Monday, September 13, 2010

Livre cherche éditeur amoureux de Cirta

    Constantine :

   "Splendeurs et Délabrement’’



                   
                 Avant propos

Voici un entretien que j’ai accordé en 2009 à trois journalistes à propos de mon dernier ouvrage sur Constantine intitulé ‘’Constantine 1970 – 2009 : . Cet entretien a été censuré par les directeurs de rédaction (patrons de deux journalistes), mais l’un des journalistes n’a pas remis sa copie sachant à l’avance qu’il ne sera pas publié parce qu’il lui a semblé dur. Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive avec des journalistes qui voudraient bien m’interviewer mais se tracent des limites à ne pas franchir (autocensure par réflexe). Le 11 Août 2010 j’ai eu la surprise de lire l’un de mes entretiens dans un journal, soit plus de cinq ans après son enregistrement. Les fidèles lecteurs de ce journal spécialisé dans le domaine culturel ont dû se poser bien des questions par rapport au décalage de l’entretien avec l’actualité.
Dommage !
Si le journaliste avait repris contact avec moi avant de le proposer à son nouvel employeur cet entretien aurait gagné en épaisseur car en plus de cinq ans d’intervalle tant de choses peuvent arriver et tant d’autres peuvent changer. Malheureusement la rédaction n’a pas communiqué au lectorat la date d’enregistrement de l'entretien. D’où l’apparent décalage dont je ne suis aucunement responsable tout en assumant entièrement mes déclarations qui furent livrées aux lecteurs plus de cinq ans après ma rencontre avec le journaliste.
Pour ce qui concerne ‘’livre cherche éditeur amoureux de Cirta’’ j’ai décidé de publier l’entretien une année après qu’il fût censuré par des directeurs de rédaction qui ont leurs raisons, lesquelles raisons ne sont toujours pas admissibles dans un pays où la lutte pour la liberté d’expression et l’indépendance de la justice demeurent vivaces et continuent de mobiliser toutes les forces vives de la nation.
Mahdi HOCINE
Septembre 2010
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                                   Livre cherche éditeur amoureux de Cirta

Question : Vous êtes né à Constantine. A votre âge et avec le recul quel regard portez- vous sur l’évolution de la ville ?

Réponse : Il n’y a pas un seul regard, il y a des regards. Le regard du cœur est rempli de douleurs et de déceptions. Le regard du citoyen est en révolte permanente. Le regard de l’intelligence est pessimiste et sévèrement critique. Constantine est un gros douar où se conjuguent tous les archaïsmes.

Question : Dans votre dernier livre ‘’Constantine Splendeurs et Délabrement’’ vous procédez sans complaisance aucune à une véritable mise à nu de l’état de délabrement de la ville et vous situez les responsabilités des uns et des autres. Est-ce pour autant la raison du refus des éditeurs de le publier ?

Réponse : Vous ne pouvez jamais connaître les raisons du rejet de votre manuscrit quand vous êtes un auteur peu connu. Souvent ce n’est pas la qualité de l’ouvrage qui est en cause. Je vous cite un exemple très récent : un poète constantinois, de la génération de Malek Haddad mais très peu connu malgré un talent indiscutable, s’est adressé à deux éditeurs à Alger et à Oran qui ont déjà publié des dizaines de titres de bonne facture. L’éditeur d’Alger s’est plaint du risque de mévente et celui d’Oran a exigé de l’auteur une grosse participation financière. Ce sont pourtant des poids lourds dans le monde de l’édition en Algérie. Finalement c’est un éditeur français qui a publié l’oeuvre. Celle-ci fut saluée par la critique ici et en France. Quant à mon livre il dérangera à coup sûr la cohorte des médiocres et des incompétents dans la mesure où les nombreuses photographies qu’il contient accusent avec plus de violence que les textes et désignent les coupables sans que nous ayons besoin de les nommer. En elles-mêmes les photos constituent des preuves irréfutables contre la mauvaise gestion et les magouilles qui sont très difficiles à démontrer par d’autres moyens sur le plan juridique. Les éditeurs en Algérie ne sont pas encore arrivés à l’étape de poser des questions d’actualité avec le minimum d’engagement citoyen pour la chose publique. Il y a chez eux une grande frilosité quand il s’agit d’investir sur un auteur peu connu dont l’ouvrage est rugueux. Parfois ils se transforment en censeurs plus rigides que les ministres de l’intérieur et de l’information. Or mon livre est un acte militant pour Constantine et son patrimoine historique, archéologique et culturel. Des femmes et des hommes, administrateurs et élus, ont été nuisibles pour Constantine. En ma qualité de citoyen engagé (je n’ai pas honte de le dire) j’ai estimé de mon devoir de témoigner. Je l’ai fait en diverses occasions et je continuerai de le faire jusqu’à mon dernier souffle contre l’incompétence et le parasitisme qui ont fait impunément beaucoup trop de mal à la ville et au pays.

