoir initié la loi du 23 février 2005 pour acheter les bulletins de vote des anciens colons et des ultras de l'Algérie Française.
Mais il y a tellement de non -dits et de choses pas claires derrière le renoncement des dirigeants Algériens pour ne pas chagriner les gouvernants français. Il se dit des choses inavouables, incontrôlables, incroyables. Attendons la prochaine ouverture des archives en France pour savoir pourquoi les Algériens ne font pas respecter la mémoire de nos martyrs pendant que du côté français on n'arrête pas de triturer l'Histoire à la convenance du caporal du moment et de ses marchandages électoralistes sur le sang de nos millions de morts recensés entre 1830 et 1962.
Nous n'avons nullement besoin que la France demande pardon.
Qu'elle cesse de manipuler l'Histoire et d'en faire "cycliquement" un enjeu électoraliste, c'est tout ce que nous demandons.
Les Historiens consciencieux ont tout dit sur les crimes abjects du colonialisme sur les cinq continents.
Aucun politicard ne saura refaire l'histoire.
Quant au conflit franco-turc qui oppose Sarkozy et Erdogan il tombe à point pour secouer les consciences poussiéreuses. On ne vend pas le sang et la chair de 1 millions et demi de Martyrs à un prix aussi vil que quelques opérations commerciales qui ne profitent pas au pays mais à quelques opportunistes du sérail. Loin de nous les gesticulations du nationalisme étroit qui est allé d'un échec à l'autre de 1962 à ce jour. Mais nous pensons que les renoncements ne doivent pas se faire indéfiniment d'un seul côté.
Hocine Mahdi
Le 24 décembre 2012
*) Sarkozy a nié dernièrement que la France ait perpétré des massacres en Algérie
**) Raffarin, Juppé, Guéant et bien d'autres ministres et barons de l'UMP.

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