Question : Pourquoi ce livre et pourquoi aujourd’hui ?

Réponse : Et pourquoi pas cent livres sur Constantine et sur son patrimoine ? Il y a tellement de bonnes et de mauvaises choses à dire et à entendre pour que nous puissions comprendre et avancer dans le bon sens. En ma qualité de citoyen que la nature a doté d’un minimum d’intelligence, de lucidité et de la faculté d’analyse je n’ai jamais ressenti un besoin aussi fort de crier ma colère que l’on ne cesse de provoquer et d’attiser. Le ‘’on’’ que je viens d’utiliser regroupe les walis, les pseudo élus, les cadres dirigeants de la DUCH-DLEP, la direction et le staff de l’urbanisme, et tous les membres et les représentants de l’autorité locale qui ont pour fonction d’œuvrer pour le bien-être des citoyens. Très souvent pseudo élus et commis de l’Etat plastronnent au forum de Cirta FM face à des journalistes locaux qui ne se sentent pas en droit de poser certaines questions et ne vont pas sur le terrain. Ceux qui représentent les autorités et l’administration locales abordent les sujets avec suffisance, arrogance et mauvaise foi. Certains d’entre-eux mentent effrontément. Ils nous donnent l’impression qu’ils vivent sur une autre planète à des années lumière de ce qu’endurent les citoyens à cause de leur gestion archaïque, voire mafieuse de la ville. Leur mauvaise foi est tellement évidente que parfois l’animatrice du forum réagit avec brutalité en posant les vraies questions ; celles que les journalistes n’osent pas mettre sur le tapis par réflexe d’autocensure. C’est à ces rares moment de vérité que les auditeurs ordinaires découvrent que les pseudo élus et les gestionnaires parlent de choses qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’ont aucune compétence pour assumer correctement les fonctions dont ils ont la charge. Aux questions pertinentes des auditeurs (en direct par téléphone) les pseudo élus et les administrateurs de la ville répondent évasivement ou avec redondance, prennent des engagements qu’ils ne respecteront jamais ou contournent le sujet. Depuis une dizaine d’années ils se vantent d’avoir consacré des dizaines de milliards à d’importantes réalisations. Or si nous prenons le banal exemple des routes et des trottoirs à l’intérieur et à la périphérie immédiate de la ville nous constatons que des sommes faramineuses ont été dilapidées dans des ouvrages qui deviennent impraticables quelques semaines à peine après leur inauguration. Pour moi, dans ce cas, l’entrepreneur malhonnête est moins coupable que les autorités qui ont supervisé, réceptionné et payé des travaux non conformes au cahier des charges. Car une route construite selon les normes a une durée de vie minimale de 30 ans. Si elle est entretenue dans les règles elle restera utilisable pendant des siècles. Je n’exagère pas. Trois facteurs sont à l’origine d’accidents mortels en Algérie : l’imprudence, la pièce de rechange Taiwan et le mauvais état des routes.
C’est pour cela que j’ai pris ce premier exemple. Oui la municipalité et la wilaya dépensent énormément d’argent dans des réalisations de très mauvaise qualité qui sont surfacturées. Qui profitent de cet argent en plus de l’entrepreneur et des commis de l’Etat chargés du suivi et de la réception des ouvrages ? La semaine dernière j'ai fait publié sur El Acil la photographie d’une piscine qui est à l’abandon depuis 2002. Hier seulement j’ai revisité cette piscine par réflexe professionnel. Pourquoi l’a t-on construite ?
Qui est responsable de son abandon ?
Personne !
Déjà le choix de son emplacement est une faute très grave qu’un urbaniste bien formé et consciencieux ne peut pas commettre. Elle est au centre d’une dizaine d’immeubles. En principe elle devait être couverte pour ne pas causer des nuisances morales et matérielles au voisinage. Même en Europe les piscines situées dans les cités sont couvertes. Par-dessus tout on ne construit pas un aussi important équipement qui répond à un réel besoin de la jeunesse (sport et loisir) pour l’abandonner aux mauvaises herbes.
A ce propos je suis allé voir le maire. Il m’avait reçu sans protocole mais dès que j’ai étalé sur son bureau les photographies qui dénoncent l’incurie des gestionnaires de la ville il s’était rappelé qu’il avait un rendez-vous urgent avec le wali. Il avait fui l’entretien en me promettant de me recevoir un autre jour. Le lendemain j’ai remis la photographie à un journaliste d’El Acil. Elle sera publiée avec un commentaire acerbe mais ni le wali ni le maire ne feront rien pour limiter les dégâts. C’est l’un des nombreux crimes économiques que la cour des comptes néglige.
L’Etat débloque des budgets spéciaux pour les équipements lourds mais il n’en contrôle pas l’usage et l’on s’étonne que l’argent soit dilapidé et aille dans la poche d’administrateurs véreux par le biais de la surfacturation.
Un troisième exemple : le parking de la rue Zamouche Ali. Il aurait dû coûter moins de 20 milliards. Plusieurs années de retard dans sa réalisation sans raison valable se solderont par un surcoût exorbitant : soixante sept milliards ; c’est-à-dire de quoi construire 4 parkings identiques s’il avait été achevé dans les délais.
Voici comment on dilapide l’argent du pétrole et l’on s’en vante avec l’arrogance des nouveaux riches qui n’ont fait aucun effort, sinon celui de courber l’échine, pour amasser des fortunes colossales tout en semant la misère dans le pays. Quand les mauvais gestionnaires présentent leur bilan d’activité annuel ou quinquennal personne en haut lieu ne leur demandera pourquoi le parking a coûté le prix de quatre équipements équivalents, pourquoi les routes neuves deviennent impraticables à peine livrées à la circulation, pourquoi construire une piscine et ne pas la mettre au service des enfants qui n’ont pas les moyens d’aller à la mer ?
C’est l’origine des fléaux dont souffrent Constantine et ses habitants. L’arrogance des responsables, pseudo élus et commis de l’Etat, qui ne font pas correctement leur travail et se prennent pour le nombril du monde me révolte. Dans un pays de droit le cas de la piscine et celui du parking auraient incité les magistrats d’ouvrir des enquêtes. Dans notre pays qui est pourtant doté de tous les mécanismes d’un Etat de droit, sur le papier, on ne punit que les citoyens et les journalistes qui dénoncent avec preuves ou non l’incurie des gestionnaires, des pseudo élus et des administrateurs. Chez nous il y a un concept qui déculpabilise les hauts commis de l’Etat, les pseudo élus et les gestionnaires : responsables mais pas coupables.
Le crime économique impardonnable, les abus sociaux, la dilapidation consciente de l’argent public sont considérés au pire comme une simple bévue. Cela va bien au delà de la marge d’erreur raisonnablement admise en matière de gestion. Une route nouvellement construite qui se déchire, s’affaisse et s’enfle en divers endroits en quelques semaines n’est pas, ne peut pas être une erreur pardonnable. C’est une escroquerie sur la qualité du produit que les lois de notre pays punissent sévèrement.
Les coupables sont facilement identifiables mais c’est l’administration qui ferme les yeux sur des malfaçons qui seront à l’origine d’accidents mortels et handicapants pour des centaines d’usagers. Hôpitaux, écoles, immeubles, mosquées, piscines, ponts, routes, rien n’est épargné par l’escroquerie des entrepreneurs qui s’appuient sur la complicité de cadres de l’administration qui ont la lourde charge de superviser et de réceptionner les réalisations suivant un cahier des charges stricte.
Cela m’interpelle et me révolte car cela constitue un chèque à blanc offert aux médiocres, aux incompétents et aux mafieux. Oui à l’erreur dans une limite raisonnable. Non à la mauvaise gestion et à la magouille. Les textes et les photographies que contient le livre mènent vers les coupables. Seul un éditeur courageux et vraiment amoureux de Constantine le publiera car je dis des vérités qu’il n’est pas bon de dire tant que les médiocres, les incompétents et les mafieux tirent un grand profit des malheurs de la ville et de la passivité des citoyens. J’ai un infime mais tenace espoir de trouver en Algérie un éditeur qui prendra le risque de faire œuvre utile comme moi j’ai pris le risque d’investir dix ans de ma vie dans ce travail en sachant que chez nous le livre a très peu de place dans la vie du citoyen qui est condamné de se battre pour survivre.

Question : L’aspect le plus frappant dans une ville et, sans doute, le plus apparent c’est celui de son urbanisme et de son organisation. C’est ce qui se dégage d’ailleurs au prime abord de votre ouvrage.

Réponse : La ville n’est pas seulement un cadre de vie. C’est un ensemble de valeurs matérielles et abstraites qui crée un lien charnel et intime entre le natif et le résident et leur environnement. Je parle de Constantine comme d’une très belle fille qui a été mariée successivement à des hommes frustres, négligents, bêtes, méchants, insensibles à la beauté, ne sachant pas apprécier les besoins d’une plante fragile qui exige des soins constants pour conserver son charme. Je désire faire quelque chose pour protéger cette très belle fille que j’aime.

Question : Abordez-vous les autres aspects qui ne sont pas de moindre importance tels que la gestion, l’organisation, la culture, l’art, les rapports sociaux etc. ?

Réponse : Naturellement ! Le livre est un regard panoramique sur une ville qui a connu une terrible régression dans tous les domaines. Paradoxalement c’est l’incivisme des pseudo élus et des administrateurs locaux qui a contaminé une bonne partie des citoyens.
Ce sont les photographies qui parlent. Elles disent la dégradation de nos valeurs morales, culturelles, cultuelles et sociales. Leur langage est très dur. Je l’ai dit au début de cet entretien : je témoigne, un pincement au cœur, sur la vague d’immoralité qui nous submerge.
Quelque part la chaîne sociale s’est brisée, nous nageons à contre courant, nous avons peur de la lumière, nous prenons plaisir à piétiner les roses et à voir la laideur dans la beauté. Sous nos fenêtres s’entassent des montagnes d’ordures et nous restons passifs, indifférents. C’est là le signe le plus criant de notre régression culturelle et sociétale.
En 1993 j’en ai parlé dans une conférence à Constantine. Des intellectuels, dans le sens algérien du terme, s’étaient moqués de moi et m’avait traité de nostalgique. Voyez où nous en sommes aujourd’hui.
Je décèle un rapport très fort entre les ordures et l’immoralité. Quand on n’est pas dérangé par la saleté de notre cadre de vie on ne peut pas être honnête, on ne peut pas être consciencieux.
Oui je suis nostalgique d’une période où les quartiers arabes étaient plus propres que les quartiers des colons parce que l'hygiène est une de nos valeurs culturelles et cultuelles. Et pourtant nous portions tous des vêtements usés et nous avions presque toujours faim. Mais étions propres et nous ne jetions pas nos ordures sous les fenêtres de nos voisins.

Question : On connaît à travers vos écrits : récits, poèmes, articles de presse la plume acérée de Mahdi Hocine. Apparemment ce nouveau livre n’échappe pas à la règle.

Réponse : J’essaye d’être le plus près possible de la réalité qui dépasse la fiction chez nous. Mais quand je parle de Constantine et de la bêtise humaine qui en a fait un gros bidonville j’écris avec mes larmes et mon sang. Je m’implique totalement. Je deviens le poète qui trempe sa plume dans du cyanure avec l’espoir d’empoisonner les médiocres, les incompétents, les parasites et les opportunistes qui ont rabaissé l’Algérie en dessous du Gabon de Omar Bongo.
Je semble excessif mais je ne le suis pas. Nous avons les potentialités humaines et les capacités matérielles de dépasser l’Espagne mais les médiocres, les incompétents, les parasites et les opportunistes nous barrent le chemin du progrès.
Quel langage employer quand vous vous adressez à des hommes très intelligents mais sans cœur, sans conviction, sans foi, sans loi parce qu’ils ne croient qu’en un seul Dieu, le plus mauvais de tous : le Dieu ‘’Dollareurodinar’’ ?
Ces hommes agissent mal parce qu’ils se sentent solidement protégés. Ils ont plus peur d’un journaliste indépendant que d’un magistrat.

Question : Au-delà du constat et de la critique Mahdi Hocine soulève t-il un débat de fond ?

Réponse : le livre ‘’Constantine Splendeurs et délabrement’’ n’est pas seulement un constat. En plus d’être un cri de colère c’est un diagnostic minutieux qui va des causes aux effets et propose des solutions. Le constat tout le monde l’a fait, du simple citoyen à la plus haute autorité du pays. Ne manque que la volonté politique d’éradiquer la pandémie, car c’est bien d’une pandémie qu’il s’agit. Par conséquent même si vous proposez des solutions adéquates elles seront rejetées pour la simple raison qu’elles remettent en cause le choix des hommes aux postes des lourdes responsabilités publiques.
Tous les problèmes de gestion mauvaise ou mafieuse de la chose publique en Algérie sont la conséquence directe de ce choix. Quand vous confiez le pilotage d’un avion à un conducteur de pousse-pousse vous ne pouvez pas espérer des miracles.
J’ai vécu cela dans d’importantes sociétés nationales.
Un manœuvre sans qualification a été bombardé chef d’une section hygiène et sécurité dans un dépôt de vente en gros de peinture et de produits chimiques hautement inflammables. Il ne savait pas utiliser l’extincteur mais il était vice président de la section UGTA de l’entreprise et entretenait de bonnes relations avec le directeur.
A l’inverse un titulaire d’un doctorat en physique recruté par la même entreprise sur injonction ministérielle était parqué dans un bureau sans aucune charge de travail : acte de présence contre un salaire hors cadre. Sa principale occupation était d’aider le proposé au téléphone. C’était pour passer le temps. Aujourd’hui il est directeur de département d’un célèbre centre de recherche en Europe.
Si vous chercherez bien vous trouverez des milliers de cas qui démentent le slogan le plus comique de la décennie noire ‘’l’homme qu’il faut à la place qu’il faut’’.
Le système de cooptation est un virus qui ronge toutes les institutions du pays, d’où le règne de la médiocrité, de l’incompétence et de la mafiocratie qui ravage le pays. Trouvons un antidote à ce virus et nous gagnerons le défi du développement. Plus de 90 % des problèmes seront réglés.
Le livre ‘’ Constantine Splendeurs et délabrement’’ dénonce, interpelle, désigne les coupables qui sans être nommés se reconnaîtront. Il pose des questions aux décideurs qui voient le mal et ne font rien ou fuient leurs responsabilités parce que notre « démocratie spécifique » n’autorise pas le citoyen de sanctionner par les urnes les mauvais élus. Quant au débat de fond ne soyons pas utopistes. Nous l’attendons depuis le coup d’Etat de Ben Bella contre Benkhedda. Les verrous du système politique algérien sont inviolables.
Cependant continuons de poser des questions et témoignons, écrivons, parlons, c’est utile dans cette conjoncture où toutes les initiatives porteuses d’espoir sont ignorées, méprisés, voire rejetées. Car le silence représente un grand danger pour le pays.

Question : Comment est venue l’idée de ce livre ?

Réponse : Imaginez que vous ayez fui le pays dans les années soixante-dix parce que votre métier de journaliste vous exposait à des représailles. En 2000 vous revenez à votre ville natale. Au cours de votre première promenade vous passez d’une mauvaise surprise à l’autre. Le lendemain vous vous munissez d’une caméra et d’un appareil photographique pour tout filmer et photographier. Ensuite vous visionnez l’ensemble en ayant à l’esprit Constantine telle que vous l’aviez vue depuis votre enfance et telle que vous auriez souhaité la revoir après trente années d’exil forcé ou d’absence volontaire.
Vous subissez un choc d’une violence inouïe.
De nombreuses questions vous assaillent. Aussitôt vous vous mettez à chercher les réponses. Vous croyez connaître votre ville et vous découvrez qu’elle est devenue un immense bidonville.
C’est le cheminement que j’ai voulu donner au livre ‘’Constantine : Splendeurs et Délabrement’’. C’est à travers les photos, des commentaires, des retours au passé que je stigmatise la bêtise et la cupidité de tous ceux qui ont fait de Constantine un océan de gourbis.
La démarche est inhabituelle. Mais indéniablement le sujet mobilise. Pour preuve il est rarissime que la chaîne III consacre quelques minutes à un manuscrit qui n’a pas encore trouvé un éditeur. Cette fois elle l’a fait justement parce que le traitement du sujet est inhabituel. C’est vraiment par hasard que la journaliste de la chaîne avait vu le manuscrit. C’était une bien agréable surprise, surtout venant d’une professionnelle qui ne me connaissait pas.

Question : Revenons à Constantine. Si on vous demanderait de proposer des solutions au lieu de critiquer que diriez-vous ?

Réponse : Ils ont la solution. Mais les hommes qui sont en mesure de faire du bon travail n’ont pas leur place dans la sphère de la décision et du contrôle.
Des centaines de propositions faites par d’éminents urbanistes dorment dans des tiroirs. Les hommes de terrains efficaces ont été découragés par les bureaucrates – bourreaucrates et ont fui le pays. Mercredi passé j’ai rencontré un cadre du bureau d’études chargé de superviser les travaux du viaduc de Constantine. Ce cadre travaillait à Bahreïn. Pendant sa visite à ce pays le président Liamine Zéroual avait organisé une réception en l’honneur des algériens installés dans les pays du Golfe. Il a eu une brève discussion avec le cadre en question. A un moment donné de la discussion Zéroual a eu les yeux rempli de larmes et s’est écrié :’’-Pourquoi avez-vous abandonné le pays entre les mains des médiocres, des incompétents, des parasites et des mercenaires. Revenez et aidez-nous à sauver l’Algérie de la mafia. Sans votre savoir-faire nous sommes des couffins sans anse -’’.
Zéroual avait très vite compris que pour sauver le pays il faut impérativement ouvrir les centres de décision et de contrôle aux compétences avérées qui ont été marginalisées par les rentiers du système. Dès son installation à la tête de l’Etat Boudiaf avait commencé à faire comme Zéroual. On l’a assassiné dans une terrifiante mise en scène télévisée en direct dans le monde entier.
La solution est simple mais irréalisable.
Sans une très forte volonté de changement nous continueront de régresser car des réseaux inextricables de groupes d’intérêts s’opposent farouchement à un changement qualitatif. Tout ce qui intéresse ces réseaux c’est l’argent du pétrole. Pour eux le citoyen c’est du vent et le pays c’est le Sahara uniquement.

----------------------------------- FIN DE L'ENTRETIEN--------------------------

Photos Mahdi Hocine

Troisième photo :
Un parking qui a coûté le prix de quatre ou cinq parkings selon les prévisions initiales. Retard injustifiable, surfacturation, malfaçons. Qui demandera des comptes et à qui ? Pourtant les coupables sont connus : les responsables du projet qui n’ont pas été rigoureux dans le suivi des travaux et l’entrepreneur qui n’a pas respecté les prescriptions du cahier des charges. En Septembre 2010 le chantier est loin de la phase d’achèvement.
Qui peut nous répondre à ces questions ?
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Première photo :
Toutes nos routes perdent leur goudron et sont totalement crevassées quelques semaines après leur inauguration ou leur réfection.
Pourquoi ?
Qui contrôle et réceptionne les travaux ?
Un ingénieur de compétence ?
Un agent de bureau ?
Un cumulard de fonctions associé de l’entrepreneur non qualifié et malhonnête ?
Un monsieur 28% ?
Les mêmes questions se posent en ce qui concerne les trottoirs.
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Deuxième Photo :
Une piscine à l’abandon -2000/2012-
Combien a-t-elle coûté au Trésor public?
En 2012 la situation a changé de mal en pire.
Qui est coupable de ce crime économique ?
P E R S O N N E E E E E E ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
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Hocine Mahdi 

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